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« Populaire » mais pas populiste !

Plaisir, bonheur, légèreté : Voici les premiers qualificatifs qui viennent à l’esprit à la sortie de la projection de « Populaire ».

Premier long-métrage de Régis Roinsard (passé auparavant par la case films publicitaires, clips et courts-métrages), « Populaire » mieux qu’une bonne surprise est une indéniable réussite.

Mais avant de revenir sur les nombreuses qualités de « Populaire », plantons le décor avec le synopsis du film: Printemps 1958. Rose Pamphyle, 21 ans, vit avec son père, veuf bourru qui tient le bazar d’un petit village normand. Elle doit épouser le fils du garagiste et est promise au destin d’une femme au foyer docile et appliquée. Mais Rose ne veut pas de cette vie. Elle part pour Lisieux où Louis Echard, 36 ans, patron charismatique d’un cabinet d’assurance, cherche une secrétaire. L’entretien d’embauche est un fiasco. Mais Rose a un don : elle tape à la machine à écrire à une vitesse vertigineuse. La jeune femme réveille malgré elle le sportif ambitieux qui sommeille en Louis… Si elle veut le poste, elle devra participer à des concours de vitesse dactylographique. Qu’importent les sacrifices qu’elle devra faire pour arriver au sommet, il s’improvise entraîneur et décrète qu’il fera d’elle la fille la plus rapide du pays, voire du monde ! Et l’amour du sport ne fait pas forcément bon ménage avec l’amour tout court…

© Mars Distribution

A partir de ce scénario complètement fou et qui pourrait, avouons-le, avoir tout de la fausse bonne idée, Régis Roinsard vient tout simplement de signer la comédie française la plus enthousiasmante qu’on ait vue depuis belle lurette.

« Populaire » est remarquablement écrit. Tant du point de vue des situations, des personnages que de la progression du récit. On retrouve dans « Populaire » une mécanique de précision dont les auteurs et cinéastes américains sont passés maîtres depuis les origines du cinéma.

Il est d’ailleurs assez amusant de se dire que cette success story se déroulant dans la France des années 50 aurait pu tout aussi bien être tournée sous la bannière étoilée de l’oncle Sam. Et ce n’est certainement pas un hasard si Régis Roinsard (réalisateur cinéphile, c’est évident) rend un hommage non dissimulé à quelques grands noms du cinéma comme Frank Capra, George Cukor ou Alfred Hitchcock (avec notamment la superbe reprise d’une scène mythique de « Vertigo »).

La mise en scène et les choix esthétique du film sont à l’avenant. Quel soin apporté à la direction artistique, aux costumes, aux décors (la reconstitution ne fait jamais toc). A la photographie, surtout ! On jurerait presque voir le Technicolor, le Cinémascope du maître du mélodrame flamboyant, Douglas Sirk. Bravo au directeur de la photographie, Guillaume Schiffman.

© Mars Distribution

Le film rend donc un hommage non dissimulé au cinéma hollywoodien. Et ce n’est certainement pas un hasard si l’on y retrouve Eddy Mitchell, Monsieur « Dernière Séance ». Mais « Populaire » ne paie pas uniquement son tribut au cinéma made in USA. Loin s’en faut. On y retrouve tout aussi bien l’univers de Jacques Tati (et plus particulièrement cette France quasi fantasmée de « Mon Oncle ») que celui de Robert Dhéry.

Mais la grande réussite de « Populaire » est avant tout d’être léger comme une bulle de savon. Le film est pétillant, vif, rythmé. Il ne confond jamais vitesse et précipitation. Roinsard a laissé au placard les tics et clichés de nombreux ex-réalisateurs de pubs et clips. Et impose le tempo nécessaire à toute bonne comédie.

Pour finir, n’oublions pas de tirer un coup de chapeau aux deux interprètes principaux du film. Déborah François, dans le rôle de Rose, est tout simplement magnifique. Belle, charmante, délicieuse ! Quant à Romain Duris, au jeu si souvent agaçant, il trouve dans « Populaire » son plus beau rôle. Il est magnétique et d’une grande précision dans le jeu. Voici un couple de cinéma comme on en rêvait depuis longtemps dans le cinéma français. Ils nous rappellent au bon souvenir des mythiques Audrey Hepburn et Cary Grant. Et sont pour beaucoup dans la magie du film.

© Mars Distribution

« Populaire » est un petit bijou de cinéma. Parions que de tristes sires auront le toupet d’y voir un film conservateur, célébrant une France du passé. Tant pis pour eux !

Les autres sauront apprécier, n’en doutons pas, ce premier film ébouriffant signé d’un réalisateur avec lequel il faut désormais compter. Retenez bien son nom, il s’appelle Régis Roinsard.

Film-annonce © Mars Distribution

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