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Timber Timbre + Last Ex au Grand Mix

Quand un artiste aussi authentique que Taylor Kirk est dans un soir comme ça, on désespère de savoir écrire la moindre phrase qui rende hommage à ce qu’on a vécu : un grand concert. Non, pas un bon concert, pas un très bon concert, quelque chose de grand, de plus grand que ce qu’on a vu et entendu, une expérience que l’on ramène à la maison, que l’on emporte avec soi, qui va devenir lentement mais sûrement une cellule supplémentaire de notre ADN musicale. Ce mystère proche de la note bleue qu’on va pêcher à chaque concert mais qu’on remonte rarement dans ses filets. C’était immense et majestueux, intense et fiévreux, posé et emporté, bancal et incroyablement solide, un fleuve musical puissant, organique et lent, des eaux denses charriant tous les sentiments humains.

Le groupe de première partie, support act étant rapidement corrigé par Taylor Kirk lui même en first part, avait posé ce climat sombre, musique d’une imaginaire promenade au cœur d’une mine d’or désaffectée de l’Ouest américain, une oreille parfois tendue vers Tom Waits. La musique de Last Ex a été créée au départ pour last Exorcism 2. Sic. C’est intéressant et exigeant, le public est réceptif mais c'est d’un abord un peu difficile. Les bandes-son, ce n’est jamais mieux qu’au cinéma. On reconnaît déjà le toucher sensible et arpégé de Simon Trottier, fidèle lieutenant du capitaine Kirk.

Lorsque Taylor Kirk revient sous la bannière de Timber Timbre, on est une première fois stupéfaits. Il avait joué assis, sous le bonnet, n’avait pas voulu qu’on serve au bar pour ne pas jouer trop fort, au Grand Mix en 2011, lorsqu’on l’avait découvert avec vous.

Il est debout, découvert, basse en main et avance sur scène d’un pas décidé et autoritaire, pleinement dans son rôle, une vraie densité physique en étendard. Le groupe va immédiatement passer le message, ils sont éblouissants, soudés, et jouent au millimètre. Le vaisseau va décoller en moins de cinq titres, tous issus du dernier album et emmener toute la salle. Il ne se stabilisera qu’à très haute altitude, très au-delà des nuages. Ces rares concerts où personne ne reste à quai, où l’extérieur n’existe plus, lorsque la salle devient zone franche.

Taylor et Simon tissent de savantes toiles pour un public qui n’est pourtant pas instantanément conquis, public qui finira par lui adresser des applaudissements qui redonneront tout leur sens au mot rappel. Le terme anglais « Encore » a parfois des allures de petit tour de piste obligatoire après une fausse sortie toute calibrée. Taylor passera la tête par le rideau après le dernier morceau pour y voir une salle complètement chavirée, encore tout là haut, s’accrochant aux notes de Low Commotion ou de Beat the Drum Slowly.

On croit qu’on va terminer avec Creep on Creepin’on mais non, Taylor va voir les musiciens et leur annonce de nouveaux titres à jouer. Rien de prévu. En partant, Simon Trottier remercie d’ailleurs en français le Grand Mix, la salle tout autant que l’équipe et Taylor l’avait dit clairement, It’s good to be back. Le succès critique et public (encore un sold out pour l’équipe du Mix !) l’a manifestement rassuré, apaisé et libéré. Taylor égrène quelques accords très rock’n’roll, seul à la guitare, des accords qui font penser au jeu simple et innocent d’un Buddy Holly. Ces dernières notes délivrées nous rendent à nos vies, celles qui reprennent toujours leurs droits sur le trottoir de cette salle splendide mais nous repartons différents, le son magnifique en tête et le répertoire parfait de cette set list immaculée, harmonisée par le live. Deux heures de beauté noire et lumineuse, projetant encore ses ombres claires sur nos vies nocturnes.

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