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« Grave » : Portrait d’une jeune cannibale sous le signe de l’horreur, du drame et de l’humour !

Lille La Nuit sort les crocs cette semaine avec Grave, le film de Julia Ducournau. Grave, Kezako ? C’est le film du moment qui fait le « buzz ». Un objet filmique non identifié, qui fait l’unanimité un peu partout où il passe et est déjà couvert de récompenses dans des festivals du monde entier.* Si vous voulez en savoir davantage sur Grave, Lille La Nuit répond présent ! Et vous en donne sa critique !

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Grave de Julia Ducournau : Justine (Garance Marillier) affronte le bizutage de son école vétérinaire. Une métaphore de l'uniformisation de la société ?


Critique :
Grave est le premier long-métrage de Julia Ducournau, si l’on excepte Mange réalisé pour Canal +, en collaboration avec Virgile Bramly. Avec Grave, Julia Ducournau signe un vrai film de genre… français ! On s’en étonne mais à part des comédies, quelques polars, le « Genre » a beaucoup déserté la production cinématographique hexagonale !

Sans faire de mauvais jeu de mots, on lâche le morceau : Grave raconte l’histoire d’une adolescente végétarienne qui, après avoir été forcée à manger de la viande crue lors du bizutage de son école vétérinaire, devient cannibale !

On ne vous ment pas quand on vous dit que Grave est un vrai film de genre. Mais le film a cette particularité d'en mixer plusieurs : le cinéma d’épouvante, le teenage movie, le drame, le mélodrame, la comédie...

Julia Ducournau, diplômée de la FEMIS (fameuse école de cinéma à Paris), veut surprendre, offrir une expérience cinématographique qui sort des sentiers battus. Sur le papier, on peut trouver cela prétentieux. Quand on voit le film, on se dit juste que la cinéaste est ambitieuse et sacrément généreuse !

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Grave de Julia Ducournau est aussi une métaphore du passage à l'âge adulte.


Dans Grave, il y a d’abord la révélation d’une jeune actrice : Garance Marillier !
La comédienne est de tous les films de Julia Ducournau (courts comme longs). Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est une sacré révélation. Elle affronte certaines scènes difficiles avec un aplomb et une énergie dingues ! C'est aussi grâce à Garance Marillier que Grave se mue en un beau portrait de jeune femme, qui doit s'imposer violemment pour maîtriser son destin. Par ailleurs, Grave décrit une société uniformisée (belle idée que le bizutage pour l'illustrer) qui tente de broyer ce qui n'est pas dans la "norme". Au fond, Justine est sans doute moins cannibale que les petits "moutons" de son école.

Grave est à sa façon un film social et politique. Le film est le regard d’une jeune cinéaste sur un monde ultra-compétitif, hostile et dévorant.

Si la description des décors (le film est tourné en Belgique), les plans immeubles, plongent le spectateur dans un univers fantastique et onirique, les images n’en sont pas pour autant déconnectées de notre réalité contemporaine.

Mais le cœur du film demeure l’histoire d’une métamorphose. Justine, en devenant cannibale, devient tout autant femme (fatale) qu’animal sauvage. La métaphore pourrait être lourde si Julia Ducournau ne faisait preuve d'un humour constant.

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Julia Ducournau : la scénariste et réalisatrice de Grave.


On sent que Julia Ducournau aime le cinéma d’épouvante.
Elle ne le méprise pas. Ne le regarde pas de haut. Comme c’est souvent le cas (hélas !) avec les cinéastes français.

Par instants, Grave semble évoquer La Féline réalisé par Jacques Tourneur en 1942 avec Simone Simon (tout autant que son remake signé par Paul Schrader quarante ans plus tard, avec Nastassja Kinski). Il y a plus mauvaises références…

De par ses ambiances, ses lumières, ses couleurs, et son rythme parfois volontairement lent, Grave rappelle également au bon souvenir du cinéma de Dario Argento  (plus particulièrement Suspiria)  !

Si Grave offre quelques scènes chocs bien senties, il n’en est pas pour autant un film d’horreur classique.

Autant vous prévenir : si vous souhaitez avoir peur au cinéma, Grave n’est peut-être pas le film qu’il vous faut ! Julia Ducournau ne cherche pas à effrayer. Elle crée un univers qui installe le malaise.

Grave est réussi - très réussi - puisqu’il provoque le spectateur, le fait sortir de sa torpeur, sa "zone de confort". Avec ce film organique, Julia Ducournau démontre un réel talent de cinéaste. A Lille La Nuit, on est prêt à parier que la réalisatrice ira loin…

Synopsis : Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.

Grave de Julia Ducournau
Avec Garance Marillier, Joana Preiss, Rabah Nait Oufella, Laurent Lucas.
Directeur de la photographie : Ruben Impens
Compositeur : Jim Williams
Durée : 1H38 minutes
Sortie en salles le 15 mars 2017

Interdit aux moins de 16 ans

Affiche, photos et film-annonce © Wild Bunch Distribution

* Festival de Cannes 2016 : Prix Fipresci de la critique internationale
Festival européen du film fantastique de Strasbourg 2016 : Octopus d’or du meilleur long-métrage fantastique international - Prix du public du meilleur film fantastique international
Festival du film de Londres 2016 : Sutherland Trophy du meilleur premier film
Festival international du film de Flandre-Gand 2016 : Explore Award
Paris International Fantastic Film Festival 2016 : Œil d'or du meilleur film de la compétition internationale - Prix Ciné+ Frisson du meilleur film
Festival international du film fantastique de Gérardmer 2017 : Grand prix du jury - Prix de la critique

 

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