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« Pride »: Quand lesbiennes et gays s’unirent aux mineurs contre Thatcher !

Synopsis : Été 1984 - Alors que Margaret Thatcher est au pouvoir, le Syndicat National des Mineurs vote la grève. Lors de la Gay Pride à Londres, un groupe d’activistes gay et lesbien décide de récolter de l’argent pour venir en aide aux familles des mineurs en grève. Mais l’Union Nationale des Mineurs semble embarrassée de recevoir leur aide. Le groupe d’activistes ne se décourage pas. Après avoir repéré un village minier au fin fond du pays de Galles, ils embarquent à bord d'un minibus pour aller remettre l'argent aux ouvriers en mains propres.
Ainsi débute l’histoire extraordinaire de deux communautés que tout oppose qui s’unissent pour défendre la même cause.

 © Pathé Distribution

Un vrai Feel Good Movie ! Pride © Pathé Distribution

 

Critique : Pride, c’est un peu le film qu’on ne voit pas venir. Aux États-Unis, ce type de long-métrage, qui ne bénéficie pas d’un énorme budget, d’une campagne de promotion massive et qui, malgré tout, s’impose auprès du grand public, est surnommé un « sleeper ».
Pride a donc tout pour devenir un « sleeper » auprès du public français et un peu partout sur la surface du globe.
Le film a d’ailleurs déjà fait la clôture de la Quinzaine des Réalisateurs au tout dernier Festival de Cannes et reçu La Queer Palm (le Prix LGBT du Festival de Cannes).

Mais pourquoi Pride est-il promis à un bel avenir ? Tout simplement parce qu’il raconte une histoire totalement méconnue et oubliée -le scénariste et les producteurs ont eu beaucoup de mal à faire accepter sa véracité-. Rendez-vous compte : qui pourrait imaginer ne serait-ce qu’une seule seconde que ce film, qui raconte l’union d’un mouvement gay et lesbien avec un syndicat de mineurs contre un ennemi commun, Margaret Thatcher, est une histoire vraie ? Personne, on est d’accord ! Et pourtant, elle l’est !

Pride propose une belle histoire, étonnante, surprenante, émouvante et drôle. Tous les ingrédients sont donc réunis pour que le film rencontre un très beau succès.
On peut classer Pride dans la catégorie des Feel Good Movies ! Comprenez : les films qui font du bien ! Comment pourrait-on résister à l’enthousiasme des personnages, aux combats de ces victimes du libéralisme et de l’intolérance ?

 © Pathé Distribution

L'union fait la force ! Pride © Pathé Distribution

 

D’autant plus que le film de Matthew Warchus relate une histoire qui trouve une véritable résonance avec notre époque actuelle. Le chômage est encore plus fort qu'en 1984, les plus faibles sont plus que jamais écrabouillés par les puissants, les usines sont délocalisées, le racisme de classe est toujours d’actualité, on continue de casser du « pédé », les intégristes de tous bords descendent dans les rues pour contester à ceux qui ne leur ressemblent pas d’obtenir les mêmes droits qu’eux, …

Ce n’est d’ailleurs certainement pas un hasard si Pride sort aujourd’hui sur nos écrans. Le film est d’une troublante actualité et le cinéma s’est toujours fait le porte-parole des maux de notre société. On ne compte plus les films dénonçant le Vietnam, la guerre en Irak, les conflits de tous types, le sexisme et le machisme ordinaires, la bêtise humaine la plus crasse. On en passe et des pires... Mais quand beaucoup de ces films se montrent délicats, d'autres font preuve de pas mal de lourdeurs.

A vrai dire, Pride, navigue un peu entre ces deux eaux. Le film, évite heureusement le trop plein de manichéisme à la Oliver Stone (un cinéaste pour lequel nous avons toutefois un vrai respect à Lille La Nuit).
Mais on peut tout de même reprocher à Pride de dérouler son récit de manière un peu trop scolaire, de présenter des personnages par trop schématiques, le tout illustré par une mise en scène qui, si elle est efficace, n’en demeure pas moins trop impersonnelle.
Matthew Warchus n’est pas un aigle du cinéma, loin s’en faut -regardez Simpatico , qu’il a commis en 1999, avec Nick Nolte, Sharon Stone et Jeff Bridges : c’est du jus de navet-.

Cela dit,  Pride, n’a pas la prétention de révolutionner l’histoire du cinéma. Voilà un film, encore une fois, qui a le bon goût d’évoquer des choses graves, de parler d’intolérance, de politique, d’inégalités sociales, de notre passé, de notre présent, de notre avenir, de nous faire réfléchir en nous faisant passer un vrai bon moment.

 © Pathé Distribution

Dominic West se déchaine sur le dance floor devant le regard médusé des mineurs     Pride © Pathé Distribution

 

Le parfait Feel Good Movie, en somme ! Avec le petit supplément d’âme que ne possèdent pas des films comme Le Journal de Bridget Jones (pardon les filles !).
Voilà bien la force de Pride: quand on sort de la projection, on est requinqué pour la semaine, on se sent bien, on a envie d’aller boire un coup et de discuter le bout de gras avec son voisin de palier, de charmer les filles et/ou les garçons !

De plus Pride évoque Margaret Thatcher telle qu’elle fut : à savoir une véritable garce, qui écrasa, piétina, vomissa le petit peuple du Royaume-Uni. Cela fait un bien fou après le révisionniste, pathétique et mal nommé La Dame de Fer (quelle insulte, ce film !).

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Shame on you ! Pride © Pathé Distribution

 

Si on ajoute à cela des comédiens  exceptionnels (dont Bill Nighy, Imelda Staunton et Dominic West), une B.O. Pop/New Wave eighties à se damner, qui donne une envie irrépressible de secouer son popotin (Dead or Alive, Frankies Goes To Hollywood, Bronski Beat, Culture Club, …), des scènes comiques à l’humour ravageur, des moments d'une grande émotion (la question du SIDA n'est pas occultée), vous comprendrez que Pride, malgré ses  défauts relatifs, est le film de la semaine pour Lille La Nuit ! On vous donne toutefois un petit conseil : préférez la V.O.S.T.F. pour profiter pleinement de la variété des accents et de la gouaille des comédiens.

Pour terminer, Pride montre quelque chose qui nous semble assez inédit au cinéma : à savoir que la question de la militance homosexuelle est totalement intégrée dans la question de la militance sociale. Ce que pointait en mai dernier Franck Finance-Madureira, le fondateur de la Queer Palm. Bien vu !

Si vous aimez The Full Monty, Les Virtuoses, We Want Sex Equality ou La Part des Anges, Billy Elliot: Pride est fait pour VOUS !

Vidéo d'époque (mars 1985): Lesbians and Gays Support the Miners at The Hacienda (tous droits réservés)

Pride - un film de Matthew Warchus. Scénario: Stephen Beresford. Avec : Bill Nighy, Imelda Staunton, Dominic West, Andrew Scott et Paddy Considine Durée: 1h57

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