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« Télé Gaucho »: Comédie engagée !

Synopsis : Tout a commencé lorsque les caméscopes ont remplacé les caméras. Faire de la télé devenait alors à la portée de tous.
Jean-Lou, Yasmina, Clara, Adonis et les autres ne voulaient pas seulement créer leur propre chaîne de télé, ils voulaient surtout faire la révolution. Ainsi naquit Télégaucho, aussi anarchiste et provocatrice que les grandes chaînes étaient jugées conformistes et réactionnaires.
Cinq années de grands foutoirs , de manifs musclées en émetteur pirate, de soirées de beuveries en amours contrariés, de sitcom de quartier en baston avec les flics, de foutages de gueule en interminables discussions politiques, de scissions dramatiques en misérables tromperies.
Et ce fut ma parenthèse enchantée.

 

© Michael Crotto

« Télé Gaucho » est le troisième long-métrage de Michel Leclerc, réalisateur remarqué du succès totalement inattendu « Le Nom des Gens » (qui valut également le César de la meilleure actrice à Sara Forestier) et du moins célèbre, mais très réussi, « J’invente rien » avec Kad Merad et Elsa Zylberstein.

Avec « Télé Gaucho » nous sommes en terrain conquis. Michel Leclerc signe un nouveau film sur l’engagement, les idéaux, très orienté à gauche. Vous voilà prévenus.
Mais ce film, loin d’être un tract militant, est surtout l’occasion pour Michel Leclerc de raconter avec beaucoup de tendresse et pas mal d’ironie son aventure à Télé Bocal, télévision parisienne de proximité.
Mais, attention ! « Télé Gaucho » n’est pas non plus un docu-fiction. C’est avant tout du cinéma populaire, dans le bon sens du terme. Et c’est surtout très drôle.

Contrairement aux deux premiers films du réalisateur qui se concentraient sur l’histoire de deux personnages, « Télé Gaucho » est un portrait de groupe. Une sorte de film choral qui rappelle les grandes heures de la comédie italienne.
Il n’est pas interdit de voir en ce film, un descendant de certaines œuvres très engagées politiquement de Mario Monicelli, Ettore Scola et surtout, Elio Petri. Le retour d’un cinéma politisé en France, c’est tout de même une bonne nouvelle. Et c’est à saluer.

De prime abord, « Télé Gaucho » semble moins maîtrisé que « Le Nom des Gens » au niveau de l’écriture et de sa mise en scène. De prime abord, seulement. Cela vient essentiellement du côté « bordélique » du film. On a parfois l’impression qu’il se cherche, part dans tous les sens. Mais c’est ce qui fait tout son charme. C’est surtout totalement volontaire de la part de Michel Leclerc et en accord avec l’histoire de cette communauté emmenée par Eric Elmosnino (souvenez-vous, Gainsbourg dans le film de Joann Sfar, c’était lui).

© Michael Crotto

Ces gens en lutte contre HT1, une chaine de télévision au capitalisme sauvage (tout le monde a compris qu’on parle de TF1), sont assez mal organisés. Plus le film avance, plus le rôle de chacun semble mal défini. Michel Leclerc porte un regard distancé, critique et caustique sur ce petit monde auquel il a appartenu. Finalement, ces gens remplis de bonnes intentions, épris de liberté et de justice sociale se montrent très vite intolérants, imbus de leur personne. Avec « Télé Gaucho » on n’est donc pas dans un film « gauchiste » dans tout ce que cela peut avoir de caricatural. Même si Michel Leclerc, encore une fois, exprime très clairement ses préférences politiques.

Mais ce qui fait avant tout le sel du film, c’est bien évidemment, toute cette troupe que Leclerc dirige à merveille. Sara Forestier est pétillante. Elmosnino, en meneur de bande tête à claques, est absolument génial. Maïwenn en pasionaria qui bouscule tout sur son passage est une nouvelle fois  épatante. Zinedine Soualem dans le rôle de Jimmy, l’ex-acteur porno, est hilarant. Et puis, il y a la révélation Félix Moati. Ce jeune acteur démontre ici un réel talent. Il est sympathique, prometteur, a un tempo inné pour la comédie. Il emporte l’adhésion. Lui, c’est sûr, on va le suivre de près.

© Michael Crotto

« Télé Gaucho », loin d’être le film pour bobos qu’il semble être, est donc une jolie réussite. Une fois de plus, il souffle un vent de liberté sur le cinéma de Michel Leclerc. Et dans une production française parfois sclérosée, c’est franchement revigorant.

Affiche et film-annonce © UGCDistribution

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