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IAMX au Splendid de Lille

Rarement le Splendid n'aura vu une file d'attente aussi longue et fiévreuse, étonnant les riverains mais également les agents de sécurité de la salle, pourtant habitués à un public avide de concerts. C'est que le public de IAMX semble discret mais pourtant fidèle et particulier, à l'image de l'esthétique du projet artistique. Beaucoup de noir dans la foule, dans les cheveux comme les vêtements. Des gothiques, des métalleux, des amateurs de new wave, il y a un peu de tout mais l'ensemble semble homogène, et on pense au terme "black swarm" venu du monde des fans de Depeche Mode. Il y en a, d'ailleurs, sans surprise, de ces acharnés qui font la queue à l'aube, pour les deux groupes. L'habitude. Du côté des langues, on surprend du flamand, du néerlandais, de l'allemand, de l'anglais, au milieu des locaux. C'est que la tournée est plutôt limitée à l'ouest de l'Europe et si on veut voit plusieurs dates, il faut se déplacer. Les gens se regroupent, ravis de se croiser : si on ne peut pas parler de messe noire, du fait de la bienveillance des volontés, il s'agit bien d'une célébration en noir. C'est l'occasion pour beaucoup de se retrouver à l'occasion d'un concert alors que la géographie est d'ordinaire source de séparation. C'est plutôt une bonne chose car, manque de première partie oblige, on a du temps à tirer avant que IAMX n'apparaisse sur scène. On ne sait bien s'il faut employer le singulier ou le pluriel : s'il s'agit avant tout du projet solo de Chris Corner, cofondateur de Sneaker Pimps dans les années 90, il bénéficie de la collaboration sur album et sur scène de plusieurs membres additionnels, dont la participation active de Janine Gezang depuis The Alternative, aussi bien sur scène depuis de nombreuses années que pour des supports, ayant par exemple même co-dirigé une vidéo en 2013.

Toujours est-il que ce soir, quatre personnes sont sur scène : outre Chris et Janine, on trouve Sammi Doll aux claviers et aux chœurs et Jon Siren à la batterie. Comme les photographies des premiers morceaux le montrent, le groupe va commencer son set dans une ambiance plutôt sombre. Les habitués ne seront pas surpris, le groupe ayant déjà poussé le vice jusqu'à jouer dans le noir complet quelques années auparavant. Depuis quelque temps, ce n'est plus du tout le cas, et la scénographie est certes sombre, mais très travaillée, ce à quoi aucun cliché ne peut vraiment rendre justice. Des projections sur des écrans tordus s'ajoutent aux jeux de lumière et une performance physique également aboutie. L’ambiguïté sexuelle, au cœur du projet dès les paroles de chanson et l'image du groupe, a toute sa place, dentelles et vêtements moulants en avant pour tous les genres. La danse et les attitudes complètent la scène pour un tableau à la fois sombre et sensuel. Si le groupe a toujours joué sur ce type de représentations, complété par des jeux de masques, il a atteint depuis quelque temps une dimension supérieure dans ses mises en scène.

Grande coiffe ornée de plumes sur la tête, Chris Corner ouvre le bal avec No Maker Made Me, et le très efficace single Happiness. La tournée fait de manière logique la part belle au dernier album en date, sorti fin 2015, et son addendum, Everything Is Burning. La setlist se révèle proche de celle du concert de Los Angeles, juste un tout petit peu plus courte après vérification. C'est un détail quand on constate le soin apporté à la performance en elle-même. Quand le très populaire Nightlife débute, on se sent emporté dans un tourbillon. Le travail sur le morceau est époustouflant et il s'étire délicieusement. Les plus timides oublient le monde et se meuvent. Les variations concernent à la fois les morceaux récents comme les plus anciens, à l'image de You Stick It In Me, très peu joué à l'époque de Kiss + Swallow mais présent sur toute la tournée dans une version longue et addictive.

Addictif, c'est peut-être LE mot de la soirée, quand on se laisse emporter à nouveau dans cet univers familier et qu'on se rappelle à quel point le bizarre et la marge sont délicieusement en fête à travers ces concerts, où le mot alternatif a encore un sens. D'Insomnia à Kiss + Swallow, on se demande où est passé le temps. Quand Oh Cruel Darkness Embrace Me se fait entendre, on songe à y laisser notre âme, après mûre réflexion : "It’s a fucked up world and it’s driving my poor heart crazy !" Le mot de la fin ? This Will Make You Love Again. Well, it's my pleasure.

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