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« Fight Club » : 20 ans après, ressortie du film culte de David Fincher avec Brad Pitt et Edward Norton

L’Actu Ciné de Lille La Nuit revient sur Fight Club, le film de David Fincher, qui ressort pour ses (déjà) vingt ans. On évoque trop hâtivement le terme d’œuvre culte pour parler d’un film. En ce qui concerne Fight Club, il semble que la dénomination soit toujours d’actualité auprès de ses nombreux aficionados. Mais qu’en est-il aujourd’hui, au moment de sa ressortie en salles ?

Fight Club : film culte !

David Fincher, cinéaste culte

David Fincher est vénéré par des millions de cinéphages à travers le monde. Le beau Alien 3 (qu’il renie), le très noir Seven, l’inquiétant The Game (son film le plus oublié, à revoir d’urgence), Zodiac (son chef-d’œuvre), L’étrange histoire de Benjamin Button (mélo décevant car Fincher un cinéaste clinique), The Social Network (merveille d'intelligence de mise en scène), Gone Girl (grand film glacial sur l’Amérique et démolition implacable du mythe du couple), la série TV Mindhunters (époustouflante plongée dans l’univers des serial killers)… sont autant d’œuvres qui ont marqué leur époque.

Fincher est un petit génie de la caméra, un vrai cinéaste aux obsessions nourries - l’homme aime s’attaquer aux fondements de notre société moderne, et à ses illusions -.

Il le démontra une fois de plus en 1999, lorsqu’il sort Fight Club, film ultra-violent, dénonçant notre asservissement aux marques (une enseigne suédoise en prend pour son grade), au travail, aux dérives de l’ultra-capitalisme, notre passivité…

Brad Pitt et Edward Norton sont impeccables.

Fight Club, Orange Mécanique de la génération Grunge ?

Quand Fight Club sort, il fait l’effet d’une bombe. Cette histoire d’un mec au charisme aussi imposant que celui d’une chaussette (Edward Norton, génial) croise sur sa route Tyler Durden, un type déglingué et rock’n’roll (Brad Pitt, très bien), qui s’affranchit des règles d’une société qu’il méprise. Le Fight Club, va les réunir et les pousser dans leurs derniers retranchements…

Mais qu’en est-il aujourd’hui, vingt ans après, pour ce film qu’on peut considérer (toutes proportions gardés : restons calmes !) comme le Orange Mécanique de la génération grunge ?

le monde va toujours aussi mal

Là où Fight Club a gagné, c’est que ses thèmes n'ont pas vieilli. Le monde ne va pas mieux. Il va même bien plus mal. Tout ce que dénonçait Fight Club en 1999 est toujours d’actualité, hélas. Le discours de Fincher et du romancier Chuck Palahniuk, tient toujours le coup. Sur ce point, le film n’a pas vieilli d’un iota. Il est d’une grande acquitté. De récents événements le confirment.

Helena Bonham Carter géniale en femme fatale 2.0

Pensée immature et démagogique ?

Là où le bât blesse, c’est du côté du traitement des thèmes abordés. On peut trouver Fight Club long et redondant (le film dure 2h19, il aurait pu dire exactement la même chose avec trente minutes de moins). La violence omniprésente (et pas toujours justifiée car répétitive) finit par devenir contre-productive. On peut se dire que Fincher fait le choix de la brutalité pour montrer une société violente. Du coup, le film ressemble un peu trop à ce qu'il dénonce. Et cinquième combat à mains nues, tous d'une violence tétanisante, la lassitude gagne. On a compris le message. Fincher peine à faire progresser et renouveler le récit.

La pensée de Fight Club est sommaire. Un peu comme The Wall d’Alan Parker (sur la musique des Pink Floyd et de Roger Waters), on peut difficilement être en désaccord devant le message véhiculé, surtout quand on est pleine rébellion adolescente. Mais la démonstration n’est pas fine. Elle est même démagogique.

Certains critiques (dont le génial et regretté Roger Ebert) accusèrent Fight Club d’être un film fasciste. Un pas que nous ne franchirons pas. Mais la propension qu’a Fincher à filmer la destruction, la mutilation des corps, la constitution d’une armée clandestine destinée à foutre en l’air une société qu’ils abhorrent, brouille le message du film.

Fincher filme la destruction, la mutilation des corps.

Un nihilisme assumé jusqu'au bout

Au fond, Fight Club se montre plus immature et maladroit, que réellement nocif et dangereux. D’autant plus que l’humour (noir) est omniprésent (les scènes avec Meat Loaf sont savoureuses) et qu’il sauve, au final, le métrage de la bêtise totale. De plus, le film a l’honnêteté, contrairement à d’autres, d’assumer ses idées nihilistes jusqu’au bout.

Côté mise en scène, Fight Club est brillant. Fincher est un grand technicien, qui sait placer une caméra là où il le faut. L’homme est un maître du découpage, connaît la lumière (dans Fight Club, elle est époustouflante). Le seul aspect visuel qui déçoit concerne les effets numériques qui ont pris un méchant coup de vieux (on s’en rend compte une fois le temps passé : les effets numériques vieillissent encore très mal).

N’oublions pas le twist du film, qui paraît autant forcé qu’il ne l’était à l’époque. Fight Club devient à cet instant assez grotesque. Mais on soupçonne les auteurs de l’avoir fait exprès.

Attention : un twist se cache derrière cette image !

Revoyons Fight Club pour ses 40 ans

On reste mitigé devant ce film qui demeure pourtant assez fascinant. D’une part, parce qu’il s’agit d'un objet singulier et unique en son genre. D’autre part, parce qu’il permet de mesurer l’évolution du travail de Fincher. Et à quel point le cinéaste a poursuivi l'exploration de certains des thèmes présents. Il sera intéressant de revoir Fight Club dans vingt ans. Quoi qu’on en pense, gageons que notre perception du film aura encore évolué.

Les infos sur Fight Club

Synopsis : Le narrateur, sans identité précise, vit seul, travaille seul, dort seul, mange seul ses plateaux-repas pour une personne comme beaucoup d’autres personnes seules qui connaissent la misère humaine, morale et sexuelle. C’est pourquoi il va devenir membre du Fight club, un lieu clandestin où il va pouvoir retrouver sa virilité, l’échange et la communication. Ce club est dirigé par Tyler Durden, une sorte d’anarchiste entre gourou et philosophe qui prêche l’amour de son prochain.

Fight Club (1999) de David Fincher
Scénario de Jim Uhls d'après l'œuvre de Chuck Palahniuk
Avec Edwards Norton, Brad Pitt, Helena Bonham Carter, Meat Loaf, Zach Grenier
Musique Dust Brothers

Durée 139 min
Interdit aux moins de 16 ans
Sortie le 15 mai 2019

> Cf les horaires au Majestic de Lille

Affiche, photos, film-annonce © Splendor Films

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