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Rire en Or à la Salle Watremez [Jour 1]

Pas de retard à Rire en’Or ! Le rire n’attend pas.

Vincent Lemaire, l’un des deux finalistes du Tremplin Rire en'Or [voir l'actu], ouvre le bal – comique. Deux ballons roses aux pieds, un long drap rose pour le corps et voilà un… sexe qui nous parle. De quoi ? De sa vie, de son Dieu etc. Les jeux de mots bien trouvés amusent, tout comme la mise en scène. Et forcément, quand il y a un sexe dans les parages, l’ado précoce n’est pas loin ; Vincent Lemaire finit donc par arroser (d’eau) le public après n’avoir pu retenir cette jouissance soudaine. Dans le deuxième sketch, c’est à un ouvrier d’usine qu’on a affaire. Presque sorti des Temps Modernes de Chaplin, cet ouvrier se divertit en s’imaginant une vie plus palpitante. De James Bond à Mac Gyver en passant par Dallas, Vincent Lemaire mime avec brio des personnages emblématiques issus du petit et du grand écran. Applaudissements nourris, un grand merci et puis s’en va !

Petit cafouillage. On annonce un rockeur, mais c’est l’emPIAFée que voilà ! Et dans « empiafée », il y a Piaf. La grande Edith. Pourtant, malgré l’arrivée sur scène du pianiste, pas de frêle petite silhouette brune à l’horizon. Il est vrai que pour voir Piaf de nos jours, ce n’est pas sur scène qu’il faut chercher ; plutôt au cimetière du Père-Lachaise de Paris. Et alors qu’on se fait cette réflexion, voilà que déboule dans la salle une femme vêtue d’un ciré et d’un casque de scooter jaunes. Sur son dos, il est écrit "SOS chanteuse". « Attendez, attendez ! … Bon, c’est ici qu’on a appelé SOS chanteuse ? ». Le pianiste, ahuri, découvre que Piaf ne viendra pas, et que c’est Christelle, cette drôle de blondinette excentrique, qui va se charger de la voix. Mais Christelle aime chanter Piaf à sa sauce ; c’est-à-dire rythmé par le disco de Claude François (version Le Lundi au Soleil), crooné sur du blues, rappé par une caricature de Diam’s ou encore jammé par un pote de Bob Marley.
Christelle nous parle aussi de sa vie, son « mec » qui la quitte, les problèmes qu’elle rencontre dans son petit boulot, les hommes… Le tout pris sur le ton de la sincérité, mais toujours tourné de manière très drôle. C’est ainsi que pour parler du mauvais goût vestimentaire des hommes (« si un homme est bien fringué, c’est qu’il est gay »), elle invite sur scène Jacques du public. Même si on rie de son pull rouge et de ses chaussettes, tout le monde compatit à la - gentille - torture que lui fait subir l’emPIAFée.
Christelle s’en prend ensuite au pianiste, Jean-Louis, et à sa queue de pie. Et alors que l’emPIAFée est partie se changer, le petit bonhomme revient avec un T-shirt du Losc et met le public dans sa poche en interprétant un chant de supporter au piano : « Si t’es fier d’être Lillois tape dans tes mains !... » Et le public suit. Jusqu’à ce que l’emPIAFée revienne sur scène et remette les choses en ordre. Elle invite un deuxième homme du public, Jean-Michel. Le pauvre est tout intimidé, et repart même de la scène dès que Christelle a le dos tourné ! Tout le public éclate de rire. En femme de caractère qu’elle est, Christelle retourne le chercher et l’installe au djembé en ayant un petit geste déplacé vers son entrejambes qui offusque et fait rire Jean-Michel. Et lorsque la version rap de La Foule débute et que celui-ci s’anime sur son djembé qu’on comprend qu’en fait, Jean-Michel (qui s’appelle en réalité Raphaël) fait partie du spectacle et que c’est le public qui a été berné ! Après un petit reggae, la troupe salue chaleureusement le public qui l’applaudit. On ne peut dire pas ce que valait Piaf sur scène, mais l’emPIAFée, elle, assure.

Après que le président de Cara Boss ait présenté au public (dont une moitié est partie aux toilettes ou à la buvette…) le Tremplin Rire en’Or, c’est au tour de Thomas VDB de faire son entrée sur scène. Ce fan de rock enjoué se moque un peu du rock, mais surtout de ce qui n’est pas rock. Et malgré son dynamisme, Thomas VDB a vite compris que la salle ne lui était pas acquise. Dommage. Le public, en majeur partie composé de cinquantenaires et plus, aura perdu environ un tiers de ses membres à la fin du spectacle.
Pourtant, il n’est pas nécessaire d’être spécialiste de rock pour apprécier ce stand-up où on découvre que le chanteur de Scorpions a les pieds qui puent (si vous écoutez attentivement Still Loving You - avec une oreille française -, vous comprendrez) ou encore que Ray Charles a un problème avec ses testicules et qu’il en parle clairement dans une de ses chansons (What'd I Say). On rigole aussi sur les étranges frasques du rock, de Philippe Manœuvre, du grand Philippe Labro et ces interviews « pourquoi ? ».
Surtout, Thomas VDB nous explique « ce qui n’est pas rock ». Autrement dit, le champ est large : le jazz, Johnny Hallyday, Sinclair, la chanson rock (Cali, Miossec « qui a le tempérament bien trempé – dans la vinasse -, ce qui est assez surprenant avec un nom pareil »)… tous ont été rangés sur la droite de la scène avec des monopolys, des crayons de couleur, de la pâte à modeler et autres jouets enfantins. Glorius aussi, le premier (et sûrement le seul) groupe rock catho, dont on se moque avec un grand sourire.
Mais Thomas nous raconte aussi son parcours : comment il a décroché son premier job de rédacteur grâce à une question incongrue sur un obscur groupe de rock ; les blagues qu’il faisait à son rédac chef de Rocksound ; les interviews très préparées, et celles qui le sont moins.
Avec ce spectacle bien rôdé, Thomas VDB aurait pu rendre la salle hilare. Mais une grosse partie du public n’a pas suivi. Il faut reconnaître au public que le spectacle fut long, et à Thomas sa grande capacité d’improvisation : n’importe qui se serait découragé face à ce public stoïque où seulement neuf personnes applaudissent franchement. Mais lui s’en joue, le sourire aux lèvres, mimant une prise de notes : « Bon, donc le journaliste Tintin et Milou à enlever, cette vanne-là aussi » etc. Beaucoup d’autodérision qui montre l’humilité du monsieur. Les "fans" apprécieront. Et rien que pour ça, Thomas VDB a bien mérité l’ovation que le public (enfin, ce qu’il en reste) lui a faite. Dans le public, Jacques était encore là. « Pourquoi ? ».

 

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> Site web de l'emPIAFée
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