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Orlando Furioso de Vivaldi au Théâtre Municipal Raymond Devos de Tourcoing

Sur la scène, un ensemble de tableaux, au sens propre : le choix a été fait d'utiliser des décors peints comme il était courant y compris encore à l'Opéra de Paris dans les années 70. En l'occurrence, ce sont ceux du TNT, le Théâtre National Populaire de Villeurbane qui possède entre autres son atelier de construction de décors, ceux-ci ayant été conçus par Thibaut Welchlin et adaptés pour Tourcoing par Fanny Gamet. Puisqu'on parle technique, les costumes ont été inspirés par ceux du TNT et créés par Emily Cauwet Lafont : ils sont très réussis, spécifiquement la tenue d'Alcina. Alcina apparaît rapidement, interprétée par Clémence Tilquin, qui joue particulièrement bien. L'histoire est inspirée par celle du Roland furieux, le livret de Grazio Braccioli étant dérivé de la poésie de l'Arioste. Si Orlando est furieux, c'est qu'il est jaloux. Tandis qu'Alcina se fait son sérail personnel en emprisonnant des chevaliers naïfs, l'histoire suit la progression d'Angelica, qui fomente avec le guerrier Medoro dont elle est amoureuse. Orlando est également amoureux d'elle, celle-ci n'étant pas exactement honnête et pensant qu'elle peut le faire tomber dans un piège. Orlando découvre la vérité et devient furieux. Pendant ce temps, Ruggiero oublie Bradamante à cause d'Alcina et celle-ci devient la cible justifiée de plusieurs protagonistes.

En résulte une action bouillonnante pour l'un des opéras les plus aboutis de Vivaldi, où le mythe croise le rêve sentimental et se mêle à l'épique. Comme le veut la tradition, ce qui était valable dès la première représentation au Théâtre Sant’Angelo de Venise en 1727, Orlando est joué par une actrice - ici Amaya Dominguez, qui a impressionné une bonne partie du public - et Bradamante est jouée par un homme - ici le très fin Yann Rolland - et on doit souligner encore une fois la grandeur de l'interprétation dans ce théâtre à la programmation vraiment étonnante de qualité, les choeurs de l’Atelier Lyrique de Tourcoing et La Grande Écurie et la Chambre du Roy, dirigée par le très bon Jean-Claude Malgoire apportant leur expertise. L'ensemble est fiévreux et prenant et on ne s'ennuie pas, l'énergie insufflée par cet opéra étant plus que vivifiante. Le bon triomphe à la fin, les moins bons se repentissent et la scène se clôt sur une scène douce. Cette mosaïque était belle, Tourcoing.

Illustration : Nicolò dell’ Abate, Alcina riceve Ruggero nel suo castello (Alcina rencontre Ruggiero dans son château), ca. 1550, palais Torfanini à Bologne.

 

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