Création collective du Théâtre Aftaab sur une proposition d'Ariane Mnouchkine mise en scène Hélène Cinque.
Avec : Haroon Amani, Aref Banuhar, Taher Baig, Saboor Dilawar, Mujtaba Habibi, Mustafa Habibi, Sayed Ahmad Hashimi, Farid Ahmad Joya, Shafiq Kohi, Asif Mawdudi, Wioletta Michalczuk, Caroline Panzera, Ghulam Reza Rajabi, Omid Rawendah, Shohreh Sabaghy, Harold Savary, Wajma Tota Khil
Constituée à la suite d’un stage animé il y a quelques années à Kaboul par Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, la compagnie afghane Aftaab crée des spectacles régulièrement accueillis par le Théâtre du Soleil à la Cartoucherie de Vincennes. Parmi les sujets de création récemment abordés, on trouve l’exil, l’immigration, le déchirement entre deux cultures, celles du pays d’accueil et du pays quitté. L’épique et l’intime s’y confondent souvent dans l’humour et l’émotion, hissant le témoignage du quotidien au rang du conte philosophique.
Note du metteur en scène :
Un hiver, quelque part en France. Un gardien et son théâtre à la charpente fragile et usée deviennent, pour une nuit, l’hôte et le refuge d’hommes et de femmes venus d’Afghanistan. L’oreille patiente des récits de ces occupants à la vie déracinée. L’abri inlassable des blessures et des douleurs. L’asile enfin, inattendu, des rêves et des espoirs que cette nuit d’éveil parvient à convoquer.
Ils ont pourtant une mine familière. Treize jeunes gens, qui nous regardent, avec un très léger retrait des yeux, avec une patience, qui ont de simples visages de livres. Nous les regardons et nous reconnaissons en nous une petite gêne : il faut le dire, nous ne nous attendions pas à une telle floraison – naturelle – de talents. (…) Quand on vient de les rencontrer, on se sent traversés par une joie inquiète, soulevés par un enthousiasme étonné, enivrés par le goût puissant de l’humanité. Il me revient à l’idée cette pensée difficile que peut-être le malheur, lorsqu’il s’en prend à nous avec des instruments de supplice politique, nous pousse à surélever la vie, à grandir, à inventer des forces plus fortes que le mal et plus fortes que nous-mêmes. (…) Il y a dans chacun de nos évadés l’héroïsme modeste qui vient au secours de ceux qui, un jour, ont dit instinctivement non au massacre de l’esprit. Et ce Non ! je ne me rends pas à la cruauté stupide et déshumanisante. Non ! Je ne renierai pas ma mère, mon père, mon frère, ma fiancée ! Ce Non ! décisif, qui prend le parti de l’amour contre la haine folle, il est le premier mot du théâtre. À peine a-t-on crié ce Non !, que s’ouvre la scène de la bataille, arène, tribunal : ce Non ! on le justifie, on le défend, on le brandit, on le nourrit d’actions et d’arguments. On est prêt à mourir pour lui, mais d’un mourir vivant, chantant. On rejoint l’immense armée des révoltés dans les siècles des siècles.
Hélène Cixous.
Dates et horaires :
Mer 26.03 - 20:00
Jeu 27.03 - 19:00
Ven 28.03 - 20:00
Sam 29.03 - 20:00
Source : Site du Théâtre du Nord.
Copyright photo : Michèle Laurent
vus
