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Mon Inouïe Symphonie #5 au Kursaal

La cinquième édition de Mon Inouïe Symphonie, rendez-vous électroniques « expé » dunkerquois menés par l'équipage de l'association Rock'n Roll Charity Hospital, se faisait l'annonce d'une douce tempête dans l'antre des clubbers en mal de mer : le Kursaal.

Il était fortement conseillé de faire confiance au joli fly qui annonçait une programmation sans concession d'artistes "expérimentaux" talentueux. Un line-up iodé pour érudits et noctambules curieux.

Cependant, trouver une embarcation pour Dunkerque relève du défi un jeudi du mois de juillet. Je suis donc passée au large des premiers programmés. Large Number m'a ainsi filé entre les doigts et quel dommage. Ce groupe londonnien de krautrock-punk-électronica signé sur le très british White label Music devait valoir son pesant de cacahuètes.

A mon arrivée sur la digue, chacun engageait les préliminaires -ravitaillements multiples- avant de pénétrer dans le Kursaal. A l'intérieur, l'espace soigneusement aménagé accueillait deux grands écrans dont l'un a servi de tapis de jeu aux joueurs de Packman pendant qu'un stand merchandising conséquent et intéressant se tapissait au fond de la salle.

22h10. Miasma et son caroussel s'installent sur le plateau, les traits figés dans la pâte blanche de leur maquillage. Aussi cernés que la famille Adams, les anglais jouent les mélodies d'un sombre bal folk pour joyeux fantômes. La scène se transforme en une sorte de cabinet du Docteur Caligari et une douce odeur d'enfer envoûte la salle. Tiens tiens, il paraît que c'est un groupe de « rock in opposition »; soit quelque chose comme du rock progressif avant-gardiste et expérimental issu d'un mouvement des années 70... Ok, c'est bien à ces qualificatifs là qu'on peut rapprocher la musique entêtante du band. Et parmi ces londonniens, on comptait Daniel O'Sullivan et Dave Smith du groupe Guapo dont le dernier album est signé sur IPECAC, le label de Mike Patton.

Ce ne sont d'ailleurs pas les seuls ce soir liés à ce label. Kid606 et Otto Von Schirach sont également de l'écurie. Ces deux la, producteurs de vacarme, sont programmés pour créer des zones de turbulence. L'un plus que l'autre a réussi a attrapper la fosse.

A 00h50, panique à bord! Otto Von Schirach, le pirate, vient saborder ce qui reste de subtile après la performance d'Animal Collective. Trois zigotos costumés en rien du tout nous servent du hard-tout et n'importe quoi "breakcorenoise". Le super-héros un poil scato, roi du porno, distille grossièrement son effet de catharsis . Otto réveille l'enfant sadique qui ronronne gentilement en chacun. Souvenez-vous, la dernière fois qu'il était passé par ici, l'un d'entre nous, public, avait fini nu! Une performance provocatrice bruyante et exagérée, à prendre ou à laisser.

Quand à Kid606, l'autre d'IPECAC, roi du monde puisque seul au monde, a souffert du trou de fréquentation de 2h du matin. Sa dance musique hyperprotéinée, cra-cra et foutraque n'a pas eu le succès habituel.
Le duo Eat Tapes qui lui faisait suite est signé sur TigerBeat6, le propre label de Kid606. Pour vous donner une idée de teinte sonore, sont passés sur ce label, nos fameux Lillois de Dat Politics. Et en parlant de lillois, Genjini était également au menu de Mon Inouïe Symphonie, tout comme AfroJaws qui avec d'autres se sont chargés d'animer les changements de plateaux. Dj lillois et très bon ambianceur pour clubbers, Afrojaws fut malgrè les apparences (un public absent) aussi efficace qu'un bonbon acidulé : rond, sucré et piquant. J'ai enfin entendu tourner sur ses platines le Transexual de Mr Oizo, pas mal du tout dans son genre.

Faute de transports je quittais la côte après la performance de Kid606. A coup sûr, je retiendrai de cette nuit marine, le show des drôles d'oiseaux d'Animal Collective, tête d'affiche parmi les autres. C'est eux qui, à mon ouïe, ont donné la tonalité la plus intéressante. Il faudrait trouver des jolis mots à rallonge, percutants et mélodieux pour parler de la folk-psyché paradoxalement hyper chargée et malgrè tout on-ne-peut-plus aérienne des ces 3 américains.

Animal Collective est une formation New Yorkaise aléatoire qui fluctue entre 3 et 4 membres (nous en avions trois ce soir là). Effective depuis 7 ans, leur discographie est riche et les projets alentours foisonnants.
Sur scène, Panda Bear, Avey Tare et Deakin rassasient l'espace sonore au maximum, investissant de leurs harmonies dissonantes les aigüs et les graves autant que les médiums, sampleurs à l'appui. Les vocalises soigneusement travaillées, notamment celles de Panda Bear, supportées par des samples bruitistes et instrumentaux viennent se poser sur les beats des quelques percussions présentes sur scène. Et ils créent comme ça, une frustration délicate, jouant avec des montées qui retombent et explosent quand on ne les attend plus. Décidèment, les « côtes » du vieux continent ont le don d'en susciter parmis leurs citoyens et surtout de les exporter (Baltimore d'où sont issus Animal Collective mais aussi Spank Rock (hip-hop) ou le San Francisco du trio Clouddead (hip-hop psyché, Anticon) ).

Ho, j'y pense, si vous avez apprécié Animal Collective, allez jeter une oreille sur Boom Bip (Lex Records). Et tant que vous y êtes, recoupez les artistes aux projets signés sur plusieurs des labels liés à cette soirée : Fat Cat, Tigerbeat6, Domino ou encore IPECAC... vous devriez tomber sur quelques perles, du genre de Mouse On Mars, Hood ou To Rococo Rot...

Pour les travailleurs, paresseux, fauchés et autres juilletistes absents de cette cinquième édition de Mon Inouïe Symphonie, scéance de rattrapage le 31 août prochain! Sur la plage toujours, Rock'nRoll Charity Hospital nous glisse un billet doux pour se rejoindre au Fort des Dunes autour d'une programmation encore inconnue à ce jour.

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