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Guns N’ Roses + Imperial State Electric au Zénith

Il est de bon ton de fusiller les Guns N’ Roses. C’est même conseillé pour garder une top crédibilité. Canal Plus et l’illustre Yann Barthès sont les derniers à avoir dégainé. Bercy aurait été une catastrophe innommable. Soit. Après tout, pourquoi pas. Il y a des jours avec et des jours sans. Chanteur, chroniqueur, critique, etc.

Le Guns N’ Roses d’antan n’est plus. Il ne faut pas se raconter d’histoires. La période faste est bien derrière Axl. Si on veut voir un Use Your Illusion Tour Bis, autant passer son chemin. Pourtant, si le spectateur fait le deuil du groupe originel (et qu’il n’est pas trop crétin), le concert est sincèrement bon. Très bon, par moment.

Le Zénith de Lille affiche complet ce soir. Quelques hardos semblent encore vivre dans les années 80. Le bandana et la veste en jean trouée sont de rigueur. La bière coule à flot, mais l’ambiance reste bon enfant. Jusqu’aux premiers sifflements (pour le folklore). La diva Axl est en retard. Rien de neuf, cela fait plus de vingt ans qu’il nous fait sa star. Un comportement accepté comme tel par les habitués. Guns N’ Roses ne monte pas sur scène avant 22h30. Point.

Chinese Democracy en ouverture, c’est un peu l’effet pétard mouillé. Welcome To The Jungle, qui lui succède, aurait sans doute été préférable, car connu de tous. Évacuons d’emblée le débat sur les nouveaux titres. Leur interprétation live est ultra convaincante, même s’ils jurent parfois sur les anciens tubes. Pas en terme de qualité, mais dans leur sonorité, autre. Sorry, arrive par exemple bien trop tôt et a vraiment du mal à s’imposer après un excellent Mr Brownstone. Les deux compositions ne jouent pas dans la même catégorie.
De même, l’enchaînement Better / Street Of Dreams / You Could Be Mine n’est pas très heureux. Street galère pour vivre face à ces ogresses de chansons. Tout n’est que question de placement judicieux (ou pas), de dosage entre l’ancien et le nouveau. Un véritable casse tête pour le groupe à n’en point douter. Caser un monument tel que Madagascar, sans ruiner sa montée en puissance, dans un set doit être infernal. Entre deux tueries ? Entre deux jams ? Même questionnement pour This I Love, claqué à l’arrache entre le classique Live And Let Die et le monumental Rocket Queen.

Guns N’ Roses a du mal à composer avec ce nouveau matériel. D’où un concert, logiquement, en dents de scie. Difficile de faire l’impasse sur un passé glorieux et proposer davantage de nouveautés. Mais constamment sur le fil, le concert est haletant. Intéressant dans sa volonté de conjuguer le passé et le présent. Coûte que coûte. Axl, peu loquace ce soir, y met tout son cœur. Épaulé par son fidèle Dizzy Reed (au clavier, vivement salué), il attire tous les regards sur lui. Le pied de micro prend encore cher.
Le visage d'Axl? Bouffi ou botoxé qu’importe. C’est sa voix qui nous intéresse et elle fait encore des miracles. Même si souvent aidée par une bonne reverb’. Ses graves sont juste ahurissants sur la reprise d’Another Brick In The Wall. Déconcertante facilité. Davantage concentré sur son souffle, le chanteur ne court plus d’un bout à l’autre de la scène, ce qui lui permet une remarquable réinterprétation de Whole Lotta Rosie. Pas donnée au premier venu après 2h30 de show… On jurerait écouter le skud Live Like A Suicide. Avis aux connaisseurs !

Alors, oui, Slash & Cie manquent. C’est évident. Le spectateur a parfois mal aux fesses en imaginant le guitariste au gibus, juché sur le piano lors du solo de November Rain. Mais Axl s’amuse de ces codes. Avant le final du titre, il boit une petite gorgée, repose le verre sur le piano. Lentement. J’ai 15 ans, devant mes vieilles VHS poussiéreuses. Le temps est en suspens. Axl regarde le public. Complice. L’attaque au piano est imparable, sublimée par le solo de D.J Ashba, cerné par les flammes. On pourra reprocher cette utilisation abusive de la pyrotechnie, ou la saluer. Heureusement, elle n’est pas là pour étouffer quelconque carence. Que ce soit Axl ou le groupe, tout est en place. Richard Fortus est impeccable, Ron Thal se perd moins en réappropriations hasardeuses. On reste néanmoins plus réservé sur D.J Ashba qui singe un peu trop Slash (chapeau, clope glissée entre les cordes de la guitare, gestuelle, etc).

Petit cadeau aujourd’hui. Don’t Cry est interprété intégralement. Axl assure toutes les lignes de chant, là où parfois il laissait davantage s’exprimer la guitare. Merci. Petit bémol, le remplacement de Shackler’s Revenge (un enfer à chanter Live) par IRS. Deux titres issus de Chinese Democracy. Toujours le même problème. Que proposer au public ?
Une version inédite de Knockin’ On Heaven’s Door ? Il faut l’entendre pour le croire. D’une étonnante sobriété, oserait-on dire. Dégagée de tous ses tiques de chants, la reprise prend une nouvelle dimension. La nostalgie est là. Le public s’époumone. Axl est heureux, souriant. L’image est belle.

Hormis le retard (prévisible quoi qu’on en dise), des vidéos d’illustration parfaitement inutiles, des moules boules et des kilts en moins, des couplets ralentis sur You Could Be Mine, il faudrait faire preuve d’une bien vilaine mauvaise foi pour pointer du doigt ce concert. Les trois heures de show passent vite. La dernière tournée était plus ennuyeuse. Le final se joue, comme d’habitude, avec Paradise City. Une boucherie. Le Zénith est encore plein à craquer, malgré l’heure tardive (01h10). La fosse est en lévitation. Axl semble possédé. Un phrasé de fou furieux. Il donne tout. Lancé de sifflets, explosions, cotillons, salut devant la foule. Comme il y a 20 ans… « Lille… Good… Fuckin’ Night… »

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