Jay-Jay Johanson à l’Aéronef

« So long »… C’est Jay-Jay Johanson qui l’a dit jeudi soir, 17 novembre, en anglais au public de l’Aéronef. Il y avait si longtemps qu’il n’était plus venu à Lille. « J’espère que je n’attendrai pas douze ans pour revenir. J’aimerais bien vous mettre tous sur ma guest-list pour mon concert de Paris lundi, il faudrait louer un train », a-t-il plaisanté avant de se lancer dans les rappels. N’avait-il pas aussi entonné auparavant son hymne « So tell the girls that I am back in town » ? Eh oui les filles, le crooner marié au trip pop est de retour en ville.
Son visible plaisir à se retrouver sur cette scène contrastait avec la mélancolie profonde du concert. Lui même avoue ne savoir écrire que sous déprime. Mieux valait venir avec du prozac qu’avec des boules Quies, le tableau aux décibels de l’ingénieur du son dépassant rarement les 80 dB… Quand le maigre suédois de Trollätten entonne « Suicide is painless », et des vers comme « The game of life is hard to play / I’m gonna loose it anyway… » (la vie est dure à jouer, et je perdrai la mise de toute façon), on se prendrait même d’inquiétude pour lui. Ou alors, ce n’est qu’un piège à filles timide.

Mais Jay-Jay, promenant lentement son public parmi ses chansons d’amour déçu, semble bien attaché aux humains : à la fin du concert, il descendra même dans la foule, embrassant les filles, serrant des mains. « I believe in you, you believe in me », avait-il aussi murmuré dans un de ses textes un peu plus tôt… Il est vrai qu’après quinze ans et huit albums, cette foi mutuelle semble le porter. Après quelques mots échangés face au premier rang, Jay-Jay s’excusa de ne pas plus bavarder avec les spectateurs entre les morceaux : « je pourrais vous raconter à chaque fois pourquoi j’ai composé tel ou tel texte, mais j’ai peur de rompre le charme du concert ».
Auparavant nous avions eu droit à 100 minutes d’un duo bien rodé avec son pianiste de toujours, sur nappes sonores électroniques. Les samples de batterie, et même de quatuor à corde, que l’on a entendu jeudi en accompagnement, ne remplaceront évidemment jamais la chaleur d’un orchestre en chair et en os. Nous avions écouté une autre ambiance naguère, au théâtre d’Arras, il est vrai doté d’une bien meilleure acoustique.
Jeudi à Lille, le feu délicat ne venait que de la voix chaude du Nordique, ou de l’impeccable et délicat jeu d’ombre et de lumière, donnant l’illusion d’un lieu intimiste : spots verts, étoiles d’un bleu électrique, ou leds turquoises traçant des scarabées très psychédéliques sur la scène… Quant à la qualité musicale, elle semblait plus évidente lors des simples duos voix-piano, accordant une dynamique autrement intéressante. Le trip pop de Jay-Jay n’est pas celui, autrement construit, de Portishead. Son approche jazz est sans doute plus captivante. Et parfois, sa voix a cappella suffit.

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