Le nombre d'événements à Lille nous dispersant fatalement, on n'a pas toujours l'occasion de voir tous les groupes que l'on souhaiterait sur scène, même régionaux. Il serait pourtant très dommage de passer à côté de Vertigo, composé de Dark, Smoking et Moustache, pseudonymes de gens bien réels dont on croise parfois la trace dans les salles de la région. Le trio a sorti l'an dernier un EP, Like a Piston in your Head et foule les salles d'ici et d'ailleurs depuis déjà quatre ans. Première surprise : l'harmonie globale des instruments. Deuxième surprise : la qualité du chant et le rythme prenant. Troisième surprise, et pas des moindres, un son léché, prouvant la maîtrise des protagonistes, bénéficiant en outre de leur propre ingé son. On passe 45 minutes très agréables, à découvrir l'univers musical varié de ce groupe pop indéfinissable, qui communique beaucoup, peut-être pour éloigner le stress. Toujours est-il que ça fonctionne à merveille et qu'on en reprendrait bien une louche.
A tel point que ce qui va suivre sera moins enthousiasmant, coupé par un DJ set surprise de Stephen Mallinder, moitié de Cabaret Voltaire. Lonelady coupe un peu la dynamique. Les Mancuniens oscillent entre un funk-pop et un son plus froid, dont on percevra moins de traces ce soir que sur album. Si en écoutant l'album, on s'imaginait un peu virevoltant dans un club enfumé de Brooklyn, si ce n'est l'accent, sur scène ce soir on découvre un clavier timide, un bassiste-claviériste timide, un batteur pas plus présent et une chanteuse un peu sur la réserve. Et on se rappelle soudain l'atmosphère froide de Manchester. Si cela n'empêche pas tout le monde de danser, et que le son est toujours très bon, l'ensemble manque clairement de communication et de chaleur, sans doute plus par appréhension que par manque d'intérêt, le groupe étant relativement tourné vers le public, mais comme tapi dans l'ombre.
