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Band Of Skulls + Kapitan Korsakov au Grand Mix

Les formations anglaises ne sont jamais aussi bonnes que quand elles s'éloignent du lourd héritage des Beatles. Et qu'aux influences Pop, elles leur préfèrent des sonorités purement américaines, issues du Blues et du Rock. The Rolling Stones, The Faces ou Led Zeppelin l'ont brillamment démontré dans le passé.

Choisissant eux aussi d'aller rivaliser avec leurs cousins américains, les trois musiciens de Band Of Skulls, originaires de Southampton, en apportent une nouvelle preuve. Ce power trio, constitué de Russel Marsden à la guitare et au chant, d'Emma Richardson à la basse et au chant et du batteur Matt Hayward, est très rapidement devenu un des chouchous de la presse musicale. Fortement impressionnée par les deux albums du groupe, 'Baby Darling Doll Face Honey' et le récent 'Sweet Sour', celle-ci ne tarit pas d'éloges et de comparaisons flatteuses: Kings Of Leon, The White Stripes, The Dead Weather ou encore The Black Keys.

Apparaissant sur les bandes originales du film Twilight et des jeux vidéos Gran Turismo et Guitar Hero, le succès est également public. Comme le prouve la jolie influence au Grand Mix en ce soir du 18 mai.

En ouverture, le groupe Kapitan Korsakov. A qui on ne saurait, malheureusement, que trop conseiller de rendre les armes. Car, en voulant être le nouveau Nirvana, leur bataille est perdue d'avance. Et cause de trop nombreux dommages collatéraux. C'est presque gêné que l'on assiste à la prestation de ce combo belge. A grand renfort de décibels, de guitares saturées, de sonorités distordues, d'énergie Punk et de chant torturé, Kapitan Korsakov tente de reproduire ce qui faisait la force du groupe culte de Seattle. Les ingrédients sont là... Mais tombent lamentablement à plat. Le capitaine fracasse uniquement les tympans. Avec une dévotion d'une naïveté adolescente, il se vautre dans une caricature poussive du Grunge des nineties.

L'approche de la scène et de la musique des Band Of Skulls n'en paraît que plus mature. On sent leur volonté de ne pas décevoir les fans. D'offrir un concert de qualité. Les jeux de lumières sont soigneusement étudiés. Le son est juste parfait. Rendant justice à chaque instrument.

On retrouve en live ce qui fait le charme des deux albums. Cette sensation de grand huit musical nous faisant incessamment passer d'un morceau explosif aux riffs de guitare inspirés ('Sweet Sour', 'Bruises', 'The Devil Takes Care Of His Own', 'I Know What I Am'...) à un autre beaucoup plus calme et intimiste. Faisant alterner le feu et la glace sans que le résultat ne soit tiède. Bien au contraire.

Le groupe impressionne par sa virtuosité. Chaque musicien maîtrise son instrument à la perfection. Russel est impérial à la guitare. Son jeu volatile, passant avec aisance de l'incandescence à la plénitude la plus totale, s'inscrit dans la grande tradition des guitar-hero des Seventies. Une décennie qui semble également avoir visiblement fortement marqué le batteur avec son jeu puissant et viril, rappelant celui de John Bonham.

Mais la véritable force du groupe, sa principale marque de fabrique, se trouve dans l'union des chants de Russel et d'Emma. Deux voix qui se font écho, se répondent et se rejoignent dans une incroyable complémentarité, que ce soit dans le registre Rock ou celui des ballades. Ces deux voix étaient faites pour se rencontrer. Tant leur mixité semble naturelle.

Le concert de Band of Skulls, techniquement, musicalement, vocalement est irréprochable. Pourtant, paradoxalement, c'est là que le bât blesse. Il manque un grain de folie dans l'interprétation des morceaux. Le groupe est tellement dans la maîtrise qu'il ne se lâche jamais réellement. Ne cherche pas à salir le son de certaines chansons pour les rendre encore plus poisseuses ou électrisantes. La spontanéité est absente. Une impression renforcée par le manque d'interaction avec le public, l'absence de dialogue et une attitude trop statique. Le Rock est là. Mais pas le Roll.

Les Band Of Skulls confirment qu'ils sont d'incroyables musiciens. Il ne leur reste désormais plus qu'à jeter leur trop grande sagesse aux orties pour devenir également des bêtes de scène.

 

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