De Jean Genet, mise en scène d’Arthur Nauzyciel
Cette représentation est l’occasion pour le spectateur de découvrir en première partie le film de Genet Un chant d’Automne, film polémique longtemps censuré au cinéma. Il plonge immédiatement le spectateur dans l’ambiance du monde carcéral, si cher à Genet. Policier, prisonnier, maton, bandit, les frontières sont minces face au désir…
Surprise lorsqu’à la fin de la projection l’écran se relève et que la représentation théâtrale commence, Genet est joué en anglais. On se croirait dans un film de gangsters américains. Mais les criminels sont sublimés, objets de désir, de fantasme. Ils viennent de kidnapper et de tuer une jeune Américaine, ils sont réfugiés dans un des étages de l’hôtel Splendid’s, cernés par la police. Que faire ? Aucune échappatoire pour eux.
Un policier vient de les rejoindre, il a quitté les rangs de la police pour devenir bandit et goûter à cette vie dangereuse dont il a tant rêvée. Mais l’univers qu’il découvre n’est pas celui qu’il croyait, les bandits ne sont pas la hauteur de ce qu’il espérait…
La mise en scène est troublante, les corps se déplacent lentement, comme pour un ballet, mais un ballet viril. Huit portes d’un couloir de l’hôtel permettent aux huit acteurs d’entrer et de sortir de manière très chorégraphiée. Pourtant, si la langue apporte une ambiance à la représentation, elle nous éloigne du texte de Genet et à sa réflexion sur la frontière entre le criminel et le policier. Attaché aux panneaux de traduction, le spectateur n’a pas toujours le temps de mesurer la force du texte de l’auteur.
A voir au Théâtre du Nord, du 8 au 11 avril 2015
