« Zulu » : Thriller politique choc pour Orlando Bloom et Forest Whitaker

Synopsis : Dans une Afrique du Sud encore hantée par l'apartheid, deux policiers pourchassent le meurtrier d'une jeune adolescente. Des Townships de Cape Town aux luxueuses villas du bord de mer, cette enquête va bouleverser la vie des deux hommes et les contraindre à affronter leurs démons intérieurs.

© Eskwad Pathé

Critique : N’en déplaisent à certains, on doit la bonne surprise de la semaine à Jérôme Salle, le réalisateur des deux Largo Winch. Il est vrai que ses adaptations cinématographiques de l’œuvre de Jean Van Hamme étaient lourdement handicapées par le manque de charisme de son interprète principal Tomer Sisley.
Mais soyons juste : si ces films ne vont certainement pas entrer au panthéon du cinéma de genre, ils ne sont pas plus mauvais que la production lambda habituelle en provenance des majors US.

On peut remercier en tout cas Jérôme Salle d’être l’un des seuls metteurs en scène français à s’exprimer dans un cinéma d’action déserté depuis belle lurette dans nos contrées. Jusqu’à présent, le meilleur film de Salle, était son thriller Anthony Zimmer, interprété par les impeccables Yvan Attal et Sophie Marceau (remplacés par Johnny Depp et Angelina Jolie, dans un remake US de sinistre mémoire, The Tourist). Il faut désormais compter avec Zulu, qui s’impose comme une réussite du cinéma de genre.

Et comme tout bon film appartenant à cette catégorie, Salle se sert du genre et de ses codes (action, suspens, …) pour véhiculer des idées fortes. Notamment sur les conditions de vies des plus pauvres en Afrique du Sud et le racisme le plus écœurant qui sévit toujours au pays qui donna naissance à l’apartheid.

Adapté du best-seller du très populaire Caryl Férey (il suffit de voir l’accueil que lui ont réservé ses fans au dernier Arras Film Festival), tourné en grande partie avec une équipe sud-africaine, Zulu vous saisit dès les premières images pour ne vous lâcher qu’à la toute fin du générique. On est transporté par l’histoire de ces deux flics totalement largués qui vont se lancer dans l’enquête la plus complexe de leur carrière.

© Eskwad Pathé

La grande force de Zulu, c’est d’aller au bout de sa noirceur. Si le film fait montre d’une redoutable efficacité dans ses séquences d’action (bravo au montage de Stan Collet), si le spectateur est emporté par la science du découpage de Salle, il n’est jamais caressé dans le sens du poil.
L’univers du film est craspec. Les personnages principaux sont peu aimables (à l’instar de ceux du mésestimé Cartel de Monsieur Ridley Scott). L’espoir n’a pas droit de cité. La violence loin d’être complaisante est montrée sans aucune hypocrisie. Elle est l’une des composantes de cette société où règne les plus grandes injustices. Alors Salle la filme. Sans démagogie. Sans voyeurisme. Mais avec réalisme. Et si Zulu demeure avant tout un film d’une grande efficacité (c’est un compliment), si Zulu joue avec nos nerfs du début à la fin du métrage, c’est avant tout pour impliquer le spectateur dans un film au discours politique engagé.

On imagine déjà certains critiques faire la fine bouche et se pincer le nez devant un film qui n’oublie pas les règles les plus élémentaires du divertissement pour aborder un sujet aussi grave que les fantômes de l’apartheid.

Mais après tout, est-ce que de grands cinéastes américains comme Sidney Lumet ou Alan J. Pakula sacrifiaient l’efficacité au profit d’un cinéma bavard et pontifiant? De mémoire de cinéphile, ces metteurs en scène tout en racontant des histoires sérieuses et profondes, ne laissaient jamais le spectateur sur le bord de la route.

© Eskwad Pathé

C’est ce qu’a compris Jérôme Salle (et Julien Rappeneau qui signe avec lui l’adaptation du livre de Férey). C’est ce qu’a compris Alan Parker lorsqu’il s’est attaqué à la haine que propage le Ku Klux Klan avec son remarquable Mississipi Burning se déroulant dans l’Amérique des années 60. On peut d’ailleurs faire le rapprochement entre ce film et Zulu. Sur un sujet similaire, les deux œuvres se répondent à vingt-cinq ans d’intervalle.

Un dernier mot sur les interprètes du film. On sait depuis longtemps que Forest Whitaker est un grand acteur. Il le confirme une fois de plus. Jouant à la fois de sa force, de sa fragilité. De son ambiguïté, aussi. On était jusqu’à présent moins convaincu par les prestations d’Orlando Bloom. Il trouve enfin un rôle d’envergure avec ce flic alcoolo et déglingué. Sans jamais en rajouter dans la composition, il impressionne.

© Eskwad Pathé

Avec Zulu, Jérôme Salle affirme qu’il a réalisé son film le plus personnel. Devant la réussite de l’entreprise on est bien tenté de le croire.
Dire que l’on est pressé de découvrir le biopic qu’il prépare sur le Commandant Cousteau, The Odyssey, est un euphémisme.
En attendant, si vous aimez le cinéma populaire de qualité, précipitez-vous pour découvrir ce Zulu adoubé par Caryl Férey lui-même !

Affiche et film-annonce © Eskwad Pathé

Film interdit aux - de 12 ans avec avertissement.

Rétrospectives et horaires Plan-Séquence.

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