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Rétrospective Ernst Lubitsch

Villeneuve d'ascq voir la carte

Horaires: 18:00 - 20:00 : La Poupée
20:00 - 22:00 : Haute Pègre
18:00 - 20:00 : Ninotchka
20:00 - 22:00 : Jeux dangereux

Prix : Gratuit

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Rétrospective Ernst Lubitsch au Kino Ciné les 13 et 14 septembre 2022.

Ernst Lubitsch, un maître incontesté de la comédie sophistiquée

Né à Berlin dans une famille de tailleurs juifs, Lubitsch fit ses premières armes au sein des studios de l'UFA avant de partir à la conquête d'Hollywood où il devint le maître incontesté de la comédie sophistiquée.

Cet hommage 75 ans après sa disparition s'ouvre sur La Poupée, film de sa période muette allemande, et offre de (re)découvrir trois films incontournables : Haute pègre (1932), premier d'une éblouissante série de chefs-d'œuvre ; Ninotchka (1939), où retentit pour la première fois à l'écran le rire de Greta Garbo ; et Jeux dangereux (1942), où la tirade shakespearienne se fait charge antinazie.

4 films projetés lors de cette Rétrospective

- LA POUPÉE - 18h
TITRE ORIGINAL : DIE PUPPE - Copie du film fournie par la Fondation Friedrich-Wilhelm-Murnau à Wiesbaden.
CINÉ-CONCERT
Ernst Lubitsch | Allemagne | 1919 | 68 min | D'après l'opéra d'Edmond Audran
Accompagnement et improvisation au piano : Jacques Schab
Avec Ossi Oswalda, Hermann Thimig.

Le jeune Lancelot, prié de prendre femme contre son gré, trouve refuge dans un monastère et accepte un curieux stratagème proposé par les moines pour détourner la dot : épouser une poupée automate.

- HAUTE PÈGRE - 20h
TITRE ORIGINAL : TROUBLE IN PARADISE
Ernst Lubitsch | États-Unis | 1932 | 83 min | VOSTF
D'après la pièce de László Aladár.
Avec Miriam Hopkins, Kay Francis.

Gaston et Lily forment un couple d'escrocs hors pair. Le vol d'un sac permet à Gaston de s'introduire chez la séduisante Mariette Colet, riche veuve dont il tombe amoureux.

- NINOTCHKA - 18h
Ernst Lubitsch | États-Unis | 1939 | 110 min | VOSTF
D'après une histoire originale de Melchior Lengyel.
Avec Greta Garbo, Melvyn Douglas.

Une austère commissaire politique soviétique est envoyée à Paris pour ramener dans le droit chemin trois collègues chargés d'écouler dans la capitale française des bijoux saisis durant la Révolution bolchévique, mais qui se trouvent mener grand train.

- JEUX DANGEREUX - 20h
TITRE ORIGINAL : TO BE OR NOT TO BE
Ernst Lubitsch | États-Unis | 1942 | 99 min | VOSTF
D'après un sujet de Melchior Lengyel, Ernst Lubitsch.
Avec Carole Lombard, Jack Benny, Robert Stack.

Alors que l'armée allemande a envahi la Pologne, une troupe d'acteurs polonais se trouve engagée dans de périlleuses actions de résistance, avec pour meilleure arme leur talent et pour atout la bêtise des dignitaires nazis.

ERNST LUBITSCH, DRÔLE DE TOUCHE

Avec une concision toute lubitschienne, François Truffaut l'a résumé d'une formule : « Lubitsch était un prince ». En titrant ainsi son célèbre article de février 1968 (Cahiers du cinéma, n° 198), écrit juste après la grande rétrospective de redécouverte organisée par Henri Langlois à la Cinémathèque française, Truffaut insistait sur la place que Lubitsch accorde au public : « Pas de Lubitsch sans public mais, attention, le public n'est pas en plus, il est avec. Il fait partie du film. »

Il ne s'agit pas seulement de le respecter, ce qui est la moindre des choses, mais d'exiger de lui une participation active. Et Truffaut de citer le fameux dîner d'Angel (1937), entre le mari, la femme et l'amant, avec l'assiette qui revient vide en cuisine (le mari avait faim, il a mangé sa côtelette le cœur léger), celle qui n'a pas été touchée (la femme n'a pas pu, ça ne passait pas) et celle de l'amant - qui a découpé sa viande façon puzzle sans en avaler un seul morceau. Filmer le retour des assiettes à l'office et les commentaires des domestiques plutôt qu'un dîner déchirant : un exemple, parmi tant d'autres, de la « Lubitsch touch », grand art du récit, donc de la mise en scène. A la solution narrative répertoriée, toujours préférer une échappée inédite, jamais envisagée auparavant. Lubitsch ou la révolution permanente. Dans le même film, longtemps mal considéré, un élégant mouvement d'appareil suit l'amant (Melvyn Douglas) qui va acheter un petit bouquet de fleurs à une pauvre vieille femme. Nous restons sur eux, Douglas sort du cadre, et nous l'entendons crier : « Angel ! Angel ! » Il ne la retrouvera que lors du dîner des côtelettes. Nous restons sur la vieille - qui a assisté à toute la scène dérobée à notre regard. Elle a les larmes aux yeux. Qui deviennent les nôtres. Elle va ramasser le bouquet au pied du banc, le remet dans son panier et s'éloigne. Angel (Marlene Dietrich) n'a pas eu le temps matériel de disparaître du parc, diraient « nos amis les vraisemblants ». Mais au cinéma, l'idée est plus forte que la vraisemblance. Surtout quand elle s'accompagne du détail trivial qui tue : le bouquet ramassé et remis dans le panier. Oui, Lubitsch était un prince, « qui se donne un mal de chien, qui se saigne aux quatre veines et qui va mourir du cinéma vingt ans trop tôt. »

LES ORIGINES DE LA « TOUCHE »

Mais il lui a d'abord fallu échapper à la « konfektion » berlinoise. Né en 1892, le petit Ernst est destiné à travailler dans l'entreprise paternelle, « Etablissement des ateliers pour manteaux de dames », qui ne devait pas être très éloigné de la maroquinerie Matuschek de The Shop Around the Corner (1940). Après des études correctes, il se lance et avoue à son père qu'il n'aime que le théâtre. Selon une version : « Alors le vieux Lubitsch se décide à dire à son fils quelque chose qui lui est très difficile. Il l'entraîne vers le miroir devant lesquels les mannequins se changent. » Regarde-toi un peu ! Et tu veux faire du théâtre ? Je ne dirais rien si tu étais joli garçon ! Mais avec ta tête ? « Ernst Lubitsch se tait. » (Ernst Lubitsch, Cahiers du cinéma / Cinémathèque française, 1986) Il sera commis (nul), comptable (nul), fera du théâtre, jouera Molière et Shakespeare et sera admis dans la troupe du grand Max Reinhardt. Au cinéma, dès 1914, il invente son emploi : le petit commis juif qui met la pagaille. Mais c'est bientôt la guerre et le public se lasse de l'ersatz berlinois de Charlot. C'est comme ça qu'Ernst Lubitsch devint cinéaste. Par nécessité. Huit ans plus tard, après le succès américain de Madame Du Barry (1919), il débarque à Hollywood, à la demande de Mary Pickford, avec une douzaine de films à son actif. Longtemps méprisée, cette période allemande frappe d'abord par sa diversité. Tout y passe, de l'adaptation de Carmen (1918) au manifeste théorique (Die Puppe, 1919), en passant par le mélodrame « égyptien » (Die Augen der Mumie Mâ, 1918) et les fresques historiques (Du Barry et Anna Boleyn, 1920). Mais les deux chefs-d'œuvre allemands sont Die Austernprinzessin (La Princesse aux huîtres, 1919) et Die Bergkatze (La Chatte des montagnes, 1921), deux films auxquels il a été longtemps de bon ton de reprocher l'épaisseur du trait, voire la grossièreté.

 

Frédéric Bonnaud

En partenariat avec la Faculté des Langues, cultures et sociétés, le Kino-Ciné et le Goethe Institut Lille. Une proposition du Département d'études germaniques.

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