C’est un véritable coup de cœur de la part de LillelaNuit pour ce petit ovni métaphorique, qui interroge le sens de la vie à travers le partage de la musique. NANDI n’est pas seulement un film, c’est une expérience : un voyage intérieur et extérieur, une danse entre tradition et invention, entre maître et disciple, entre rêve et réalité.
Le documentaire NANDI : un voyage musical et initiatique en Inde
Bijou fragile et lumineux, ce documentaire s’adresse aux amoureux de la musique, mais aussi à tous ceux qui cherchent, un jour ou l’autre, à tendre l’oreille vers quelque chose de plus grand qu’eux. A ne manquer sous aucun prétexte !
Avec NANDI, le réalisateur Ben Flinois nous entraîne dans un voyage sensible au sud de l’Inde, où la musique devient langage universel, passerelle entre les êtres et les cultures. Entre temples, tumulte des villes et immensité des plages, le film suit Pascal, musicien en quête de renouveau, guidé par son maître Suresh. Plus qu’un documentaire, NANDI est une traversée initiatique, un récit sur l’apprentissage, la patience et la magie de la création collective.
À travers ce film, Ben Flinois interroge ce que signifie hériter, transmettre et créer, sans jamais trahir la tradition, mais en cherchant à l’habiter autrement. Un chemin qui rappelle d’autres récits de quête musicale, tels que Buena Vista Social Club de Wim Wenders ou encore Gimme Shelter des Maysles, où la musique devient vecteur de mémoire, de rencontre et parfois de bouleversement intérieur.
Projection du film documentaire NANDI de Ben Flinois, le vendredi 10 octobre 2025 en avant-première à la Gare Saint Sauveur de Lille, à 18h30.
LillelaNuit a eu le plaisir d’interviewer le réalisateur et l’acteur de Nandi.
L'interview du réalisateur Ben Flinois
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis un réalisateur lillois. Cela fait maintenant 20 ans que je travaille aux côtés des musiciens. C’est une activité qui m’a toujours passionné et m’a permis de voyager dans pas mal d’endroits. Mon parcours s’est essentiellement construit en réalisant de nombreux clips et captations de concerts. Puis un jour est venu l’idée d’entreprendre un format plus long. NANDI était le projet idéal pour ça.
Votre aventure de réalisateur semble épouser celle de Pascal : un long chemin semé de doutes, d’éclaircies et de rencontres. Diriez-vous que NANDI est aussi votre propre voyage initiatique ?
Il y a effectivement des similitudes avec l’aventure de Pascal, mais ça je l’ai découvert au fur et à mesure de la fabrication du film. Au tout début, je ne pensais pas que ce projet prendrait autant de temps et d’implication. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble, tant avec Pascal qu’avec les autres personnages du film, Suresh, Stefan... En Inde mais aussi en France. Ce que je peux vous dire c’est que j’ai appris énormément au fil de toutes les étapes. NANDI a été pour moi une aventure au sens propre comme au figuré. En ce qui concerne le doute, je pense que c’est une composante parfois inconfortable mais indispensable au processus de création. Sinon à quoi bon ?
La musique traverse votre film comme une force invisible, à la fois ancrée dans le sacré et ouverte à l’imprévu. Avez-vous puisé dans des récits cinématographiques ou documentaires (je pense à Buena Vista Social Club, par exemple) pour nourrir cette approche ?
Buena Vista a été pour moi une découverte vraiment marquante. L’année de sa sortie, je l’ai vu et je me suis dit « plus tard c’est ce que je veux faire ! » J’y ai beaucoup pensé lors du tournage, même si je me suis empêché de le visionner à nouveau pour ne pas m’influencer. Ceci dit, vous l’évoquez aujourd’hui... peut-être parce que le souvenir est encore très imprégné. J’ai même essayé de refaire certains plans que j’avais en mémoire, que je pensais intégrer au film, comme un clin d’œil. Ils ne sont finalement pas dans la version finale du montage... Je vais vous faire une confidence : j’aimerai beaucoup faire parvenir NANDI à Wim Wenders. Ne serait-ce que pour le remercier. Sait-on jamais, s’il nous lit...
Entre tradition millénaire et jaillissements de création, comment avez-vous trouvé la juste cadence pour que le récit garde sa vérité tout en devenant universel ?
J’ai essayé de capter le rythme des personnages du film. Leur respiration, leur manière de bouger... Jusqu’à ce que cela devienne le propre rythme de NANDI. Peut-être que tout le monde n’a pas la chance de vivre les mêmes aventures et rencontres que Suresh ou Pascal. Pour autant ce sont des choses réelles et accessibles, même si elles approchent souvent du mystique.
À quel instant avez-vous su que la matière filmée s’était métamorphosée en histoire que la quête intime de Pascal pouvait devenir une offrande pour les spectateurs ?
C’est un déclic qui a mis du temps. Pascal m’avait souvent parlé du rêve qu’il avait fait avant son premier voyage en Inde. C’était devenu une obsession alors que je ne savais pas comment le mettre en images, comment le restituer le plus justement possible. Et un beau jour... nous avons filmé le même trajet qu’il avait fait quasiment dix ans plus tôt. Comme une tentative de remonter le temps. Eh bien tout ce qu’il m’avait décrit précisément, tout ce qu’il avait vécu... Tout, absolument tout s’est déroulé comme dans son rêve. Voilà toute la magie de l’Inde. C’est une part du film qui m’a permis de relier tout le reste.
Peut-être que tout le monde n’a pas la chance de vivre les mêmes aventures et rencontres que Suresh ou Pascal. Pour autant ce sont des choses réelles et accessibles, même si elles approchent souvent du mystique.
Ben Flinois, le réalisateur
Quelques questions à Pascal, le personnage principal
Pascal, qui êtes-vous ? Un acteur ou un musicien ?
Je suis musicien, bassiste. Dans le film si je suis acteur, c’est dans mon propre rôle. On a passé tellement de temps avec Ben que j’ai pu oublier qu’on était filmé. Pourtant, ce n’était pas facile au départ, notamment ces longs plans de marche en solitaire.
On vous voit partir “à l’aube d’un nouveau départ”. Qu’attendiez-vous de cette traversée vers l’Inde : une réponse, une échappée, un signe ?
C’était une époque de ruptures, je crois que j’avais envie de me mettre en mouvement, de faire ce voyage que j’avais en tête depuis longtemps. Le premier de ces sept voyages a été une expérience profonde et pleine de sens.
Votre rencontre avec Suresh résonne comme un passage de relais entre deux mondes. Comment a-t-elle transformé non seulement votre musique, mais aussi votre façon d’habiter le silence ?
Rencontrer Suresh, c’était me confronter à un maitre, dépositaire d’une culture millénaire d’abord en tant qu’élève, puis au sein de Nandi en tant que bassiste et compositeur et finalement en produisant deux disques et une vidéo live. Tout ça m’a obligé à m’écouter, à découvrir et accepter qui j’étais musicalement.
Dans le film, l’erreur devient bénédiction, l’imperfection une respiration. Comment avez-vous appris à laisser ces fragilités vous guider, plutôt qu’à les combattre ?
Ce que j’ai appris c’est à être préparé à l’imprévu. En Inde, rien ne se déroule exactement comme prévu, dans la vie comme dans la musique. Accepter ça, c’était un vrai défi ; ça nécessite d’être ouvert à l’autre, au moment, à la surprise et de laisser place à ce qui est…
Aujourd’hui, après ce voyage, sentez-vous que votre quête s’est accomplie ou bien que le vrai chemin commence seulement ?
Je continue à cheminer, notamment en donnant une suite à Palace sessions, un EP de basse acoustique solo qui a constitué le prolongement de cette quête d’une identité musicale, qui était au centre de l’aventure NANDI. Je me sens toujours en train de préparer une nouvelle saison de cette série…