Jason Lytle (Grandaddy) + Aaron Espinoza au Grand Mix

L'esprit de Grand-Papa est revenu nous hanter. Non, il ne s'agit pas d'une horrifique histoire de fantôme. Mais d'une réjouissante histoire de revenant. Marquée par le retour de Jason Lytle. L'âme, la tête pensante du groupe californien Grandaddy. Formation culte des années 90, malheureusement séparée en 2006. Un split qui aura chagriné de multiples fans, marqués à vie par la joliesse mélancolique des compositions du groupe, son univers singulier. Un deuil surmonté par l'écoute des deux albums solo de Jason : 'Yours Truly, The Communuter' en 2009 et le récent 'Dept Of Disapearance'. Et du disque d'Amiral Radley ('I Heart California'), groupe formé par le leader de Grandadddy et les membres d'Earlimart, Ariana Murray et Aaron Espinoza.

Ayant choisi ce dernier pour assurer la première partie de sa tournée européenne, on pourrait soupçonner Jason Lytle de faire preuve de pur copinage. Une méfiance très vite balayée d'un revers de guitare. Car ce choix semble surtout être motivé par quelque chose de plus profond. Une admiration mutuelle. Un lien spirituel et artistique.

La musique d'Aaron Espinoza offre en effet un pendant idéal à celle de Jason Lytle. On y retrouve ce même sens de la fragilité, de la délicatesse. Cette même sensibilité dans le chant. Avec des chansons tellement cristallines qu'elles en incitent à fermer les yeux. Pour se laisser bercer par leur subtile richesse mélodique. Et atteindre un état proche de la rêverie. Un set simple, en solitaire, mais d'une telle beauté qu'il donne envie de se plonger à cœur perdu dans la discographie de cet artiste tristement méconnu dans nos contrées.

Avec sa chemise à carreaux, son bonnet vissé sur la tête et son physique rustique contrastant avec la douceur de sa voix, Jason Lytle est (pour ceux n'ayant pas eu la chance d'assister aux quelques concerts de reformation de Grandaddy en 2012) tels que dans nos lointains souvenirs. Et l'effet que peut procurer sa musique résolument intact.

Le minimalisme est de rigueur : Jason en homme orchestre derrière sa guitare, son harmonica, ses claviers, ses pédales et son pote Rusty, à la guitare et au clavier, de l'autre côté de la scène. Les guitares sont éthérées, le piano épuré. De discrets bidouillages sonores viennent enrichir des morceaux qui se construisent comme de petits puzzles aux contours incertains. Jason Lytle semble dans sa bulle. Dans son propre monde. Mais il n'a aucun mal à nous y faire entrer.

Un univers musical bucolique, champêtre. Ayant fui la Californie pour le Montana, on devine à quel point les paysages montagneux de cet état, ses grands espaces, ont pu l'influencer  dans l'écriture de ses dernières chansons. Le froid et la neige sévissant à l'extérieur de la salle n'auront jamais été autant appréciés en cette période hivernale. Car les braver aura en effet contribué à offrir une porte supplémentaire  pour s'immerger totalement dans l'atmosphère du concert.

Et ressentir cette douce mélancolie qui traverse l'ensemble des chansons de cet héros de l'Indie-Rock américain. Des chansons mélancoliques. Mais pas désespérées. Car traversées de-ci, de-là de fugaces rayons de soleil,  d'indiscernables élans d'optimisme. Langoureuse, la musique de Jason Lytle s'écoute comme on regarde couler une rivière de montagne. L'esprit ailleurs. Des images plein la tête. Chaque chanson s'apparente ainsi un film personnel. Et acquiert une dimension universelle.

Avec son physique de bûcheron mal dégrossi, Jason Lytle aura encore une fois fendu le cœur de son public à la hache. Pas de doute. Ce mec est décidément un géant.

 

 

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