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Mogwai + Pye Corner Audio à l’Aéronef

Sous les ambiances délicates et atmosphériques de Pye corner Audio, la salle se remplit doucement. 800 personnes sont attendues ce soir.
Ce n’est pas la première fois que Mogwai foule la scène de l’Aéronef, ni même la seconde d’ailleurs. En deux décennies de carrière, le quintet écossais jamais labellisé dernier cri, jamais périmé a su résister à l’épreuve des ans en se forgeant lentement mais sûrement un public de plus en plus conséquent. Du chemin il en a fait ! Traçant sa route au sein de la mythologie rock pour venir dessiner un post-rock tant sombre que magmatique, tant organique que métaphysique. Mais c’est surtout en se réinventant au fil des albums, parfois grands, parfois juste corrects que Mogwai est devenu une institution.

Très enthousiaste à l’idée de retrouver les auteurs de Hardcore Will Never Die, But You Will et plus récemment des Revenants, je me fraye un chemin au milieu d’une foule de trentenaires en quête de la place parfaite, pendant que les musiciens s’installent et testent leurs derniers effets dans la pénombre. Puis les premières notes de Heard About You Last Night retentissent dans un décor repris de la pochette d’album de Rave Tapes, dernier-né de la formation. On peut pressentir qu’ils vont frapper fort. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la pléthore d’amplis et de pédales d’effets. On s’attend à ce que les décibels fatiguent quelque peu les murs porteurs de la salle.
Stuart Braithwaite remercie sobrement le public de son accent au parfum des Highlands puis enchaîne sur I’m Jim Morrisson, I’m dead. La scène vire au rouge sang et les larsens se font entendre. L’angoissant mais eurythmique Master Card fait place au turbulant Ex-Cowboy, où chaque note, chaque son, chaque frappe a un rôle à jouer, une histoire à raconter et c’est ce qui fait de Mogwai plus qu’un bon groupe, un grand groupe.

Pour les amoureux de Hardcore Will Never Die, Le quintette choisit de continuer avec Mexican Grand Prix, attirant autant le sang que le sublime. La foule se délecte, les écossais se délient. Pour un groupe réputé être le moins déclamatoire du monde, Mogwai nous offre une prestation fiévreuse. Le bassiste Dominic Aitchinson hoche la tête sur le calme d’avant Big Bang et Stuart Braithwaite se contracte voire même convulse lorsque la batterie mitraille et les cordes s’emballent. Et c’est ce qui rend leur jeu de scène si fascinant, cette gestuelle de la retenue presque imperceptible qui contraste avec une puissance de son incroyable. Et lorsque le violon de Luke Sutherland vient à la rencontre des guitares tranchantes, le rendu n’en est que plus divin.

De Mutique sur How to be a Werewolf, le public devient mutin sur Friend of the Night, titre issu de leur album Mr Beast, cinquième album du groupe. Se succèderont ensuite, avec élégance, les distorsions de Rano Pano, les passages vocaux éthérés de Cody puis les non moins attendus beats acides de Remurdered, avant de clore le set sur les assauts corrosifs de We’re No Here, nous laissant au bord du vide.
Heureusement, Mogwai ne partira pas sans nous gratifier de plusieurs rappels. On se souvient de Deesh, un des meilleurs titres de Rave Tapes, où les guitares domptées viennent approfondir l’intensité des phrasés synthétiques, nous faisant voir des tensions dans la répétition et le noir en mille nuances. Mogwai fear Satan en guise de grand final, nous lancera quant à lui, un uppercut à chaque note. On se demande si on s’en relèvera.

On peut dire qu’en cette nuit du 3 avril, la bande à Stuart fut génialement inspirée. Aux textures électroniques obsédantes, se sont ajoutés les arpèges de guitares inspirées pour nous amener sans prévenir aux sautes de tension si caractéristiques du groupe. Mogwai a convoqué pour nous de multiples forces, nous dévoilant bien plus qu’un chapitre de son histoire. Entre rythmes métronomiques et foudroyants, agressivité minorée et sourde violence, les fantômes dantesques qui les hantent depuis leurs débuts nous ont ce soir-là rendu heureux.

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