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Local Natives + Weekend Affair + Love Like Birds au Grand Mix

Du local au mondial. Tel semble être la destinée du groupe Local Natives. Comme en atteste le sold-out étouffant qui règne au Grand Mix pour la seconde venue des américains, 3 ans après leur premier passage remarqué.

Énormément de chemin parcouru depuis. Un succès public et critique grandissant, des premières parties imposantes pour The National et Arcade Fire et un nouvel album, 'Hummingbird', acclamé également par les journalistes. La chrysalide s'est transformée en papillon. Au risque de se brûler les ailes.

Ouvrant devant un public clairsemé, la belle belge Elke De Mey et son projet Love Like Birds, est, par contre, encore loin d'avoir quitté son nid. Peu connue de ce côté de la frontière, c'est seule, simplement accompagnée de sa guitare, qu'elle monte sur scène. Par pure médisance mais aussi par léger ras-le-bol de ce revival Rock-Folk minimaliste actuel  qui commence à tourner en rond, on se dit : « Oh non, encore une qui va nous faire sa Catpower et nous sortir les flonflons du Flower-Power ». On sent déjà venir poindre à nos narines les odeurs nauséabondes des chrysanthèmes.

Grave erreur. C'est le printemps qui s'invite dans la salle. Quelques secondes et quelques pincements de guitare suffisent pour que Elke nous emmène sur son nuage. Sa voix est d'une beauté renversante. De celle qui donne la chair de poule. A la fois emplie d'une sensualité juvénile et d'une sagesse ancestrale. Rejointe par le contrebassiste Benne Dousselaere, ce petit oiseau fait planer avec talent ses mélodies aériennes et graciles. Une très belle surprise.

A peine le temps de s'en fumer une que l'on se retrouve devant un mauvais gag. Concocté par deux petits gars du coin : Cyril Debarge, le batteur du groupe lillois We Are Enfant Terrible, ici aux claviers, et le chanteur Louis Aguilar, pourtant très talentueux dans le registre Folk quand il officie avec ses Crocodile Tears. Sous le nom de Weekend Affair, les deux compères, à grands renforts de synthétiseurs, ont eu la mauvaise idée, de ressusciter l'esprit des années 80.

Leurs compositions et leur prestation rappellent en effet les heures les plus noires de l'histoire musicale. Quand la Cold-Wave et la New-Wave étaient au pouvoir et que d'abominables petits soldats comme Human League, le Depeche Mode des tous débuts, ou encore Soft Cell génocidaient le bon goût. Une époque heureusement morte et enterrée et qui mériterait qu'on la laisse six pieds sous terre afin que nos oreilles puissent reposer en paix. Sonorités Bontempi, boîtes à rythmes abrutissantes, chant désincarné, chorégraphies épileptiques, chemises blanches et gilets ringards, Cyril et Louis ressortent toute la panoplie. Ils semblent beaucoup s'amuser. Mais le spectacle est aussi passionnant que la vision de deux Yuppies excités reprenant en fin de soirée du Partenaire Particulier dans un karaoké de seconde zone.

Sous un tonnerre d'applaudissements, les geeks californiens de Local Natives font enfin leur apparition. Et quelle déception ! Alors qu'il y a trois ans, on aurait voulu bêtement les détester à cause de la hype dont ils bénéficiaient, histoire de faire le malin, de nager à contre-courant, ce soir, c'est malheureusement l'inverse qui se produit. On aimerait les aimer, continuer à être conquis mais c'est la tristesse, puis la colère qui prennent le dessus.

Désolant d'observer un groupe perdre tout ce qui faisait son charme. Sa sensibilité. Sa fragilité. Sa sincérité. Son authenticité. Tout cela est envolé. Finie la joliesse cristalline. Les mélodies célestes. Le groupe adopte un son massif, gonflé d'orgueil. Les geeks ne veulent plus être relégués dans le fond de la cantine. Et ambitionnent d'être invités aux plus grandes tables. La batterie est sur-amplifiée et les guitares suintent d'affreuses substances anabolisantes. Leur approche de la scène trahit leur envie de gloire. Techniquement, c'est irréprochable et appliqué. Mais la magie a disparu. Les Local Natives donnent simplement l'impression de vendre leur âme au diable. Ou aux dieux des Stades. Qu'ils semblent avoir l'ambition de remplir. Rageant. D'autant plus que le public est réceptif. Les fans déçus du début seront donc remplacés par d'autres. Désormais, pour asseoir sa conquête, il ne reste plus au groupe qu'à vendre une de ses chansons pour une campagne de pub à grande échelle. Le papillon s'est transformé en vilain rapace.

Putain de mondialisation !

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