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Mulatu Astatke + Imperial Tiger Orchestra au Grand Mix

Le Tourcoing Jazz Festival, qui se déroulera du 15 au 29 octobre, n'a pas encore débuté que des effluves Jazzy émanent déjà du Grand Mix en ce soir du 30 septembre 2011.

Avec le retour, un peu plus d'un an après son premier passage dans cette même salle, de Mulatu Astake. Un survivant. Un musicien tombé dans l'oubli. Que le public a redécouvert grâce au cinéaste Jim Jarmush qui, pour la bande originale de son film 'Broken Flowers', a exhumé de vieux standards du musicien d'origine Ethiopienne. Mais aussi grâce au projet 'Inspiration Information' initié par le label Strut Records, rassemblant sur un même disque un artiste contemporain et une de ses principales influences musicales et qui a permis à Mulatu Astake de collaborer avec le groupe britannique The Heliocentrics pour un disque sorti en 2009 ayant connu un fort succès critique et public (prix du meilleur album aux Trophées Caribéens, par exemple).

Un succès qui ne dément pas. Le Grand Mix fait pratiquement salle comble. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser d'un concert de Jazz, le public est loin de n'être composé que de « vieux » mélomanes au look d'enseignants célibataires. Point d'odeur de naphtaline. Ou de ronds de cuir cousus sur les coudes d'une veste en Tweed. Bien au contraire. L'Ethio-Jazz, mélange de Jazz contemporain et de musiques traditionnelles éthiopiennes, du percussionniste, par son sens du groove et du métissage, a su séduire la jeune génération.

Avant l'arrivée du maître, petit détour par la Suisse. Et cela sans qu'aucun décalage horaire ou écart de température ne se fassent ressentir. Car les musiciens du Imperial Tiger Orchestra, projet initié par le Genevois Raphaël Anker en 2007, s'inscrit parfaitement dans la mouvance initiée par le chef d'orchestre de la soirée dans les années 60.

En faussaires de génie, le groupe, qui vient de sortir son premier album ('Mercato'), n'hésite pas à se réapproprier tout un pan de la musique Ethiopienne, qu'elle soit traditionnelle ou contemporaine. Et la copie est aussi belle que le modèle. La section de cuivres rugissante (trompette et saxophone) ainsi que la section rythmique (batterie/percussions/claviers aux sonorités Vintage/basse) rendent justice à la beauté et à la chaleur des compositions originales. Le sextet livre un set impérial, riche d'une transe hypnotique, qui ne peut laisser indifférent le public. Particulièrement quand il est rejoint sur scène par la lumineuse chanteuse Bethelemen Dagnachew, elle-même d'origine Ethiopienne, qui, de sa voix chaude, fait monter la température dans la salle. Une bien belle découverte.

Arrivée du maestro. Venu, cette fois-ci, défendre un nouvel album, 'Mulatu Steps Ahead'. On reconnaît derrière lui certains musiciens de The Heliocentrics: le saxophoniste James Arben ou le violoncelliste Danny Keane. Mais ce soir, pas d'installation vidéo ou d'arrangements Electro comme ce fut le cas l'année dernière. Mulatu Astatke revient aux sonorités originelles. Revisite ses standards. Comme le morceau 'Yekermo Sew', présent sur la bande originale de 'Broken Flowers', joué en début de concert. Une façon de montrer sa gratitude au destin qui l'a fait revenir sur le devant de la scène.

Pourtant, les compositions du percussionniste, jouant principalement du vibraphone, font résolument toujours preuve d'une grande modernité. Modernes car hors du temps. Hors de tout contexte géographique. Bien que profondément ancrées dans la culture de son pays natal, les compositions de Mulatu Astatke, en effet, n'hésitent pas à emprunter des chemins de traverse. A naviguer entre Afro-Beat, Funk, Free Jazz, rythmes Latins ou Orientaux. Une musique insaisissable. Mais dont la puissance, la beauté, le mysticisme vous saisit. Et vous fait perdre les sens.

La musique de Mulatu ne s'explique pas. Elle se vit. Elle se ressent. Elle parle à l'âme. Comme la foi. Celle d'un homme qui, après avoir traversé le désert, croit de nouveau en lui. Et fait preuve de générosité pour remercier la vie.

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