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The Dandy Warhols + The Blue Angel Lounge à l’Aéronef

A l’aube du nouveau millénaire, les Dandys étaient au sommet de leur extraordinaire côte critique qu’un magazine qui parle essentiellement de rock et de folk avait résumé sous la formule d’airain : « Le groupe que nous attendions tous ». Rien que ça. L’Angleterre était à genoux et on se souvient du parallèle hallucinant, opiacé et narcotique, que le film « Dig » traçait avec le groupe ami d’Anton Newcombe, Le Brian Jonestown Massacre. L’un attendait la gloire, l’autre la vivait à cent à l’heure. De fait, même s’ils ont largement dépassé le quart d’heure de célébrité Warholien que leur astucieux patronyme pouvait laisser craindre, les acolytes du brillant Courtney Taylor Taylor (si, deux fois) n’ont pas non plus dévasté les stades, ce qui leur a sans doute permis de ne pas sombrer dans un gigantisme qui vient à bout de n’importe quel groupe quand il n’est pas taillé pour ça. Ils remplissent régulièrement des salles de mille personnes et ont leur studio à Portland. Libres. Qu’en est-il donc, ce soir, à l’Aéronef, en 2012, de cette avant-garde dont Ionesco disait que le seul avenir était de devenir l’arrière garde ? Portlandia, le magazine qui cherche à débusquer tout ce qui se fait de « hip » à Portland ne s’occupe même plus d’eux et c’est finalement tant mieux, au-delà de la hype ne reste que la musique. On a d’abord emmené des petits frères soniques, les Blue Angel Lounge, qui tournent alternativement avec Le Brian Jonestown et les Dandys pour ouvrir le bal. La tonalité est là, on sent un son, une attitude, un potentiel mais à se situer presque trop exactement entre les deux en saupoudrant le tout d’une touche de Black Rebel Motorcycle club, on cherche une identité propre. On admettra aussi que 35 minutes et une sono de première partie, ce n’est pas la configuration idéale pour planter son décor personnel, d’autant qu’on cherche ici à tisser des climats et des constellations réverbérées dans des cieux psychédéliques. Pour aller Up in the sky, il faut parfois un peu de temps pour que l’ascension soit une réussite. Les Dandys ont ensuite débarqué sur scène, et ils ont su rondement attendrir les ardeurs impatientes du public bigarré, chamarré, solaire et coloré. Charmant de voir tant de pères, cinquantaine alerte, accompagnés de leurs rejetons. La plus belle victoire de la culture rock en général et des Dandys ce soir là, avoir tué les dernières barrières générationnelles ? Le fils, la fille qui demande au père, à la mère de mettre PLUS FORT les Dandys parce que c’est vraiment bien… Cool. Leur son est finalement classique et échappe à l’écueil du temps, peu marqué par une production typée. De quoi réfléchir longuement sur ce qui peut tuer une époque, un tic de production qui devient insoutenable par exemple. Les Dandys passent les années, tranquilles, sur la scène comme à l’enregistrement, avec grâce. Vieillir élégamment, une autre vision du dandysme warholien ? Surprenant de contempler la béatitude assumée d’autant de bandes d’amis de tous âges chantonnant par cœur les paroles, comme on partage un petit secret, en espérant que finalement, les Dandys ne deviennent jamais un groupe énorme. Le public, connaisseur, exigeant, lettré quant à son groupe, a été ensorcelé et vaincu par la classe naturelle du gang qui joue sans se la jouer! Toujours présent le son, toujours présente la voix, et un véritable déluge de sourires sur « Every day should be a holiday »… Complicité réelle, "they used to be friends, pas de show factice", on joue et it’s all about music. Pour le cirque, on repassera… Rien d’autre à ajouter, le concert était comme prévu… généreux. Belle communion qui touche au passage de témoin lorsque les Dandy les accompagnent en guests à la fin du concert leur première partie. Superfétatoire et brouillon, mais hautement rock. On reste dans l’esprit. Contrairement à ce qu’évoque la reprise de 16 tons sur le dernier album, complainte évoquant la vie d’un mineur, composée par Merle Travis en 1946, Les Dandys ne semblent pas avoir vendu leur âme au magasin de la compagnie. (I owe my soul to the company store)… Ils sont là. Encore. Toujours. Ravi que les Dandy Warhols soient finalement toujours là, tout simplement, on est rentré cool, après deux bonnes heures de leur prestation, enjoué à l’idée de cette distance amusée entretenue par le groupe, Cool as Kim Deal.  

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