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La vie est un rêve au théâtre du Nord

Sigismond vit reclus au sein d’une tour, dont il n’est jamais sorti. Fils du roi Basile, il est né sous les plus noirs auspices : il serait responsable de grands malheurs pour le pays, raison pour laquelle son père l’a maintenu enfermé et ignorant de sa naissance. Mais voilà que Basile se décide à offrir une chance à son fils, il veut vérifier si l’homme ne peut pas être plus fort que son destin ; il fait alors transporter Sigismond à la Cour pendant son sommeil, et, à son réveil, lui révèle son origine mais lui précise bien qu’il doit savourer ce jour, car il est peut-être en train de rêver… Mais Sigismond en profite pour assouvir ses penchants, commet un meurtre, tente de violer une jeune fille, contraignant Basile à le renvoyer en prison. A partir de cet instant, Sigismond ne cessera d’avoir des doutes quant au monde qui l’entoure ; où est la réalité ? Est-ce sa prison ? Ou ce qu’il a vécu au palais ?


Le monde alors devient un théâtre, où tout n’est qu’illusion…
Loin d’affirmer que l’on ne peut se fier à rien, cela invite  le spectateur à réfléchir sur la valeur du rêve : si la vie n’est qu’un rêve, et que tout peut s’arrêter brutalement, il convient alors de bien rêver, ainsi que le constate Sigismond à la fin de l’œuvre.

L’œuvre de Calderon, baroque, fait circuler le spectateur dans de nombreux espaces : prison, palais, scène de nature ; comment mettre en scène une telle diversité ? Le choix de Jacques Vincey a été de jouer cette œuvre dans un théâtre épuré, capable de s’adapter d’une scène à l’autre au changement de lieu ; ce sont alors les jeux de lumières, quelques accessoires ou trouvailles (comme le creux sur la scène rempli de sable pour représenter la prison de Sigismond) qui permettent au spectateur de situer l’action. L’espace théâtral n’est occupé que par d’immenses parois vitrées qui vont progressivement tomber les unes après les autres, permettant de créer des ouvertures pour les entrées et sorties des personnages… Efficace, simple et surtout brillant ! Cela laisse sa place au texte et au jeu des acteurs.

Si certains passages peuvent paraître surjoués ou trop lents, à qui la faute ? L’œuvre de Calderon est difficile à représenter, le début de l’acte I, tout particulièrement, dont la langue, très soignée, contient de longs monologues aux accents poétiques. Il n’en demeure pas moins que les acteurs s’en sortent avec les honneurs et accomplissent une performance remarquable, à commencer par Antoine Kahan, dans le rôle de Sigismond : c’est principalement dans les scènes où il est enchaîné en prison que l’on mesure le talent de cet acteur qui offre un jeu à la fois très physique et d’une grande émotion. Enfin, Philippe Vieux, dans le rôle du valet Clairon, est redoutablement efficace et installe un comique qui touche tous les spectateurs.

Si la vie n’est qu’un rêve, alors rêvons avec les acteurs le temps de ce spectacle…

De Calderon, mise en scène de Jacques Vincey

A voir absolument au Théâtre du Nord du 15 novembre au 1er décembre

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