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Wax Tailor + Kognitif à l’Aéronef

C'est un peu en enfant de la région que l'on reçoit désormais Wax Tailor. Au fil de sa carrière, le tailleur de cire a en effet su tisser des liens très intimes avec la ville de Lille. De par une collaboration, vieille de plus de 10 ans, avec la structure lilloise A Gauche De La Lune. Le projet Phonovisions, mené en 2014, avec le Conservatoire de Lille et la chef d'orchestre Lucie Legay dont la captation live fut enregistrée au Théâtre Sébastopol. Et une résidence à L'Aéronef, fin octobre, pour roder les aspects techniques de sa nouvelle tournée. Donnant à cette soirée, qui affiche sold-out, une dimension bien particulière. Celle d'un joli retour à l'envoyeur.

Tout sourire, casquette vissée sur le crâne, Kognitif a la lourde charge de faire patienter les fans du Wax. Mission réussie. Le beatmaker d'origine poitevine démontre derrière ses platines un réel savoir-faire. Samples Soul et Funky, touches Dub et Drum N'Bass, envolées Blues et Jazz, triturages Hip Hop, son mix à la fois savant et enjoué fait indéniablement monter la température dans la salle. Une bien belle carte de visite incitant à consulter la page Bandcamp du turntablist pour y découvrir son dernier album, Soul Food, disponible en Name your price.

Soyons honnête. La dernière venue de Wax Tailor à l'Aéronef fut décevante. La faute à un spectacle sans âme et sans surprise où l'artiste semblait, comme ses vinyles, tourner en rond. Prisonnier d'un show millimétré et d'une formule usée jusqu'à la corde. Une sensation, heureusement, assez vite balayée ce soir. Car, si comme d'habitude rien n'est laissé au hasard, tant au niveau du déroulement du set que du choix extrêmement réfléchi des vidéos et des jeux de lumières, la mise en live du dernier album, By Any Beats Necessary, révèle une approche de la scène qui a su se renouveler. Procédant à la fois par addition et soustraction.

Ainsi si les chanteuses Charlotte Savary et Idil font de nouveau partie de l'aventure, tout comme MC Mattic, le duo Hip Hop A State Of Mind fait aujourd'hui partie du passé. Une absence équilibrée par l'arrivée du rappeur américain Rashaan Ahmad. Et aux côtés des fidèles Matthieu Detton (violoncelle et guitare), Marine Thibault (flûte) et Benjamin Bouton (guitare), un petit nouveau, lillois de surcroît, le batteur Yann Chapoutier.

La présence d'une batterie, une première chez Wax Tailor, n'est pas anecdotique. En débridant les morceaux, elle apporte une énergie plus brute que sur les tournées précédentes. Le son se montre désormais plus organique. Les guitares sont mises en avant. Développent des sonorités vintage qui siéent parfaitement aux compositions du dernier album où prédominent le Blues et la Soul.

En dépoussiérant une scénographie que l'on croyait désormais balisée, Wax Tailor réveille l'intérêt qu'on pouvait lui porter sur scène. Rend de nouveau jouissif ses anciens gimmicks. Sa manière bien à lui d'orchestrer, derrière ses machines, les entrées et les sorties de ses différents chanteurs. De créer, par d'habiles tours de passe-passe, du lien entre différents spectres musicaux. Et de jouer sur les antagonismes de ses collaborateurs pour offrir un patchwork cohérent où l'on passe, avec un naturel déconcertant, d'un Trip Hop vaporeux porté par des voix féminines de toute beauté à une ambiance Hip Hop beaucoup plus festive.

Ce soir, le Wax a su raviver la flamme. Prouvant qu'en amour, il suffit par moment d'une nouvelle tenue pour relancer le désir.

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