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« Have a Nice Day » : Censuré par la Chine, le film d’animation pour adultes de Liu Jian sort en France

Lille La Nuit vous emmène à la découverte de Have a Nice Day, le dernier film d’animation du réalisateur chinois Liu Jian. Have a Nice Day a connu un destin difficile. En 2017, il devait être présenté au Festival du Film d’Animation de Annecy. Mais faute de visa délivré par les autorités chinoises, il ne put être projeté. Oui : c'est ce qu'on appelle de la censure. Heureusement, le film de Liu Jan fut bien sélectionné cette année à Annecy. Critique de Have a Nice Day par Lille La Nuit !

Have A Nice Day de Liu Jian : une Chine bien éloignée des images officielles.

Critique de Have a Nice Day

Liu Jan est sorti diplômé de l’Institut d’Art de Nanjing en peinture chinoise. Il a ensuite réalisé différentes œuvres d’art moderne, exposées dans le monde entier avant de passer à la réalisation. Avant Have a Nice Day, Liu Jan a réalisé des courts-métrages et deux longs-métrages d’animation : Chicken Poets (2002) et Piercing I (2010).

Liu Jan fait presque tout sur ses films - un exploit dans le cinéma d’animation - ce qui réduit considérablement les coûts de production de ses longs-métrages, qu’il prépare en prenant un grand nombre de photographies.

Liu Jan signe des films d’animation pour adultes, dans lesquels la violence graphique est présente.

Un regard affuté et acéré sur la Chine d’aujourd’hui

Son petit dernier, Have a Nice Day, ne fait pas exception à ces règles. Liu Jan porte un regard affuté et acéré sur la Chine d’aujourd’hui. On y suit le destin de Xiao Zhang, chauffeur d’un mafieux local, auquel il vole un sac rempli de billets pour payer une nouvelle opération de chirurgie esthétique à sa petite amie, après celle particulièrement ratée qu’elle vient de subir. Évidemment, tout le monde part aux trousses de Xiao Zhang.

Have A Nice Day de Liu Jian : un film avec des gangsters, des meurtres et des bastons.

Raconté de cette façon, l’histoire de Have a Nice Day paraît simpliste. C’est faire peu de cas de nombreux films de genre - plus particulièrement des polars et films noirs - dont l’efficacité tient à une histoire qui ne s’embarrasse pas de psychologie. Encore moins de psychologisme. Tout en privilégiant un filmage sec et brutal.

Le site américain IndieWire voit une parenté entre Pulp Fiction et Have a Nice Day. Comme Tarantino, Liu Jan triture son récit, joue avec la temporalité, raconte son histoire en cassant les codes de narration.

Dans la tradition des grands cinéastes de films noirs américains

Pour peu qu’on s’intéresse à l’Histoire du cinéma, d’autres références - plus anciennes - viennent à l’esprit. Have a Nice Day évoque tour à tour le cinéma de Samuel Fuller, Phil Karlson, ou encore Don Siegel. Des cinéastes qui s’y connaissaient pour réaliser des films plus subversifs qu’il n’y paraissait. Peindre un portrait explosif d’une Amérique déglinguée était leur credo. Revoyez Dirty Harry (1971) de Siegel avec Clint Eastwood. Le film est toujours aussi corrosif et anti politiquement correct quarante-sept ans après sa réalisation.

Have A Nice Day de Liu Jian : les autorités chinoises ont peu goûté la critique du capitalisme présente dans le film.

Have a Nice Day nage dans les mêmes eaux. C’est d’abord un vrai film d’action avec des gangsters, un héros aux mœurs troubles, des meurtres, des bastons, du sang. C’est ensuite un portrait saisissant de la Chine d’aujourd’hui. Comme le fut Dirty Harry en son temps pour San Francisco.

Une réalisation faite de pians fixes

La réalisation est faite de plans fixes. Il n’y a pas de mouvements de caméras. Le mouvement naît directement du déplacement des corps à l’intérieur du cadre. La violence en semble décuplée. Les couleurs et décors de Have a Nice Day saisissent par leur beauté mortifère. Ils montrent une Chine bien éloignée des images officielles.

Have A Nice Day de Liu Jian : aucun personnage n’est là pour rattraper l’autre. Aucun n’est héroïque.

Par ailleurs, on se passionne pour des personnages qui pourraient débarquer d’un roman noir de Jim Thompson. Aucun protagoniste n’est là pour rattraper l’autre. Aucun n’est héroïque. Tous sont désespérés. Et cette noirceur fait que, paradoxalement (comme chez Thompson), on rit beaucoup.

Forcément, les autorités chinoises ont peu apprécié le film de Liu Jian. Ni sa critique du capitalisme chinois et de l'obsession de la chine contemporaine pour le fric.

Quand un réalisateur s’engage politiquement, prend des risques en critiquant un pays comme la Chine (dans lequel il vit !) on ne peut que saluer sa persévérance et son courage.

Et si vous alliez voir le film de Liu Jan ?

Synopsis : Une sombre pluie va s’abattre sur une petite ville du sud de la Chine. Xiao Zhang, simple chauffeur pour le compte d’un mafieux local, dérobe à son patron un sac rempli de billets. Alors que la nuit tombe, la nouvelle de cet acte désespéré se répand très vite et tous se lancent à la poursuite de Xiao Zhang et du sac.

Have A Nice Day de Liu Jian
CREATION & PRODUCTION Le-joy Animation Studio
PHOTOGRAPHIE Lin Shan
DIRECTEUR ARTISTIQUE Lai Baoe
MUSIQUE The Shanghai Restoration Project Presents
PRODUCTEUR EXECUTIF Yang Cheng - Liu Jian

Durée : 1h17
Sortie le 20 juin 2018

Affiche, photos et film-annonce © Rouge Distribution

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