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Tame Impala + My Bee’s Garden au Grand Mix

Le concert débute en douceur au Grand Mix ce soir. Si les Tame Impala étaient accompagnés par les très doués Yeti Lane lors de leur premier concert en France, le 26 août 2010, c'est au tour d'un autre groupe français, My Bee's Garden, d'ouvrir le bal psychédélique. Dans une ambiance peu psyché pour le coup, puisqu'ils jouent de la pop acidulée. Deux voix féminines pour un ensemble éthéré. Point de grain de folie ici, des membres un peu tendus mais de la bonne volonté et du bon goût, comme l'atteste cette reprise de Only Shallow de My Bloody Valentine. On pense à la pop d'Au Revoir Simone, mais également à Blonde Redhead. Seuls véritables défauts : une distance avec le public probablement due au stress et un manque de variété assumé, position shoegaze oblige.

Viennent ensuite les attendus Tame Impala. Si le concert affichait complet au Nouveau Casino en août, et le surlendemain à la Maroquinerie, il ne l'est pas dans ce Grand Mix juste peuplé ce qu'il faut pour que personne n'étouffe. De quoi prendre une bonne bouffée psyché et s'échapper dans d'autres contrées. Car on voyage avec les Australiens, qui maîtrisent l'art de la boucle à la perfection. Tame Impala a été batti sur les cendres de Dee Dee Dums, groupe blues psyché ayant relativement peu dépassé les frontières. Se présentant à présent sous un pseudonyme évoquant une antilope de leur pays d'origine, le nouveau line-up se consacre complètement au psychédélique. C'est ainsi qu'en 2008 ils sortent un premier EP chez Modular, où les influences sentent bon. Même trop puisqu'à travers les quelques titres on sniffe du Wyatt et s'injecte du Cream en double dose. Et, alors qu'on les avait presque oubliés, Tame Impala revient en 2010 avec Innerspeaker, album complexe travaillé avec Dave Frimann. Précisons que le bonhomme a bossé avec Mercury Rev ou Mogwai et vous verrez où je veux en venir.

Tellement malin, les gusses, qu'après une tournée avec Black Keys, ils ont trouvé moyen de se faire repérer par MGMT, faire leur première partie en juin 2010, et devenir en un rien de temps la coqueluche du tout-Londres. Et de mener la danse pour un concert très people où se croisèrent Noel Gallagher ou VV des Kills dans la capitale britannique. Et pourtant, loin du genre grande gueule, ils apparaissent gentils et timides, bien loin du bling bling de MGMT, bien loin aussi de l'image classique du surfeur australien bodybuildé. Un petit geste : "bonsoir". So cute. Si leur passage dans une Maroquinerie bondée se révélera un bon moment, au Grand Mix c'est tout simplement l'extase. Le groupe n'est pas très loquace, comme à son habitude ou plutôt il a ses propres codes : il parle en loops hypnotiques. Mais le peu que le leader Kevin Parker exprime est empreint d'une telle douceur qu'on ne peut que l'écouter avec bienveillance. Et le chanteur de confier que c'est la première fois qu'ils jouent dans une salle aussi grande. On sourit. Bientôt ils en auront de plus grandes - très certainement -, en attendant on profite de cette proximité, afin d'observer chaque effet, chaque mouvement de pied nu sur les pédales. Le groupe fonctionne très bien, même s'il peine à s'accomoder d'une scène où l'espace vide existe. Encore peu de communication, y compris entre eux, mais une maîtrise proprement hallucinante du son. Appuyés en live par un bassiste, Nick Allbrook, les Tame Impala prouvent en deux coups de cuillère à pot qu'ils constituent une relève sérieuse du son psyché moderne, à la manière de leurs cousins américains Black Rebel Motocycle Club dans leurs moments pop.

Disons-le clairement : si Innerspeaker est une tuerie, le rendu live le dépasse très largement. Les Tame Impala jouent d'abord leurs singles. S'enchaînent ainsi It Is Not Meant To Be et Alter Ego. Le quota racoleur expédié, comme pour se rassurer, les membres semblent plus libres de passer aux choses sérieuses. Ainsi, loin de se contenter de reproduire leurs morceaux, les Tame Impala se la jouent Grateful Dead, nous gratifiant de longues plages rock, profitant par exemple de l'excellent instrumental Jeremy's Storm pour l'étendre, comme à l'infini. Et si le jeune bassiste gratte le même instrument que McCartney, ce n'est pas l'influence qu'on retiendra le plus, même si on a vaguement pensé à Revolver au démarrage. La voix, celle de Kevin Parker, se rapproche beaucoup plus des Beatles, et on ne peut éviter la comparaison avec Lennon. Une voix mystérieuse, volontairement cotoneuse, perdue dans les cimes d'un son qui s'envole, à l'image de Expectation, ou de Why Won't You Make Up Your Mind. Le rappel intégré au set s'étend, commençant gentiment par le single Solitude Is Bliss mine de rien pour s'enfoncer dans Skeleton Tiger. Et d'achever tout le monde sur une version absolument impeccable de Half Full Glass Of Wine. Ca rappelle toujours Cream, mais ça fleure surtout les vacances, les arbres, les accacias, la mer, les antilopes même, tout ce que vous voudrez d'agréable. Ca se consomme la nuit, sans faim et sans modération.

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