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Pierre Niney est « Un Homme Idéal » dans le thriller de Yann Gozlan

Synopsis : Mathieu, 25 ans, aspire depuis toujours à devenir un auteur reconnu. Un rêve qui lui semble inaccessible car malgré tous ses efforts, il n’a jamais réussi à être édité. En attendant, il gagne sa vie en travaillant chez son oncle qui dirige une société de déménagement… Son destin bascule le jour où il tombe par hasard sur le manuscrit d’un vieil homme solitaire qui vient de décéder. Mathieu hésite avant finalement de s’en emparer, et de signer le texte de son nom... Devenu le nouvel espoir le plus en vue de la littérature française, et alors que l’attente autour de son second roman devient chaque jour plus pressante, Mathieu va plonger dans une spirale mensongère et criminelle pour préserver à tout prix son secret…

UN HOMME IDEAL, un film de Yann Gozlan avec Pierre Niney et Ana Girardot

Mathieu (Pierre Niney) est-il réellement un homme idéal ? Réponse dans le film de Yann Gozlan.

 

Critique : A Lille La Nuit, on aime les films dits "d’auteurs" et les blockbusters. On aime les blockbusters d’auteurs (ça existe). Il est vrai que nous aimons aussi aller au ciné juste pour nous divertir. Mais on est surtout heureux qu’un film, qui s’avère être un bon divertissement, nous fasse nous poser des questions. Sur nous même, notre temps, ceux qui nous entourent. L’entertainment n’est pas forcément incompatible avec la réflexion.

Cette semaine voit la sortie d'Un Homme Idéal, tentative du jeune réalisateur Yann Gozlan de revenir à un cinéma de genre classique, classieux, que de grands metteurs en scènes ou de solides artisans français savaient maîtriser (René Clément, Jacques Deray, Henri Verneuil, …).

Des réalisateurs qui savaient raconter une histoire solide, faisaient des films du samedi soir - comme on disait -, qui ne laissaient pas le grand public sur le bord de la route car ils avaient l’ambition de lui offrir des œuvres aux thématiques fortes. C’était la grande époque du polar et du thriller à la française.

J’ai toujours aimé la tension et le suspense au cinéma. Sur ce film-là, je suis plutôt parti de thématiques autour de l’identité, du fossé entre ce qu’on est et ce qu’on rêve d’être, la difficulté de s’accomplir.

Yann Gozlan - Un Homme Idéal

Dans une célèbre brasserie lilloise, Yann Gozlan a parlé à Lille La Nuit de son amour pour les  films à suspense :

« J’ai toujours aimé la tension et le suspense au cinéma. Sur ce film-là, je suis plutôt parti de thématiques autour de l’identité, du fossé entre ce qu’on est et ce qu’on rêve d’être, la difficulté de s’accomplir. Il y avait aussi un questionnement sur la création. Je voulais évoquer tout ça dans un récit à suspense avec, j’espère, un film ludique où on est collé aux basques du personnage principal et où on se demande : Mais comment il va s’en sortir ? (…) Les thrillers d’aujourd’hui (que j’aime beaucoup) sont formellement très sombres. Et là, ce qui me plaisait, c’était de faire vivre le personnage qui vit un enfer (c’est intérieurement très dur) dans un décorum sexy, le plus glamour possible. De créer ce décalage-là. Ce qui, pour moi, rend le malaise plus présent ».

Le personnage principal, cet homme idéal du titre du film, c’est Pierre Niney. L'ex jeune sociétaire de la comédie française, fraîchement auréolé de son César du meilleur acteur pour Yves Saint Laurent, accompagnait Yann Gozlan lors de sa rencontre avec la presse. Dans le film, Niney incarne Mathieu, un jeune homme qui aspire à devenir écrivain et va le devenir en volant le manuscrit d’un autre. C’est le début pour lui d’une véritable descente aux enfers. A force de s’enfermer dans la spirale du mensonge, il devient meurtrier. On pense beaucoup au personnage de Ripley, créé par la reine du thriller Patricia Highsmith, et qu’avait si magnifiquement interprété Alain Delon dans le classique de René Clément, Plein Soleil.

P.Niney

Pierre Niney à Lille, le 10 mars 2015. Photo © Alexandre Marouzé/AMview

 

Les cinémas et les théâtres sont des endroits où on utilise le faux pour raconter du vrai. Et cette quête de vérité atteint son summum quand un film est réussi et qu’on en est heureux.

Pierre Niney - Un Homme Idéal

 

Nous avons demandé à Pierre Niney s’il voyait des rapports entre son personnage dans Un Homme Idéal et l’art de l’acteur :

« Le rapport se fait sur la création d’un personnage. Il crée un autre que lui. Il apprend tout ce qu’il peut sur la guerre d’Algérie parce que le roman qu’il a volé parle de la guerre d’Algérie. Il compose un personnage comme un acteur pourrait composer un personnage. Après, je n’aime pas du tout l’idée d’affilier les acteurs à des usurpateurs ou des menteurs. Je crois que dans l’art on est en tant qu’artiste, en quête de vérité. Ce qui va à l’encontre du menteur, qui essaie d’échapper aux règles de la réalité. Et puis on est dans une quête commune avec les spectateurs. Parce que ce que ce que vous venez voir dans la salle, c’est quelque chose dans lequel vous pouvez croire. Pour assouvir ce besoin de croire qu’on a tous et qui fait que l’art, même si c’est de l’illusion, est absolument nécessaire. Les cinémas et les théâtres sont des endroits où on utilise le faux pour raconter du vrai. Et cette quête de vérité atteint son summum quand un film est réussi et qu’on en est heureux».

Alors, justement, Un Homme Idéal est-il un thriller réussi ? On dira qu’on ne passe pas un moment désagréable. Belle lumière, travail sur les ambiances, jeu tout en finesse de Ana Girardot, seconds rôles talentueux (Marc Barbé, André Marcon, l’impeccable Thibault Vinçon). Le hic, c’est qu’on a parfois du mal à croire à cette histoire dont la mécanique narrative est un peu faible. Un thriller se doit d’être construit comme de l’horlogerie suisse, être d’une précision machiavélique. C’est ce qui manque à Un Homme Idéal. On ne ressent pas le trouble, l’angoisse, la peur. De plus, il nous a semblé que Pierre Niney - qui peut être très bon - a du mal à faire naître ambiguïté que demande son personnage.

UN HOMME IDEAL, un film de Yann Gozlan avec Pierre Niney et Ana Girardot

Dans le rôle d'Alice, Ana Girardot se montre une fois de plus impeccable.

 

Il n'est pas sûr qu'Un Homme Idéal, laisse des souvenirs impérissables. On est loin de Plein Soleil, et de beaucoup de grands classiques du genre qu’on a tant aimés. Il manque aussi cette cruauté envers la bourgeoisie qui faisait tout le sel (et le fiel) du cinéma de Chabrol. Cela dit, Yann Gozlan n’a pas la prétention de se hisser au niveau de ses maitres. Il n’en est qu’à son deuxième long-métrage, après Captifs.

Disons que si vous voulez passer un bon moment durant 1h45, Un Homme Idéal remplit tranquillement son contrat. Si, en revanche, vous attendez davantage du cinéma vous risquez de trouver le film léger et le temps un peu long.

En ce qui nous concerne, nous aurions aimé retrouver la veine d’une œuvre comme Harry, un ami qui vous veut du bien - le superbe film d’angoisse de Dominik Moll - auquel Un Homme Idéal fait parfois penser et que Pierre Niney a revu pour préparer son personnage.

Nous sommes cependant persuadés que le cinéma de genre hexagonal peut revenir au premier plan, aux côtés des spécialistes mondiaux que sont les américains. Espérons que les spectateurs aient l’envie d’aller voir ces films de jeunes cinéastes français, malgré leurs défauts. Car ils tentent de se réapproprier un cinéma que nous avons (hélas) quelque peu déserté.

L’équation est simple : pour que le film de genre existe en France et retrouve la place qu’il mérite, un long-métrage doit en entrainer un autre. Il ne peut y avoir de cinéma de genre s’il n’est pas collectif.

Un Homme Idéal de Yann Gozlan Scénario : Yann Gozlan, Guillaume Lemans, Grégoire Vigneron Avec : Pierre Niney, Ana Girardot, Thibault Vinçon, André Marcon, Valéria Cavalli, Marc Barbé

Affiche, photos du film et film-annonce  © Mars Distribution

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