Pionnier de la world music aux éclats de rire légendaires, le saxophoniste a écrit son succès mondial au trait d’union du continent africain et de la France.
Touché par la grâce musicale dès ses premières années, le petit Manu s’est forgé très tôt son âme de musicien, au gré des maîtres qu’il se découvre (Armstrong, Ellington, Young, Parker...), des errances dans des lieux où le jazz déchire voluptueusement les nuits, et des rencontres de hasard. Dans l’effervescence de l’Afrique des indépendances, une idée germe peu à peu au fil de sa vie de musicien d’origine camerounaise: inventer un patchwork tissé de conversations riches et fougueuses entre le jazz et les musiques du monde. Premier en France à défricher le terrain sur lequel la vague africaine prit ses aises, il enchaîne tournées et albums avec un enthousiasme jubilatoire et chaleureux, s’engage dans des combats humanitaires. Eclectique par nature et très à l’écoute des sons de son époque (dès 1972, avec Soul Makossa, premier tube francophone à faire chavirer les States), il va prendre un malin plaisir à détruire les chapelles musicales, bâtir des ponts entre les continents et jeter des passerelles entre la tradition et les sons du futur: il collabore ainsi avec Nino Ferrer, Serge Gainsbourg, Peter Gabriel, Sinead O’Connor, Youssou N’Dour ou encore Salif Keita. L’heure du bilan? Certainement pas! Car même à plus de 70 ans, Manu Dibango n’est pas prêt de raccrocher son sax shaker.
