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Gong au Splendid

Celui qui viendrait par hasard au Splendid ce soir est vite mis au parfum. Dès les premières projections sur l'écran, l'ambiance est donnée : joyeuse, psychédélique, délirante, bien à l'image de la musique. Et pour cause puisque le groupe est également une communauté hippie où chaque membre a son pseudonyme. Le groupe a été fondé en 1967 par le guitariste Daevid Allen. Beatnick australien pur jus ayant débuté dans le free jazz, il embarque ses deux accolytes Robert Wyatt et Hugh Hopper dans Wilde flowers, qui deviendra Soft Machine en 1966. Le groupe se construit une solide réputation, fréquentant les mêmes salles que Pink Floyd. Soft Machine se voit réduit à un trio lorsque le visa de Daevid Allen est refusé. Le guitariste est alors contraint de rester en France, où il fonde Gong.

Le groupe en est à peu près à sa vingtième renaissance, après s'être appelé entre temps Planetgong ou Acid Mother Gong, ou avoir récupéré à l'occasion par le fondateur et batteur Pierre Moerlen en l'absence d'Allen, parti à New York. Gong ne s'est plus réellement interrompu depuis une reformation se voulant proche des débuts, en 1991. Le groupe avait notamment été réuni à l'occasion du Meltdown Festival de Londres en juin 2008, aux côtés de Massive Attack. La formation actuelle comporte Daevid Allen évidemment, mais également sa partenaire et co-fondatrice la chanteuse Gilli Smyth. On retrouve le génial Steve Hillage à la guitare et de ce fait Miquette Giraudy s'est ajoutée, au clavier et au chant. D'anciennes et nouvelles têtes également : Dave Sturt à la basse, Chris Taylor à la batterie et Ian East au saxophone et à la flûte traversière.

Soit des nationalités différentes pour une même formation, qui tient tout autant de la communauté hippie. Et un niveau en français tout à fait horonorable que Daevid Allen exploite pour communiquer quand le groupe tourne dans l'hexagone, avec une malice évidente. D'ailleurs, voir le groupe en France n'est pas un fait rare. Pour la tournée de leur sixième décennie d'activité, Gong est déjà passé par de nombreuses villes et festivals. Et il a encore des dates prévues à Villers, dans un auditorium de Paris ou encore un bar des Ullis. L'avantage d'une salle de taille moyenne réside néanmoins dans le fait qu'un décor est possible, ce qui plonge le spectateur dans l'univers délirant de Gong. Car Gong a une mythologie complète, détaillée sur leur site Internet, dont le point de départ serait une vision qu'eut Daevid Allen durant la pleine lune de Pâques en 1966. On retrouve ainsi un éleveur de cochon nommé Mista T Being dès l'album Flying Teapot ou encore Zero the Hero, le tout concernant la planète Gong.

Laquelle mythologie est présentée comme vérité, et illustrée à l'aide de nombreux costumes. C'est ainsi que face à un public hétéroclite, plus ou moins soixante-huitard, plus ou moins hippie, plus ou moins sérieux, Daevid Allen est apparu, toujours filiforme, affublé d'une tenue de gnome blanc. Pour voyager autour de la planète Gong, on le fait en théière et on donne dans le tribal, en se laissant porter par la voix de Gilli, 77 ans, qui n'a pour ainsi dire pas bougé. De son côté, Daevid s'amuse comme un fou, malin et espiègle, arborant des t-shirts à messages ("No, I'm not on fu**ing facebook" ou encore "Nobody knows I'm lesbian") et d'autres costumes de lutin ou d'extraterrestre. A la guitare également, et on sent l'influence de Pollock (University of Errors) ou noise quand Allen et Hillage se lâchent. Où le psychédélique rencontre le post-punk pour des évadées stellaires.

Si l'on est entré dans la danse avec Radio Gnome, évoquant 2032, on visite un peu toutes les époques et tous les styles. Gong a clairement une base psychédélique mais reste obstinément un groupe de rock progressif, qui se lance dans quelque embardée free-jazz quand il ne touche pas à une électronique parfois bien moderne pour un groupe quadragénaire. Pour preuve, un titre récent, Digital Girl, qui côtoie sans gêne You can kill me, Outer/Inner Temple ou encore Never Glid Before. Finalement, on reste gentiment en transe durant deux bonnes heures, après que le plus alien des groupes a lâché un magique You never blow Your Trip forever. Vous reprendrez bien un peu de thé ?

Setlist :

Radio Gnome (intro)
Oily Way
Outer / Inner Temple
She Is the Great Goddess
Dynamite / I Am Your Animal
Digital Girl
Yoni Poem
Dance with the Pixies
Escape Control Delete
Radio Gnome Invisible
Portal
Tropical Fish : Selene
The Year 2032
Wacky Baccy Banker
Never Glid Before
Flute Salad
Pinkle Ponkle
Magic Mother Invocation / Master Builder

Encore :

You Can't Kill Me
You never blow Your Trip forever

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