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Ty Segall & the Muggers + Ausmuteants au Grand Mix

Si c'est au bord de la fébrilité qu'on va ouvrir la saison au Grand Mix, c'est toujours avec une pointe d'angoisse qu'on va fermer les portes en juin... On termine l'année avec les Australiens de Ausmuteants, leur énergie punk débridée et l'insaisissable Ty Segall, l'homme dont on ne peut rien dire de linéaire ou de définitif, ce compulsif de la production qui sort des disques comme autant de projets, de moments de son travail, saisis dans l'instant ou presque. Un chemin bardé de croisements complexes et de détours tortueux. On est extrêmement impatients. 

On n'a vraiment pas pu voir (non ce n'est pas le foot) la première partie mais en général, live, Les Australiens de Ausmuteants débaroulent furieusement sur scène et lâchent leur punk rock allumé, tournoyant à fond la caisse autour d'un synthé fou, une petite touche des Stranglers du tout début dans cette très étonnante répartition des rôles. Ça s'arrête au rôle étonnant du clavier dans un groupe aussi farouche mais c'est frappeur, extrêmement énergique. Évidemment, on les imagine assez peu discuter de l'équilibre fréquentiel ou de l'ajustement aléatoire de la lutherie sur certains instruments mais ça envoie. Juvénile et speed, hautement vitaminé. On se fera une bonne idée de leur son et de leur présence scénique en visionnant la captation proposée ci dessous. Un album chez Goner Records, paru en 2014. Synth Punk ? Pourquoi pas, après tout, on attend la Samba-Stoner avec une impatience olympique...

Que dire de la prestation de Ty Segall... La déception a été aussi cuisante que l'espoir de voir une vraie personnalité atypique était fort. Un petit concert, sale et mal fichu, un clown pas drôle qui fait absolument n'importe quoi comme prendre cinq minutes la place de son batteur pour l'envoyer beugler au micro des sons gutturaux inarticulés, jouer des suites d'accord un peu funk que même ses musiciens ne connaissent pas et quitter son public sans le moindre rappel au beau milieu de cette cacophonie. Quand on fait le guignol avec des copains, on fait ce qu'on veut... quand on joue au Grand Mix, que même le très peu loquace Bertrand Belin a pris soin de qualifier de Rolls des scènes françaises, on fait son travail. On pense, cinq minutes, aux gens qui sont dans la salle, qui ont roulé, payé, etc. Oui, quelques éclairs ont traversé le concert même si la puissance de feu du groupe a masqué beaucoup de déficiences. Vocalement, ce n'était pas tellement mieux,  alors on distord, on sature, on envoie du lourd, on joue de la basse en accords pour que ça vrombisse mais ça pète à vide. On lève les bras pour la conviction mais tout le monde sait bien qu'une atmosphère de concert, ça ne s'impose pas, ça se construit, il faut rentrer en phase avec son public, etc.  Ah si, quand même, c'était drôle de présenter l'un des deux guitaristes comme le bassiste des Stranglers. C'est vrai qu'il lui ressemble et ça permet de parler deux fois des Stranglers dans le live report. C'est mince.

On confond le n'importe quoi et le créatif, le distancié et l'approximatif, le cool et le rien. Un très mauvais soir, sans doute, complètement bâclé. La bière vole au premier rang, on slamme un peu... On n'a qu'une envie : partir. Dont acte puisque le "concert" semble littéralement écourté par le Ty au milieu d'un morceau qu'aucun musicien ne connaît. Seul le bassiste essaie de suivre en regardant les doigts sur le manche du leader des Muggers. Ça ne donne pas le change... Il n'a pas essayé de donner un concert moyen mais un peu pro. Aucun souci si c'est un soir ou rien ne tourne, ce n'est pas le problème, c'est l'essence même de la musique live et on aime vraiment qu'elle soit imparfaite. On a eu la terrible impression que c'était joué d'avance. On a vu des gens monter sur scène avec une crève de plomb et faire bien mieux, le chanteur de The Phantom Band, celui d'Archie Bronson Outfit ou Joe Jackson récemment au Sébastopol. Le métier, quoi. Les Muggers avaient pourtant l'air d'assurer... Heureusement, avec Ty Segall, on ne peut rien dire de linéaire ou de définitif.

Tant pis, on pense avec douceur à toutes ces heures passées dans la salle, arrachées à l'ordinaire et au quotidien mou, à toutes nos émotions, à certains concerts somptueux et surprenants, comme ceux, au hasard, de Get Well Soon ou de Nada Surf. On attend déjà impatiemment la soirée d'ouverture avec Chris Cohen, le 20 septembre. On fredonne en entendant le gazouillis tremblé des oiseaux de ce dimanche, End of the season des Kinks.

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