Nader, jeune Afghan arrivé récemment en France vient de décrocher un travail : gardien de théâtre. Après une visite des lieux, la directrice lui remet les clefs du théâtre, et le prévient que des fantômes rôdent la nuit… les fantômes des personnages joués sur la scène.
Mais ce seront d’autres fantômes qui feront leur apparition : ceux des rêves et des cauchemars des Afghans qui vont venir lui demander de les héberger au théâtre pour cette nuit, terriblement froide. Nader a peur de perdre le travail qu’il a eu tant de mal à décrocher, mais comment refuser l’hospitalité à des compatriotes dans la misère alors qu’il fait si froid dehors ?
Tous s’installent rapidement, en silence, savourant déjà la nuit qu’ils pourront passer au calme et au chaud. Mais les souvenirs ressurgissent en chacun d’eux et prennent corps sur la scène. Le spectateur découvre alors des bribes des histoires de chacun : les raisons qui les ont poussé à partir de chez eux, les épreuves qu’ils ont dû dépasser pour arriver sur le sol européen…
Sans tomber dans le pathétique facile, cette création se propose de nous faire découvrir avec justesse, et parfois avec dureté, la réalité des expériences de ces hommes et de ces femmes au destin si bouleversant. Quel homme, quelle femme se cache derrière ce visage de l’immigré rejeté si implacablement par notre société ?
On rit beaucoup : le choc des cultures produit des situations surprenantes ; on est ému : certains souvenirs sont d’une violence qui ne peut que nous toucher ; on éprouve de la colère face à la bêtise des hommes ; ce spectacle vivant et très bien orchestré du point de vue technique nous tient en haleine pendant toute la durée de la représentation en même temps qu’il nous invite à dépasser les apparences et les préjugés sur ceux qui nous semblent si différents de nous, et à être, peut-être, un peu plus humain dans notre quotidien…
Création du Théâtre Aftaab sur une proposition d’Ariane Mnouchkine
Mise en scène d’Hélène Cinque
