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The Internet + Beat Slicer au Grand Mix

Telle une entité cyborg, Beat Slicer investit la scène du Grand Mix. Articulé autour des platines, samplers et claviers de Charly Nine et de D. Lee K., ce projet lillois au nom évocateur, qui renvoie à la technique consistant à découper une boucle sonore en plus petites sections, vient en effet greffer à ses machines des sonorités plus organiques avec la présence du batteur Veeko et du guitariste Anto (déjà croisé au sein des excellents Green Vaughan).

Une alliance qui ne semble jamais forcée ou contre-nature. Les instruments ne s'effacent jamais derrière les machines, font preuve d'une réelle présence et réussissent à s'épanouir sur un canevas électronique. La fusion musicale est astucieuse, multiplie les ambiances et puise aux sources de divers genres musicaux (World, Jazz, Electro, Turntablism, Rock), sans se revendiquer de l'un d'entre eux en particulier. Purement instrumentale, la jonction opérée par Beat Slicer montre qu'elle a du corps, de l'esprit et du sens.

Aperçus pour la première fois en 2011 avec le label Odd Future, réputé pour héberger une légion de jeunes talents aux projets audacieux (Tyler The Creator et Earl Sweatshirt en tête), The Internet a su depuis tissé sa toile. Et apparaître comme l'une des figures de proue du Rn'B dit alternatif par son approche minimaliste et futuriste de la Black Music.

Singulier et passionnant sur disque, The Internet rame pourtant, ce soir, à convaincre. Évoluant d'ordinaire sur un fil tendu entre le commercial et l'expérimental, le groupe fait le triste choix, sur scène, de poser les pieds à terre pour marcher sur les chemins balisés d'un univers grand public. Peut-être par manque de moyens : leur jeune guitariste de 17 ans, n'ayant pas eu la possibilité de les suivre, manque cruellement à l'appel.

En formation réduite (deux claviéristes, un batteur et un bassiste), The Internet reste dans sa zone de confort et s'embourbe dans une synth-soul quelque peu artificielle. La grammaire complexe et inspirante développée en studio cède sa place à une trop grande linéarité. Sujet, verbe, complément. Couplet, refrain, couplet. Rien de plus. Le groupe déçoit par son manque d'audace. Une impression renforcée par un gros son de show à l'américaine. Noyant sous les effets d'échos le timbre de voix de la chanteuse, Syd Tha Kid, pourtant l'une des plus pertinentes modernisatrices du chant Soul. Empêchant ainsi toute émotion de se dégager.

Le concert, qui privilégie le dernier album en date, 'Ego Death', tourne très vite en rond. Et se termine, montre en main, au bout d'une heure précise. Sans aucun rappel. Mais avec un gros souci de connexion.

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