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Mille francs de récompense au Théâtre du Nord

Une saison qui s’ouvre sur un triomphe !

Le premier spectacle de cette nouvelle saison au Théâtre du Nord laisse présager une année passionnante. En effet, ce spectacle mis en scène par Laurent Pelly (directeur du Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées) a conquis le public dès la première représentation.

Cette œuvre de Hugo n’est pas son plus grand chef d’œuvre ; nous ne sommes pas devant le Sublime de Hernani ou de Ruy Blas : Mille francs de récompense est une machine mélodramatique simple, presque caricaturale, le public n’est pas surpris par le dénouement. Les personnages sont d’ailleurs des plus schématiques : la veuve, l’orpheline, le grand-père malade, un homme d’affaire au cœur de pierre etc. L’intrigue, quant à elle, n’est pas très subtile, elle fonctionne par renversements de situation successifs autour d’une question de dettes et de mariage forcé, saupoudrée par les retrouvailles entre un père et sa mère après une longue séparation.

Et pourtant… quel beau spectacle ! Il ne faut pas venir pour entendre du grand Hugo, il semble que le génie du XIXème siècle ait ici réutilisé des ficelles faciles et grossières du théâtre de son époque ; il faut venir voir ce spectacle pour la performance magistrale des acteurs, qui arrivent à donner à ce texte assez commun une puissance surprenante.

Avec un texte aussi caricatural, difficile de ne pas tomber dans le ridicule de la jeune fille naïve et de la veuve éplorée. Hugo a voulu dans cette œuvre mélanger deux grands registres, le comique et le pathétique. Cette ambition est d’ailleurs celle qu’il donne au drame romantique. Ici, dans cette œuvre, ce n’est pas le pathétique qui triomphe, il est trop grossier pour être efficace, et les acteurs ne s’y trompent pas en jouant tous ses moments avec un décalage qui transforme une faiblesse de ce drame en force. C’est donc bien le rire qui l’emporte, le « Grotesque » comme disait Hugo. Ce grotesque est porté dans la pièce principalement par Glapieu, alias Jean-Benoît Terral, dont la performance est remarquable. Il interprète le rôle d’un voleur-mendiant au grand cœur qui rappelle le Jean Valjean des Misérables, et dont le comportement rappelle au théâtre celui de Don César dans Ruy Blasi ; un homme simple, fourbe, aimant les plaisirs de la vie, voix du peuple contre un système politique défaillant, il énonce des vérités sur les grand du pays, du monde de Hugo comme du nôtre, avec une franchise qui suscite le rire des spectateurs.

Les décors de ce spectacle sont aussi à souligner ; de tableau en tableau, nous changeons de lieu, grâce à un dispositif simple mais des plus efficaces, tout est suggéré plutôt que montré. Ainsi, dans le premier tableau, une armature métallique recompose tout un étage de maison, mais il n’y a pas de murs pleins, les personnages peuvent évoluer de pièce en pièce et être toujours vus des spectateurs. A souligner le décor éblouissant du deuxième tableau, d’ailleurs, le plus savoureux de la pièce et d’un humour des plus décapants en ce qui concerne le monde de la Justice.

Un spectacle à aller voir au plus vite pour bien commencer cette nouvelle saison !
 

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