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Franz Ferdinand + Ryder The Eagle au Zénith de Lille

Franz Ferdinand et Lille c'est une longue histoire d'amour à distance. Comme le dit le neuvième Docteur, "Lots of planets have a North !" ("de nombreuses planètes ont un Nord !") et effectivement, on peut trouver des ponts culturels entre Glasgow et Lille, à commencer par le vent qui caractérise la file d'attente des deux salles de concert de cette taille de ces villes, quelle que soit la météo. En 2004 déjà, une foule attendait dès le matin alors que le premier album était sorti depuis un an. Le public est resté fidèle au groupe, l'a accompagné à l'Aéronef pour une date mémorable en 2009, en faisant la queue dès le matin, ou dans différents festivals comme à Dour sous la pluie en 2012 ou au Cabaret Vert. Difficile en cette période post-Covid de remplir les salles de concert, même pour Franz Ferdinand, donc on est soulagé de constater qu'il y a foule, même si le concert n'est pas complet.

Ryder The Eagle présente son nouvel album

La fosse est raisonnablement remplie et les gradins se remplissent peu à peu alors que la première partie, un Toulousain au style américain, étale ses franges et bondit dans tous les sens. Il s'agit de Ryder The Eagle, exilé à Mexico depuis quelque temps après une tournée avec Adam Green et la pandémie qui l'avait obligé à rentrer. La tenue mexicaine interroge quelque peu mais il n'en a que faire, il est là pour présenter son nouvel album, Follymoon, avant de repartir en tournée avec Adam Green. En attendant, il compte bien conquérir le public lillois, relativement charmé par ses chansons qui mélangent nostalgie et folie.

Franz Ferdinand de retour à Lille !

Après une pause, la playlist pré-concert de Franz Ferdinand invite les spectateur·ices à danser, entre rock, électro et disco, à l'image de Yes Sir, I Can Boogie de Baccara, qui déclenche le mouvement dans une foule habituée des concerts du groupe. Le public a aussi pris vingt ans et moins de pogos se déclenchent dans la soirée, ce qui n'est pas forcément un mal en comparaison des premiers concerts dans la ville. L'ambiance est en tout cas très bonne, toujours plus au centre que sur les côtés mais gagnant petit à petit les extrémités au fur et à mesure du concert. Il faut dire que le groupe joue la quasi-intégralité de son best-of sorti récemment sur double vinyle, Hits to the Head. The Dark of the Matinée succède à No You Girls. Les pieds décollent du sol, côté public comme côté groupe. Petite surprise pour les personnes n'ayant pas suivi les changements de membres comme on l'entendra après le concert. Nick McCarthy avait été remplacé en 2017 par Dino Bardot et Julian Corrie s'était ajouté aux claviers. Plus récemment un autre membre fondateur a quitté le groupe, Paul Thomson, remplacé par l'excellente Audrey Taits après une passation symbolique tout à fait amicale. Force est de constater que le groupe est soudé sur scène et sa bonne humeur est communicative. Ils ont appris à faire des gaufres chez Meert, apprend-on sur Instagram, et cela semble avoir été bon pour eux.

Outre leur bonne humeur, Franz Ferdinand font ce qu'ils savent faire de mieux, à savoir user de leurs charmes pour ravir leurs fans. Avec la classe naturelle qui le caractérise, le frontman Alex Kapranos utilise tout le français dont il dispose à ce moment pour lancer des chansons ou interpeller le public, alternant avec l'anglais quand il ne dispose pas du vocabulaire. Zénith de Lille oblige, on déplore particulièrement la qualité du son qui ne permet malheureusement pas de comprendre grand chose de ce qu'il se dit dès qu'on s'éloigne un tant soi peu de la console son ou des tout premiers rangs. La qualité globale du son, tant niveau voix que niveau musique, va d'ailleurs se révéler un frein à l'ambiance comme souvent pour ce type de concert (on se souvient de l'ambiance très mitigée au concert de Kasabian en 2012 pour en partie la même raison). Et pour avoir vu le groupe à de multiples reprises dans d'autres salles on sait que leur équipe fait ce qu'elle peut dans cette salle où les sons se diluent de manière désagréable. Comme le commente un jeune spectateur architecte à la sortie, "n'est pas Romain qui veut, on construit souvent de bien mauvaises arènes de nos jours". Vu le peu de détails sonores qui passent ce soir, on ne peut qu'approuver la remarque. On passe outre comme on peut pour profiter de morceaux plus récents, Curious, ou le dernier single Billy Goodbye. On devine plus qu'autre chose l'intro de titres comme Walk Away ou Do You Want To avant de se déplacer pour entendre un peu mieux les arrangements toujours léchés. Au lieu de parler, le groupe enchaîne ensuite les singles populaires : Always Ascending chauffe la salle, qui s'enflamme sur Lucid Dreams, Darts of Pleasure et Michael avant de former une seule voix sur Take Me Out, dont on ne s'est toujours pas lassés après approximativement 57849 écoutes au fil des ans. On devine encore l'intro de Ulysses dont les détails passent malheureusement à la trappe, surtout sur les couplets.

Alex rassemble à nouveau son français pour expliquer de quoi parle Jacqueline, et le groupe joue encore Outsiders avant le rappel et on remercie le public d'amplifier abondamment les chœurs. Les arrangements sont beaux et on attendra l'album live pour profiter pleinement des détails. Les membres se regroupent autour de la batterie et d'autres éléments pour jouer ensemble alors que la chanson s'étale dans une version longue. Un manque se fait sentir immédiatement quand ils quittent la scène. La pause n'est pas longue et quand Alex propose "une autre chanson ?", personne ne se fat prier pour réclamer le rappel. Après Right Action et Evil Action, et enfin The Fallen, dont on ne perçoit vraiment pas grand chose d'autre qu'une bouillie de sons, même devant, le public est invité à faire du bruit pour présenter les musiciens avant de faire démarrer This Fire. Comme il se fait en festival, les spectateur·ices se baissent complètement avant de bondir et hurler sur les paroles. Malgré les problèmes de sons vraiment gênants, tout le monde repart heureux. Well done, Franz Ferdinand, on espère vous revoir prochainement, de préférence dans de meilleures conditions.

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