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Philippe Katerine + Clair au Zénith de Lille

Assister à un concert de Philippe Katerine, c'est toujours un peu un saut dans l'inconnu mais dont on sait que le jeu en vaudra la chandelle, et autant le dire de suite, le Vendéen se sera surpassé lors de cette étape du Zouzou Tour.

Clair, une performance remplie de bonne humeur et d'autodérision

C'est sous un soleil estival que nous retrouvons tout d'abord Clair, dont nous avions déjà pu croiser la route il y a quelque temps au Grand Mix. La rayonnante artiste délivre pendant un peu moins de 20 minutes sa pop acidulée, sobrement accompagnée de sa guitare sèche.

Que ce soit avec Danser ou crever ou un Saint-Gilles-Croix-de-Vie non prévu mais exécuté à la demande de fans du premier rang, l'espièglerie de Clair remporte rapidement les suffrages d'une audience encore discrète à cette heure. On passera sous silence la petite pique de l'artiste sur la supposée lourdeur des bières lilloises, bien vite noyée par une performance remplie de bonne humeur et d'autodérision, fil rouge de la soirée que nous allons vivre.

Philippe Katerine, un set aussi déluré qu'énergique

Celui qui expose actuellement ses interprétations mignonistes du côté de La Sécu de Fives se présente à nous sous les coups de 20h45. Et le moins que l'on puisse dire c'est que l'entrée se veut royale, Philippe Katerine apparaissant accoutré en... Reine d'Angleterre, dans une robe gonflable digne des plus beaux flans entremets.

Pas de doutes, on part sur une grande épopée katerinesque et le reste du spectacle ne nous décevra guère. Troquant ensuite le costume pour une chemise blanche d'un autre âge nouée dans le dos, le chanteur nous emmène aussi bien Sous [son] bob que Total à l'ouest avant de nous récompenser par Des Bisous aussi sincères que la joie de l'artiste d'être à Lille ce soir.

Savamment ponctué par des interludes dont lui seul à le secret (à base d'exercices loufoques ou de soli de flûte à bec), la suite du set restera tout aussi délurée qu'énergique, permettant à grands et petits (car oui, l'audience autour de nous démarrant autour des 6-8 ans) de s'époumoner avec un plaisir non dissimulé.

Katerine, un show surréaliste au sens noble du terme

Un show de Philippe Katerine, ce n'est pas seulement de la gaudriole mais aussi une orchestration de très bonne facture, car l'homme sait s'entourer. A l'image de Zouzou pris entre rythmes électro et envolées de guitare ou Excuse-moi et son refrain ultra rock, on en prend plein les oreilles. (On ricane au passage sur la manière dont l'artiste explicite les paroles de cet ancien titre consacré à l'éjaculation par un cours de français sur le verbe "éflaculer" qui serait une volonté d'expulser un trop plein... de paroles. Savoureux).

Après avoir dégusté la fameuse Banane et souhaité un Joyeux Anniversaire à quelques membres du public montés sur scène pour l'occasion, vient le moment d'un Duo. Et pas n'importe lequel puisqu'Ann-Shirley a la difficile tâche de suppléer Angèle sur ce titre de 2019 et elle le fait à merveille. Le tout sublimé par une orchestration délicieusement retro, l'alchimie opère totalement entre la Belle et le Moustachu.

Mais rapidement le titre dévie à nouveau vers la fantaisie, le claviériste se rapprochant du micro pour nous expédier un nouveau solo de flûte avant que ne résonnent les premières notes du mythique Louxor j'adore. Instant que choisit Philippe pour réapparaître vêtu d'une large toile qui, à coup d'air propulsé, le transformera progressivement en boule aussi rose que celles parsemant la scène du Zénith. Un vrai show surréaliste au sens noble du terme.

Katerine, une incarnation de l'Artiste avec un grand A

Après une courte plongée dans le noir, Katerine apparaît seul sur une estrade dressée au fond de la fosse lilloise, uniquement habillé d'une barbe d'un mètre lui permettant de réciter l'ode à sa verge (Que deviens-tu ?) ou de déclamer Nu sans choquer la moindre âme pudibonde.

Très vite, l'artiste est rejoint par le reste de la bande pour démarrer un set électro-acoustique d'une dizaine de titres. Le temps d'enfiler une étoffe aux formes bouffantes que n'aurait pas reniée l'époque médiévale (ou Demis Roussos), la troupe se lance dans une sorte de branle (on parle bien ici de danse) accompagnant le titre Etres Humains.

Les morceaux s'enchaînent alors comme autant de petites saynètes à la manière d'un théâtre de rue savamment travaillé. Une prouesse qui, en dépit des critiques que l'on peut entendre sur son compte ici ou là, nous permet d'affirmer que Katerine est véritablement une incarnation de l'Artiste avec un grand A. Aussi facétieux que poétique.

Philippe Katerine, 2h d'une soirée qui a tout du grandiose

Et de la poésie, il n'en manquera pas en cette fin de show. L'artiste fend la foule au rythme d'un Où je vais la nuit ? tout simplement sublime avant de reprendre place sur scène pour un Moment parfait aux arrangements façon Zaho de Sagazan.

Vient hélas le temps de se quitter après 2h d'une soirée qui a tout du grandiose, Philippe Katerine clôturant ce chapitre par un Patouseul symbole à lui seul du talent du chanteur et de sa troupe. L'Hymne à la joie résonne enfin au moment du salut, et de joie nous en sortons empli tant on a le sentiment que l'on vient de vivre un moment unique, comme seul le spectacle vivant peut nous en offrir. Alors pour tout cela : bravo et merci !

Découvrez aussi l'expo Le mignonisme de Katerine à Lille
dans le cadre de Fiesta - lille3000

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