Great Mountain Fire + Ewert and Two dragons + Funeral Suits au Grand Mix

Le Grand Mix nous a un peu grondés dans l’hilarante lettre de rentrée accompagnant le programme une nouvelle fois hors normes de ce début d’année : nous n’avons rien déposé au pied du sapin alors qu’il a attendu cette soirée pour offrir trois groupes à ses abonnés en ne demandant que dix petits euros aux pauvres hères qui ne s’abonnent pas. Un Grand Mix plein à craquer nous fait apprécier l’incroyable durée de cette fin du monde annoncée en 2012 et qui n’en finit pas. Après une présentation enthousiaste du Grand Mix pour annoncer le programme 2013 aux abonnés et curieux musicopathes, la tournée Europavox a sonné fort dans la salle avec 3 concerts aux effluves charmeurs et hautement variés !


La soirée commence avec les très prometteurs Great Mountain Fire. La critique musicale est extrêmement bienveillante avec cette nouvelle promesse belge. « Merveilleusement limpide… les Phoenix belges » selon les Inrocks et autres « prescripteurs de tendance » (comment se lasser de cette formule lue quelque part, employée au premier degré !), le groupe propose sans complexe une pop fournie, riche, personnelle et chimérique. L’album « Canopy » fuse de mélodies accrocheuses, de synthé pop dansant. Metronomy, Talking Heads, Vampire Week-end et autres influences enrichissent la musique de ces bruxellois prêts à tout pour faire plaisir au public. C’est une salle pleine qui les a accueillis ce dimanche, un public conquis par la fraîcheur et l’enthousiasme du groupe. Une belle surprise que ce combo enjoué pour démarrer la soirée. Le sens du rythme, le sens du contact avec le public. Quant aux chansons Crooked Head, Late Lights ou Cinderella, elles pourraient bien devenir des hits désinvoltes et mélodiquement entêtants à souhait.
Le Grand Mix nous a fait le plaisir d’enregistrer quelques morceaux de leur prestation rayonnante : extrait  sur la page du Grand Mix. Sans oublier le partage de la belle vidéo live de Crooked Head :


Un interlude réjouissant a également surpris le public entre les concerts. Le Grand Mix a projeté des vidéos des groupes promis par la saison 2013. L’alléchante et subtile programmation visionnée par le public a fait mouche. Le Grand Mix devint soudain une ruche bruissant de Bees et de Bises de rentrée, Chacun y allait de ses choix futurs quant aux concerts programmés. Tout ? Tous les jours ? Et on vivrait là ?


Le timing parfaitement respecté, c’est ensuite Ewert and the Two Dragons qui a fait sensation. Lille La Nuit s’était déjà émoustillée de leur passage à la Péniche le 11 novembre 2011. Leur album folk sucré salé,
« Good Man Down » est un bijou surprenant de charme, à laisser infuser comme un thé exotique tant une écoute rapide provoque un ratage complet et fait ranger l’album au rang des futilités précaires. Leur prestation de novembre à La Péniche avait suscité en nous l’espoir de revoir sur d’autres vaisseaux cette révélation venue d’une autre contrée. Le groupe estonien de 4 musiciens (guitares vintage, batterie, basse, piano, xylophones et claviers) s’est adjoint sur scène trois cuivres qui ont pu restituer live toutes les subtilités et autres couleurs chamarrées de l’album. Le groupe est un véritable phénomène dans son pays, classé numéro 1 pendant plus de 6 mois, il débarque avec son folk balte nous rappelant que, mais oui, on fait de l’excellente musique dans tous les pays du monde. Élégant et précis, délicat et précieux, le groupe laisse une impression tout aussi excellente qu’à la Péniche, rehaussée d’un atout absolument majeur dans leur jeu : la salle du Grand Mix, tellement adaptée à une formation telle que celle-là que l’on a un instant le sentiment qu’on a d’abord mis les musiciens au milieu avant de construire tout autour d’eux pour que tout soit parfait. La salle commente beaucoup, les soirées découvertes amenant un flot de vrais curieux qui n’ont pas entendu trois notes avant de venir. Il y avait de la lumière, c’était au Grand Mix, ils sont entrés, ils ont eu raison, on a toujours raison. Très belle sensation aussi que de voir ces groupes qui semblent encore très éloignés des rouages rusés du show biz et des artifices véreux utilisés pour nous vendre n’importe quoi sous quatorze versions différentes.

 
 

Cette impression de légèreté et de fraîcheur ne fit pas long feu. On ne sait pas quelle mouche a piqué les Funeral Suits. Impression extrêmement étrange de voir le groupe arriver comme s’il investissait le Stade de France, tout de suite dans le rouge et en surrégime immédiat, poses de rock stars haranguant la foule de Wembley avec une grandiloquence qui ne cadrait pas du tout avec l’endroit. Vidant la salle de moitié, il faut admettre qu’il semblait aussi y avoir des fans très concernés restés pour eux. Leur album laissait présager une certaine emphase lyrique qui peut passer malgré la surabondance d’influences encore trop nettement perceptibles mais on avait l’étrange sentiment que ce n’était pas la bonne heure, le bon endroit. Debout sur l’ampli, batteur qui éclate littéralement ses baguettes sur les futs. Etrange. Les clips avaient montré un groupe soucieux d’une certaine mise en scène et elle peut parfaitement servir le show mais ce soir là, en tout cas, la machine donnait l’impression de tourner dans le vide, fort pour rien, vite pour rien. Synthés d’un autre temps, martellement de grosse caisse un peu longuet…Avouons que le rock héroïque est un genre à manier avec précaution, on est vite dans le pompeux, il vaut mieux être client d’avance. Bref, tout en trop. Les techniciens sons de Radio France ont une expression amusante pour ça : « Bourre la cantine », on en met partout, fort, et plus rien ne passe. Dommage, le chanteur a une voix intéressante, sur Hands down et son tissu plus acoustique par exemple. A revoir. Tout le monde peut rater un concert et il faut absolument porter à leur crédit une motivation sans failles. Les dinosaures odieux avec les journalistes et surtout avec leur public pourraient s’en souvenir. Leur album est ici, écoutable en entier et très peu cher à l’achat : http://funeralsuits.com/music. It’s your call!

 


Le Grand Mix, une nouvelle fois, remplit sa mission avec une véritable passion, inlassable, proposer encore et toujours. On est Place Notre Dame après tout. Comme le disent les amateurs de Northern Soul Anglaise : Keep the faith, catcha soon !

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