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Bonobo à l’Aéronef

Belle affluence en cette fin d'après-midi estivale à l'Aéronef de Lille. Une foule avide de prendre sa dose de Downtempo avec le groupe Bonobo, une des formations phares du label britannique Ninja Tune, grand pourvoyeur de sonorités électroniques avec des artistes aussi divers que Mr Scruff, Coldcut, The Herbaliser, Amon Tobin ou encore Kid Koala.

Une certaine excitation se fait ressentir. Il s'agit en effet du tout premier passage dans la région Lilloise du projet créé par le DJ britannique Simon Green. Un projet au départ principalement voué aux samples et échantillonages et qui, au fil des années, s'est enrichi d'une sonorité plus organique en faisant appel à de véritables instrumentalistes. Les DJ sets ont donc laissé, peu à peu, la place à d'authentiques concerts avec Live Band. Le retour du groupe, après un silence discographique de près de 4 ans, ainsi que la forte chaleur extérieure s'invitant dans la salle, accentuent la fébrilité ambiante.

Pour faire patienter le public, DJ Aziz, derrières ses platines et ses machines, livre un set intéressant, liant entre elles diverses atmosphères musicales, Funk, Soul, Hip Hop, House, Ambiant... en faisant preuve d'une grande érudition et d'une belle technique.

Il est approximativement 19 heures quand les musiciens de Bonobo font leur entrée sur scène sous les acclamations du public. Une légère déception se fait ressentir. La formation n'est pas identique à celle que les parisiens ont eu la chance de voir le 13 avril au Trianon. Pas d'instruments à cordes. Ni violons. Ni violoncelles. Tant pis. On se passera de l'ambiance symphonique, qui pourtant est un des charmes principaux des compositions du groupe. Plus grande déception encore quand monte sur scène la chanteuse, Ruby Moore. Elle est mignonne. Elle a un bel organe. Mais ce n'est pas Andreya Triana, présente sur le dernier album, Black Sands, excellente chanteuse découverte par Simon Green, qui a également produit le hautement recommandable album solo de la belle, Lost I Where Belong. Andreya étant aussi au rendez-vous lors de la date donnée dans la capitale, on ne peut s'empêcher de penser, encore une fois, que les provinciaux sont considérés comme un public de moindre importance par certains artistes. Et de se sentir floués...

Mais cela ne semble nullement gêner le public Lillois qui savoure pleinement le concert, se laissant bercer par les douces mélopées et réagissant avec enthousiasme aux tubes du Bonobo Live Band: « Between The Lines », « Flutter », « Pick Up », « Days To Come »... La sensualité des compositions s'accorde parfaitement à la moiteur exceptionnelle de ce chaud printemps. L'aspect narratif, les textures cinématographiques de l'ensemble, proches des travaux du Cinematic Orchestra, invitent à la méditation et au rêve.

Mais, même si le concert est des plus plaisants, les plus critiques ne peuvent s'empêcher de faire la fine bouche, échaudés par cette formation au rabais. On ne perçoit aucune prise de risque. Les structures musicales ne diffèrent que rarement de celles élaborées sur les albums. On huile la machine mais on ne cherche pas à la faire évoluer. Simon Green, chef d'orchestre du projet, tantôt à la basse ou aux machines, ne tente pas d'approfondir les subtiles expérimentations perceptibles sur le dernier opus, les atmosphères à la limite de l'Abstract rappelant les créations cosmiques de Flying Lotus. De plus, Ruby Moore, bonne chanteuse au demeurant mais au timbre trop classique, a bien du mal à faire oublier la voix sensuelle et Jazzy d'Andreya Triana ou le timbre chaud et enivrant de Bajka, présente sur l'album Days to Come.

Sympathique donc ce concert de Bonobo. Mais pas de quoi avoir la banane aux lèvres et grimper aux arbres pour faire le singe à la sortie. Dommage...

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