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Girls in Hawaii + V.O. au Grand Mix – Ground Zero Festival

Comme en récré au Grand Mix

Était-ce le goûter concert, dans l’après-midi, qui avait créé cette ambiance ? Ou le relâchement en fin de tournée ? Toujours est-il que le long set en soirée des Girls in Hawaii parut une prolongation de récréation. Les six musiciens semblaient totalement libérés de la pression, s’adressaient complices au public entre les titres, un peu comme un groupe à ses débuts, encore un peu amateur.
Mais justement, comme le rappelèrent après quatre premiers titres les deux chanteurs Antoine Wielemans et Lionel Vancauwenberghe, relayés dans leur propos par un autre historique du groupe, le bassiste Daniel Offermann, le Grand Mix fut la première résidence du groupe. « On devait avoir 22 ans, on se souvient des triangles et des carrés suspendus au plafond… Et puis on avait cassé du matériel, il a fallu rembourser et se priver de bières durant deux mois… »
Rires dans la salle, surtout autour de la buvette où la mousse coulait à flots, et enchaînement sur un cinquième titre ensoleillé, Sun of the sons, extrait du deuxième album (2008, Plan your escape). Même si c’est un Everest enneigé, sombre et menaçant, qui servait de fond d’écran – conformément à la pochette du nouveau CD – la formation belge sait alterner gravité et légèreté dans ses textes et musiques.

Hawaii et ses contrastes

Tout le contraste d’Hawaii, sans doute, où les girls en bikini admirant les surfeurs ne sont qu’images d’Epinal. L’archipel, c’est aussi le fracas des bombes de Pearl Harbour en 1941 et les monstres du film Jurassik park tourné dans ses inquiétantes forêts en 1993…
Il y a de tout cela dans les compositions de la bande née à Braine l’Alleud : parfois du gros son, souvent des mélodies à chialer (ah ce ton plaintif d’Antoine et Lionel, qui séduit ou agace…).
Le concert a démarré à 21h40, pile l’heure prévue (politesse des rois), après la première partie (V.O., un folk-rock de qualité). Et démarré forcément par des titres du nouvel opus, en deuxième position Not Dead – ce genre de bijou pop dont les groupes belges ont le secret. Pour conjurer le mauvais sort qui tua sur la route le batteur Denis Wielemans en 2010, Not Dead est chanté à quatre voix. A d’autres moments, quand il s’agit de déchainer les décibels, ce sont quatre guitares électriques qui l’emportent sur les voix. Chez les Girls, on n’économise pas les moyens.

Les souvenirs du Grand Mix

Plusieurs fois durant ce concert, Antoine et Lionel sont revenus sur leur plaisir de terminer leur tournée à Tourcoing. Leurs souvenirs se mélangeaient. « Lors de nos débuts on a joué ici avec Ann Pierlé et Venus… Avec Daho aussi… » Aujourd’hui, même si trois albums seulement sont nés en dix ans, les Belges semblent repartis pour de bon. Décidés à se serrer les coudes et à positiver dans un monde qui ne fait pas de cadeau : « And we all made fun of everything in this weird fucking world », ont-ils énoncé samedi soir dans Here I belong (Everest) avant de proposer au public de revisiter leur premier album. Ceci pour chauffer un peu plus la salle avant de servir Misses, le nouveau tube visiblement attendu par une large partie du public tourquennois.
Ciel étoilé sur l’Everest pour les chansons mélancoliques, triangle rouge pour les beats plus lourds, le décor restait sobre et le sextet généreux : après que la salle a repris en chœur Birthday call (le manager du groupe vient de fêter ses 50 ans), un double rappel a offert six titres et permis à Lionel Vancauwenberghe de dédier un inédit à « sa copine Sofia présente dans la salle », « un titre qui a été écarté d’Everest ». Occasion de se faire chambrer par ses complices, Antoine Wielemans lui demandant s’il allait la demander en mariage devant tout le monde (façon Raymond Domenech ?), avant de l’embrasser pour se faire pardonner la pique…

Showcase

Oui, décidément, l’atmosphère familiale évoquait un showcase plus qu’un concert de stars, le groupe (qui ne vient pas du scoutisme pour rien) dédiant successivement ses titres de rappel à ses différents assistants…
Au total, en gratifiant le Grand Mix – concert complet depuis des semaines – d’une vingtaine de titres, les Girls ont revisité les deux tiers de leur discographie. Un inventaire donnant le sentiment que les deux années de désolation qui ont suivi la mort de Denis Wielemans semblent révolues et qu’un nouveau groupe est né.
De quoi sortir la formation d’une audience parfois restreinte aux fans de cinéma d’auteur (la fameuse scène de Joana Preiss dansant seins nus devant Romain Duris dans le fil de Christophe Honoré Dans Paris, reprenant le titre Flavor…) ? L’avenir le dira.
Misses mettra en musique une scène d’un prochain film italien, a-t-on appris dans les Inrocks. Preuve que les Girls sont écoutés au delà des frontières.

 

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