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Fête de l’Huma – Jour 2

Deuxième jour. Le soleil brille davantage, la programmation est affolante. Le camping se réveille difficilement, des cadavres de bouteilles jonchent le sol, d’autres dépouilles plus humaines balbutient quelques grognements. Qu’importe les odeurs insurmontables qui envahissent les lieux communs… Les accès au site sont aujourd’hui saturés. Impossible de circuler normalement. Les alentours de La Courneuve sont bloqués. La rançon du succès. (De la gauche ?)

Jacques Daoud Revue débute le show sur la scène Zebrock très tôt dans l’après-midi. Le groupe incite le public à danser. Quelques pas de danse et direction la Grande Scène pour voir les Ogres de Barback. Beaucoup de monde sur le terrain de la Grande Scène pour profiter de l’invité surprise de l’Huma : le soleil ! Les Ogres ne comptent pas bercer le public mais l’invitent plutôt à la fête avec ses airs tziganes. Entre chaque chanson, ils évoquent des anecdotes de famille et de groupe. Après un morceau en arménien, ils parlent de leurs origines : « nous sommes de Cergy Pontoise ! » mais peu importe d’où nous sommes, ils nous rassemblent tous le temps d’une chanson. Des invités surprises se mêlent aux Ogres de Barback… Origines contrôlées ! Un mélange savoureux !

Origines contrôlées mettent les lèves tôt (16 heures tout de même…) à genoux. Un concert d’une efficacité redoutable. Le public danse et porte le groupe dans une communion de chaque instant. Adieu la France, bonjour l’Algérie. Quel plaisir de voir cette musique s’élever devant un public aussi réceptif. Idir, une référence et réelle inspiration, montera sur scène sous une salve d’applaudissement. Belle image d’un pays uni.

Sur la scène Zebrock, Mademoiselle K prend le temps de se préparer avec son groupe. L’attente en vaut le coup ! Quelle énergie sur scène ! Elle interprète bien sûr ses morceaux les plus connus « çà me vexe » et « je suis jalouse »… de quoi ? que « toi, tu ailles voir d’autres chanteuses après ce concert ! » dit-elle au public ! Les parties instrumentales avec ses musiciens sont très intenses.

Luke ne calme pas l’assistance de la Grande Scène. Les premiers rangs se souviendront longtemps de ce set incisif. La fosse se meut –meuh- sous un nuage de poussière qui donne au site une atmosphère de bataille rangée. Hasta Siempre ouvre les hostilités. Jamais la tension ne faiblira. La puissance de frappe du groupe impressionne. La sécurité aura fort à faire, les évanouissements se multiplient. Les pogos font rage. Des lances à eau sont mises à contribution pour rafraîchir une fosse compacte. Les titres du nouvel album (Les enfants de Saturne) passent haut la main l’épreuve du live. Soledad ajoute encore à la folie ambiante : « allez crie, juste pour voir », hurle Thomas. La Sentinelle fait mordre la poussière aux plus courageux. L’air devient vite irrespirable. Le titre revisité s’aménage des espaces de liberté pour mieux surprendre lors de sournoises accélérations de rythme. Les forts à propos Paradis Rouges mettent un terme à ce premier concert de Luke sur La Grande Scène de l’Huma. Gageons que cela ne sera pas le dernier.

Ayo, vient apaiser les esprits et déposer quelques nappes doucereuses avant le choc Razorlight. Une véritable invitation à la danse avec cette femme pleine d’énergie qui parvient aussi à faire chanter le public… Honneur aux filles avec la jolie Ayo ! Beaucoup se mettent à danser aux sons de "Down on my knees" ou encore "help is coming"... De la douceur, de la légéreté sous ce soleil... que demander de plus?

Le temps de redécouvrir les multiples attractions que propose le site : expositions, débats, théâtre… Quelques manèges à sensations accueillent même les courageux qui veulent rendre leur kebab ou leur plateau de fruits de mer… Tout dépend des finances. Aux stands régionaux, les sorbets coco, les ti-punch, la bière et le bon vin coulent à flots et sont à moindre frais ! Pour les petits creux ou les grandes fringalles, vous pouvez y goûter des mets du terroir mais aussi de tous les pays du monde, galette complète et Fest-noz à l’espace Bretagne, thé à la menthe et cornes de gazelle sous les tentures orientales du Maroc, Chine, Suisse, Iran, Liban, Brésil… Chaque recoin du festival est une mise en scène, un décor authentique et chaleureux ! Autant dire que le dépaysement est au rendez-vous !

Difficile de traverser les allées pour rejoindre La Grande Scène. Razorlight et Iggy Pop font le plein ce soir. Une marée humaine salue l’arrivée des britanniques. Rien comparé à l’ovation réservée à Johnny Borrell, le chanteur. Toujours aussi charismatique, il lance In the Morning avec rage. Le public rejoue Waterloo dans la fosse. De nouveau les Anglais nous en mettent plein la vue. Mais le phénomène à observer reste ce petit diable aux yeux bleus qui charment son public comme personne. Toutes les techniques sont bonnes pour envoûter, même les plus roublardes. Susurrer en français le classique Je suis venu te dire que je m’en vais n’est pas une méthode, monsieur ! Croiser le regard du malin dans de telles conditions, c’est succomber à ses attraits. Véritable transe chamanique, ce set de Razorlight restera dans les mémoires. Somewhere else, son clavier enivrant et sa batterie galopante est une véritable fuite vers un ailleurs. Ailleurs, où le célèbre « sex, drugs and rock’n roll » prend tout son sens.

Philippe Manœuvre en personne, introduit le groupe à suivre. Iggy Pop and the –« fuckin’ »- Stooges s’apprêtent à renverser la fosse. Le concert retransmis en direct sur France Inter est une tuerie de tous les instants. Impossible de retranscrire les réactions des fans, estomaqués. Iggy, la légende, torse nu, est heureux sur les planches, s’amuse avec les photographes, dévaste la scène, et descend auprès des fidèles. Une heure et quelque de réelle sincérité, d’abandon véritable. Un pur moment de plaisir partagé. Loose ouvre le show dans une atmosphère électrique, le public en panique ne contrôle déjà plus rien. Les mouvements de foule feraient presque peur. La sécurité est dépassée. De toutes parts, les corps tombent ; les cris font peine à entendre, d’autres malheureux vomissent avant d’être évacués. La guerre se joue derrière les photographes. Dès le quatrième morceau (TV Eye), Iggy descend en fosse alors que les journalistes ne sont pas encore sortis. La bataille est rude. Sueur et combat aux corps. Dieu que le rock est bon ! Libérateur de toutes les folies, Iggy en veut plus : « Alright you motherfuckers ! ». Sur le grand écran, le conflit fait rage. Les images affolent, angoissent. Comment tout cela va-t-il finir ? Sur scène, l’incendie ne s’éteint pas. Real Cool Time est le moment que choisit le maître de cérémonie pour faire monter la température d’un cran. Les fans sont appelés à monter auprès de lui et à partager le micro. Diable, ce concert nous rendra tous fous ! Sourires et pleurs, joie et douleurs physiques se lisent sur les visages des premiers rangs. Les Stooges sont toujours aussi mal élevés et bruyants. Crade et sexy, Iggy baise avec les enceintes, se mouille le corps et fait le chien libidineux devant des jeunes filles peu farouches. I wanna be your dog est reprise pour la seconde fois avant de laisser La Courneuve trempée de désir. L’étreinte fut bestiale. Le retour à la maison sera long et difficile. Un peu de mal à s’asseoir après pareille union…

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