"Il m'arrive de me demander si ce n'est pas ma véritable vocation : exalter la pensée d'autrui par l'intelligence que j'en ai. Je ne suis peut-être que cela : une intelligence active, quelque chose d'intermédiaire entre le critique et le créateur".
Voilà ce qu'écrivait Jacques Copeau à son ami André Gide le 7 mai 1912.
Cette phrase que j'ignorais lorsque, très empiriquement, presque à l'aveugle, je me suis engagé dans cette voie qui devait devenir une carrière - celle de conseiller artistique et littéraire pour le théâtre ou de dramaturge à la française - je pourrais aujourd'hui, rétrospectivement, la faire mienne.
Du poste de télévision en noir et blanc de la salle à manger familiale du petit village normand de mon enfance à l'école du spectateur du Théâtre du Nord, en passant par Strasbourg, Bruxelles, Avignon, l'Université, l'écriture, les choix artistiques et les affinités électives, je tenterai, au cours de cette soirée où l'on me fait l'honneur et l'amitié de m'inviter, de livrer quelques-unes des clefs qui pourraient éclairer ce que fut et ce qu'est encore ma pratique au quotidien : partager et transmettre une passion, celle du spectateur de théâtre, qu'il soit amateur ou professionnel.
Yannick Mancel
