Le Misanthrope au Théâtre du Nord
Mise en scène de Jean-François Sivadier
Molière ne fait plus beaucoup rire à notre époque… D’ailleurs, comment faire rire avec un sujet si sérieux que celui du Misanthrope, classé habituellement dans les « Grandes Comédies » de Molière, au même titre que Dom Juan ou Tartuffe, ces œuvres dont on n’attend pas un rire franc, mais plutôt un sourire ?
Alceste souffre de l’hypocrisie qu’il constate tous les jours dans les rapports humains, à commencer à la cour du roi ; or, pour son malheur, il est amoureux de Célimène, femme du monde, qui se plaît à jouer de ses sentiments. Alceste ne peut plus le supporter et veut se retirer définitivement du monde… Rien de drôle ici.
Et pourtant, la mise en scène et le jeu des acteurs ont permis à l’œuvre de Molière de retrouver sa portée comique. Outre le jeu d’Alceste (interprété avec talent par Nicolas Bouchaud), dont l’excès permet de comprendre tout le ridicule de cette misanthropie maladive, c’est avec les personnages secondaires que le comique retrouve sa place : les deux marquis, par leur voix et leurs costumes plus que surprenants, prennent une ampleur comique inattendue, de même que le personnage d’Oronte, dont le jeu de scène, affecté au possible, est lui aussi délectable !
Pour ceux qui ont lu l’œuvre avant d’aller au théâtre, on se fait une image de Célimène, de cette jeune femme coquette, qui cherche à plaire à tout prix… l’actrice choisie pour ce rôle – Norah Krief – peut surprendre, on n’est loin de la jeune fille naïve et coquette. Cependant, par son jeu assez franc et sans affectation, elle apporte une touche d’humour nouvelle au personnage et nous convainc très rapidement.
On peut souligner également l’aspect très esthétique de cette mise en scène : les couleurs noir et or qui dominent tant dans les costumes que dans le décor, les matières riches, les musiques choisies pour nous replonger dans l’atmosphère de la cour, tout concourt à créer une ambiance propre à emporter le spectateur le temps de la représentation.
Un spectacle à voir au Théâtre du Nord du 29 avril au 9 mai 2013
