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Traverser la nuit (Durch Die Nacht) au Théâtre de l’Oiseau Mouche

Le petit chien est plus gâté que nous… Depuis que notre mère est morte, nous ne connaissons plus que le malheur… Le conte Frérot et Sœurette de l’allemand Grimm vient en esprit en assistant à la pièce de théâtre Durch Die Nacht. Anne marie Storme met en scène ses propres mots dans un décor sévèrement sobre. Deux adultes, qui sont avant tout les enfants de leur mère suicidée se perdent dans un labyrinthe de pensées. La pièce convoquée par le théâtre de L'Oiseau Mouche a résonné en cette journée du droit des femmes.

Il nous est seulement permis d'endurer. Dans un chaos ordonné de rouge et de noir, trois individus endurent leur souffrance chacun à leur manière. Une mère bientôt morte, une fille à vif et un fils résigné se trouvent à l'adresse qui accueillera le suicide de celle qui a donné la vie. Sur le plateau, se relaient dans une boucle temporelle la mère avant sa fin mais aussi, ses enfants après sa disparition. Nous n'avons pas une sensation de flash-back mais plutôt de deux temporalités différentes, deux présents qui se montrent.

Il nous est seulement permis d'endurer. Gangrénée par l'après-guerre, c'est la culpabilité que la mère allemande reçoit en héritage. Les vivants endurent le passé et les choix de leurs aïeuls. Au sol, un dédale écarlate amène à une voie sans issue et apparaît comme une succession de croix gammées mises bout à bout. Un cadre photo vide est posé sur un bureau... La mère organise sa solution finale. Le fils, plutôt résigné et passif face au drame est entre une mère et une fille révoltée toute couverte de culpabilité.

Il nous est seulement permis d'endurer. La fille endure sa culpabilité, croyant coupable d'avoir déclenché le choix de sa mère en lui tenant tête. Surtout ne rien leur reprocher. En répétant cette formule, la mère semble vouloir se convaincre elle-même. En s'opposant à elle, elle quitte le rôle de l'autre soi et la laisse face à sa solitude et son vide. Le décor si sobre, le cadre vide, la réverbération dans la voix de l'actrice Anne Conti, tout ceci soulignent le gouffre intérieur.

A travers la nuit, comme Hansel et Gretel semant les mots comme des cailloux, un frère et une sœur se perde dans le labyrinthe de pensées de leur mère. On peut se demander si la fille se révoltera ou se damnera, si le suicide a été vécu comme un acte de révolte ou de lâcheté face à la petite et à la grande Histoire.

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