Aujourd’hui4 événements

Scroobius Pip + B. Dolan au Club de l’Aéronef

Battle de barbes à L'Aéronef, en ce soir du 22 février.

Avec la venue de deux figures à la pilosité abondante du Hip Hop Underground actuel. L'Américain B. Dolan. Et le Britannique Scroobius Pip. Deux manières différentes, mais complémentaires, de tailler son ornement facial, d'élaguer les sons et de ciseler les rimes.

Chez B. Dolan, la barbe se porte à la taularde. Ou à la motarde. Virilement. Sur une carcasse de plus d'une centaine de kilos. Le mec, avec sa carrure de footballeur Américain, en impose. Impression renforcée par l'énorme corde de pendu portée autour de son cou d'une largeur presque bovine.

Un symbole permettant de se moquer des attributs bling-bling d'une certaine forme de Hip Hop. Commercial, superficiel, tapageur et d'une pauvreté sémantique et textuelle affligeante. Mais surtout une façon d'illustrer avec virulence la condition de l'Américain moyen. Un citoyen en sursis. Miné par les injustices sociales, le nivellement culturel par le bas et les dérives consuméristes. Des fléaux conduisant la société U.S. à sa perte, sa déchéance.

B. Dolan est un activiste. Au discours agressif et revendicatif. Mais non dénué d'humour. L'ironie est mordante. Les textes sont mis en scène avec un grand sens de la théâtralité. C'est à un véritable one-man show que se livre le MC. Une performance artistique. Lui permettant de déballer généreusement ses tripes sur des productions sombres, étouffantes et pesantes. De quoi ravir les fans de Sage Francis (par ailleurs ami et mentor du gaillard) ou des productions Anticon de la première heure.

Chez Scroobius Pip, la barbe, longue et broussailleuse, est nonchalante. Elle ne cherche pas à affirmer une quelconque virilité. Elle est plutôt le signe d'une Geek Attitude. D'une flemmardise empêchant de quitter l'écran de son ordinateur, sa console de jeux, ses bandes dessinées ou ses instruments de musique pour prendre soin de soi.

Le britannique appartient, en effet, à cette génération de jeunes blancs becs, initiée par les Beastie Boys, un peu NERD sur les bords, détournant les codes afro-américains du Hip Hop pour en faire une musique d'ado attardé, n'hésitant pas à y inclure des influences Rock, Blues ou Punk.

Remarqué avec son camarade Dan Le Sac lors de la parution de l'album 'Angles' en 2008, c'est en solo que, de son vrai nom, David Peter Meads, investit aujourd'hui la petite scène du Club. En solo, mais pas en solitaire. Il est accompagné, pour l'occasion, d'un guitariste et d'un batteur. Et, accessoirement, d'une bouteille de rosé.

A l'instar d'artistes anglais tels que The Streets, Speech Debelle ou Sound Of Rum, le bonhomme cultive sa différence avec le Hip Hop américain. De par son accent à couper au couteau, créant ainsi une diction bien particulière et délectable. Mais, surtout, en faisant le lien avec un des grands mouvements musicaux nés en Angleterre: le Punk. Une filiation qui s'impose d'elle-même. Le Punk et le Rap étant nés dans la rue, les quartiers populaires et partageant une même volonté anarchique, quand ils ne sont pas embourgeoisés, de porter un regard critique sur la société. Ce que les Clash, en leur temps, avaient bien compris avec leur ultime album, 'Combat Rock'.

L'hybridation fonctionne à merveille. Il se dégage de la prestation de Scroobius Pip une rare intensité. Les riffs de guitare sont incisifs, percutants. La batterie est martiale. Si bien, que chose rare pour un set Hip Hop, une majeure partie du public se met à headbanger et à lever le poing en l'air comme dans un concert de Métal. Particulièrement lorsque le MC pose son flow sur un riff emprunté à Black Sabbath. L'esprit des Rage Against The Machine n'est pas très loin.

L'intervention de B. Dolan sur deux titres est particulièrement appréciée. Et démontre, que malgré les différences, le Hip Hop alternatif américain et britannique sont profondément complémentaires.

Pas rasoir. Pas barbante. Bref, une soirée au poil !

Revenir aux Live report Concerts
A lire et à voir aussi
246 queries in 0,460 seconds.