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Kylesa + Circle takes the square + Ken Mode à l’Aéronef de Lille

Un contrôle de police inopiné (et parfaitement injustifié) gare Lille Flandres vous privera du récit du début de concert de Ken Mode. Les trois brutes jouent sans artifice dans la salle de l'Aéronef, lumières blanches frontales et c'est tout ; on supposera donc que l'entrée fut assez sobre. La mise en scène est particulièrement efficace et rentre-dedans : en triangle batterie-basse-guitare, chacun dans son coin et tout le monde beugle, bourrine et crie tout ce qu'il peut.

La musique de Ken Mode est à la croisée entre post-hardcore, stoner, sludge et gros rock 'n roll de bâtard (à prononcer en mâââchant le premier "a"). Le guitariste-chanteur, de temps en temps appuyé par le bassiste, s'arrache les cordes vocales pour un oui ou un non, et martyrise sa gibson pour lui faire admettre que des dissonances, c'est joli. Convaincant en plus.

 

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Ça alterne entre grosses séquences bien rythmées par une batterie très accentuée et passages un (tout petit) peu plus calmes, où les ambiances sont approfondies. Le son de basse est dense, pour le moins, bien cradé par une distortion qui préserve tout de même les notes jouées. En fait tout est dense, le travail du son est un souci majeur de Ken : Mode "pas de répit". A tel point qu'on pouvait se demander si les murs d'amplis Orange étaient vraiment repiqués (surtout pendant les parties de basse-batterie, le son semblait être uniquement le fait du stack).

On pourrait peut-être reprocher au chanteur d'en faire un peu trop dans le registre "je suis un vrai dur" : se passer le pouce sous la gorge, c'est bon pour Ozzy, quoi. D'autant plus que les lumières blanches, les barbus tatoués tout de noir vêtus et le son énorme donnaient un côté assez majestueux et impressionnant comme ça.

On pouvait croiser les Satanic Cannibals, les Gang69 et Seb " What's up" RCV à la pause, et discuter un coup ou le boire en attendant Circle Takes the Square. Le groupe joue du post harcoro-indie rocko-electro ambianto-black metal. Avec une fille à la basse. Et des samples gérés par le batteur, de temps en temps. Les quelques fans dans la salle de plus en plus remplie semblent apprécier, pour les autres la découverte se fait dans la perplexité d'abord, puis dans un certain respect poli. En même temps la musique du groupe change trop vite de tempo/rythme/ambiance pour se mettre dedans sans la connaître.

 

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Tout est très bien joué, les parties solo dissonantes du guitariste semblent naturelles, le batteur assume les break de folie, les blast beat, les parties presque jungle ou jazz comme les simples pattern rock de base. L'aspect technique le plus intéressant est le chant, même si ça fait bizarre de passer d'Agnostic Front à Mayhem ou Joy Division dans un même morceau de dix minutes. Les questions réponses entre la bassiste et le gratteux (plus parfois le batteur) donnent des résultats très convaincants, inattendus voire vraiment jouissif. Les musiciens ont l'air humbles, ce qui compte-tenu de leur niveau est plaisant. Un bon groupe, un peu mélancolique, mais un bon groupe.

Kylesa monte enfin sur scène, et pour eux, malgré la fin de tournée, le dimanche et l'heure des poules, un concert se doit d'avoir de la gueule. Deux batteurs dans le fond, dont un sans grosse caisse, le bassiste au milieu, guitariste-chanteur à droite et Laura Pleasants à gauche. L'Aéro vous vendait Kylesa comme le groupe de chanteuse. Bon, on voit ce qu'ils voulaient dire, tant c'est réjouissant de la voir headbanger, balancer ses plans en tapping et crier à en faire rougir un coreux propre sur lui. Mais c'est toute la puissance de frappe d'un groupe qu'on se mange en pleine tête. Là encore, primauté est offerte au gros, gros son qui ramone tes tympans. Ça vouvoie le hardcore et le stoner allègrement, ça tire vers le métal "moderne" parfois (genre Deftones mais en bien - je vais encore me faire engueuler pour ça...), mais même leur côté "pop", là encore gros guillemets, est contre-balancé par leurs énormes sonorités bien organiques.

 

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Visuellement le show est assez impressionnant, tout le monde est plutôt statique, sauf le bassiste, encore un gros barbu, qui bouge comme un dogue tendu vers un objectif : grand coup de tête nerveux dans le vide. Et comme il est au milieu, mais qu'il ne chante pas, ça circule assez bien visuellement. Le groupe enchaîne les morceaux, avec parfois des intros au theremin jouées par le guitariste (histoire de, parce que c'était franchement pas primordial), et quelques nappes de synthé envoyées par le second batteur. Comme les deux premières parties, tout le monde est chez Orange pour les amplis, Gibson les guitares et Fender les basses. Encore un parfait exemple que le matos ne fait pas le musicien (quoique les trois groupes jouaient parfaitement ce soir là) : Kylesa ne sonnait pas du tout comme Ken Mode ou CTTS.

Vu que même le son de L'Aéro était presque de la partie tout du long, dommage que le show ait eu lieu un dimanche soir aussi tôt - et pour ma part après un Shak'eu'dins fest particulièrement mémorable, car l'ambiance générale était un peu empruntée. Ça aurait mérité un samedi soir.

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