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John Belushi : La folle et tragique vie d’un Blues Brother

Pour débuter cette nouvelle saison d'actus ciné sur Lille La Nuit, nous avons choisi de vous parler d'un ouvrage consacré à l'acteur américain John Belushi - né le 24 janvier 1949 à Chicago, mort le 5 mars 1982 à Hollywood - dont la puissance comique était démentielle. Cette tornade balaya tout sur son passage dans le show mythique Saturday Night Live et des films devenus cultes tels American College, 1941 ou The Blues Brothers.

Le nom de Belushi ne dit peut-être pas grand chose aux plus jeunes d’entre vous. Raison de plus pour se procurer toutes affaires cessantes la biographie parue chez Capricci, un éditeur spécialisé dans le cinéma, et dont nous avons déjà chroniqué une autre parution : Comment j’ai terrifié l’Amérique, l’autobiographie de l’un des papes de la série B, William Castle .

Sorti aux Etats-Unis en 1984, John Belushi La folle et tragique vie d’un blues Brother, n’avait pas connu jusqu’à ce jour l’honneur d’une parution française. C’est une véritable injustice qui est désormais réparée tant l’ouvrage s’avère absolument indispensable pour tous les amateurs de l’acteur, mais aussi les autres ; ceux qui veulent en savoir un peu plus sur une époque désormais quasi révolue à Hollywood.

Déjà, l’auteur du livre n’est pas n’importe qui ! Il s’agit de l’un des journalistes les plus brillants de ces cinquante dernières années, Bob Woodward, connu pour avoir fait exploser l’affaire des écoutes du Watergate, en compagnie de son collègue Carl Bernstein. L’histoire eut même droit à une transposition cinématographique par le cinéaste Alan J. Pakula, avec Les Hommes du Président, un grand thriller politique comme Hollywood savait en faire dans les seventies. A l’écran, Carl Bernstein était interprété par Dustin Hoffman et Bob Woodward par Robert Redford. Excusez du peu ! Woodward, reçu également par deux fois le prix Pulitzer, sans doute la récompense la plus prestigieuse dont puisse rêver un journaliste.

C’est dire le sérieux, la minutie, le travail de fourmi fourni, qu’on devine à la lecture de cette bio de 504 pages. Il est d’ailleurs précisé que Woodward a interviewé plus d’une centaine de personnes ayant connu ou approché Belushi afin d’être le plus complet et précis possible sur la vie de l’artiste. Dans le livre, on croise le complice de Belushi Dan Aykroyd, son frère James Belushi, (également acteur), le cinéaste français Louis Malle - avec lequel il fut envisagé un projet de film -, Robert De Niro, Robin Williams mais aussi beaucoup, beaucoup d'autres...

On ne dévoilera pas trop dans ces lignes le contenu de l’ouvrage pour ménager l’émotion et les surprises qui vous attendent tout au long de sa lecture. Ce que l’on peut dire en revanche c’est que si Woodward n’était pas vraiment fan de l’acteur au départ - qu’il traitait ici pour l’une des premières fois d’un sujet non politique - on sent qu'il s'est vite passionné pour Belushi. C'est à la suite d'un appel de la belle-soeur du comédien que Woodward décide de se lancer dans l'entreprise. Outre le fait de nous faire découvrir les multiples visages de l'acteur, l'auteur dresse le brillant portrait d’une époque, d’une Amérique qui entre de plein pied dans l’Ère-Reagan, avec son exubérance, sa vulgarité, son opulence, son capitalisme forcené. Mais Hollywood n'est pas en reste puisque Woodward nous fait pénétrer dans des fêtes dignes de Gatsby le Magnifique, où l'alcool circule dans chaque gosier, la drogue dans beaucoup de narines et autres orifices.

La came, justement, parlons-en ! Elle est omniprésente tout au long du bouquin. Simplement car elle fut au cœur de toute la courte vie (33 ans) de John Belushi. Tout y passe : cocaïne, herbe, quaaludes, LSD… C’est simple, Belushi était un véritable aspirateur. Il fut même obligé d'engager un garde du corps pour surveiller sa consommation de drogues. Il faut bien avouer qu’à une ou deux reprises, on a envie de refermer le livre pour ne plus le rouvrir. On n’a pas forcément envie d’assister à une telle auto-destruction. Belushi n’avait aucune limite, était persuadé d’avoir besoin de la dope pour avancer, qu’elle lui faisait pousser des ailes. De plus, il avait un appétit pantagruélique et ingurgitait des quantités inhumaines de nourriture. En fait, on découvre assez vite que ce jeune comédien (d'origine albanaise du côté de son père) était malheureux, angoissé, mal à l’aise, victime de la terrible pression que doivent subir les personnalités, star du petit et grand écran, mais aussi de la chanson et du rock. Comme on en attendait trop de lui, il devait sans cesse se surpasser. Ce qu'il faisait en vivant dans un stress terrible et jusqu'à l'épuisement.

On découvre ainsi des moments terrifiants et bouleversants de sa vie comme lorsqu’il restait prostré dans son car-loge, pleurant comme un enfant ne pouvant affronter un monde trop dur, celui des adultes, auquel il ne semblait pas vouloir appartenir.

Mais tout au long de ces pages, on n’est pas seulement attendri par Belushi. La grande force du bouquin est de ne pas nous offrir, on l’aura compris, un récit hagiographique. Woodward ne lui fait pas de cadeau. Et il a bien raison tant sa démarche est de s’approcher au plus près de la vérité. Belushi pouvait être émouvant certes, attendrissant, mais également abominable avec son entourage : hurlant sur les gens, les traitant comme de véritables sous-merdes, se comportant comme une Diva, tournant le dos aux copains, reniant quasiment son passé, mettant en péril des tournages comme The Blues Brothers, 1941 ou Les Voisins. Les cinéastes John Landis, Steven Spielberg et John G. Avildsen doivent encore s’en souvenir. Mais ne s'agissait-il pas également d'une façon aussi de se préserver ? N'apprend-on pas dans le livre que Belushi fut très mal accueilli par son partenaire et réalisateur Jack Nicholson sur le film  En Route vers le Sud ? Il semble que Belushi en fut meurtri jusqu'à la fin de ses jours.

Heureusement, le livre ne se focalise pas uniquement sur les dérives de l'acteur. Il fait le point également sur ce que Belushi a amené de neuf dans la comédie. On découvre son professionnalisme, son génie, sa folie, sa capacité créatrice de chaque instant.

C'est dans ces moments que John Belushi la folle et tragique vie d’un blues Brother, passionne le plus. Woodward a la capacité de rendre extrêmement vivants tous les délires créatifs de l’artiste.

Hélas, on ne peut réécrire l’histoire. Trop fragile, Belushi meurt d’une overdose dans un bengalow du Château Marmont de Los Angeles, le 5 mars 1982. Comme beaucoup de grands génies de l’entertainment, la vie de Belushi fut un feu de paille, une comète. Lire cet ouvrage après avoir vu Amy (auquel nous avons consacré un article) ou The Rose (article également sur Lille La Nuit) remet un peu les pendules à l’heure. Car derrière le rêve, le luxe, la fortune, la vie parfois facile, survendus par les magazines people, se dissimulent souvent des tragédies qu’aucun être humain ne peut endurer.

John Belushi la folle et tragique vie d’un blues Brother est un grand document sur Hollywood, l’industrie du cinéma et du show-business. Voilà une biographie (dont on devine qu'elle est impeccablement traduite par Julien Marsa) qu’on vous recommande chaudement tant elle est remarquablement écrite, documentée et échappe, malgré la dureté du sujet, abordé au sensationnalisme. Sans doute parce que Woodward n'est pas seulement journaliste mais aussi écrivain, qu’il a du style, nous raconte une histoire forte, respecte son personnage. John Belushi la folle et tragique vie d’un blues Brother est un livre qui tiendra, à coup sûr, une place de choix dans votre bibilothèque.

John Belushi la folle et tragique vie d’un blues Brother par Bob Woodward Editions Capricci
Format 15 x 21 cm / 504 pages

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The Blues Brothers de John Landis ressort en salles le 18 novembre en version restaurée numérique.

Films-annonces American College, 1941, The Blues Brothers © Universal Pictures
Film-annonce Les Voisins © Sony Pictures

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