Mauro & The Grooms + Mauro Pawlowski et Nieuw Zwart Trio à De Kreun

Welcome To The Mauro World ! Bienvenue dans le monde de Mauro Pawlowski, chanteur-guitariste belge hyperactif, ancien leader de feu Evil Superstar et membre du groupe Deus depuis 2005. Un monde multi-dimensionnel et complètement frappadingue. Mais on ne peut pas en attendre moins d'un énergumène qui aime livrer des prestations avant-gardistes grimé en suceur de sang du nom de Somnambula. C'est donc le plus naturellement du monde que Mauro Pawlowski vampirise complètement cette soirée se déroulant au De Kreun, chouette petite salle située à Courtrai, avec pas moins de trois projets musicaux. Des prestations qui feront souffler à la fois le chaud et le froid, rappelant ainsi les origines polonaises et italiennes de l'artiste.

C'est avec le projet Nieuw Zwart Trio que le brun ténébreux ouvre les portes de son univers particulier. Un projet musical qui a de quoi décontenancer les fans des mélodies ciselées et mélancoliques du groupe Deus (beaucoup moins intéressant depuis le départ du génial Stef Kamil Carlens, parti fonder les non moins géniaux Zita Swoon). On sent que Mauro Pawlowski, accompagné de Jeroen Stevens à la batterie et de Elkow Blijweert (plus « facile » à écrire qu'à prononcer) à la guitare, prend un malin plaisir à livrer une musique malsaine et difficilement accessible et définissable, capable de poser des problèmes de vocabulaire aux critiques les plus érudits. Allez, jetons-nous à l'eau et disons que ces chuintements bruitistes, ces nappes atmosphériques, ce chaos mélodique, ces quelques lignes de chant susurrées ou psalmodiées peuvent être assimilés à du Post-Rock ou du Math-Rock, mais sans le côté ennuyeux et intellectualisant de tous ces groupes qui suivent Mogwai ou Battles, les fers de lance de ces mouvements musicaux. Le set d'une demi-heure passe très vite, ce qui est plutôt surprenant. On regrette juste l'absence d'un support visuel susceptible de faire pénétrer plus facilement l'auditoire dans l'ambiance des morceaux.

Dans l'indifférence générale, le temps que l'on amène sur scène de nouveaux instruments et du nouveau matos, Mauro, qui se comporte comme s'il était en répet' ou tapait le boeuf avec des amis, ignorant l'agitation de la salle bien remplie autour de lui, s'amuse à bidouiller des sons sans queue ni tête sur un ordinateur portable. Ce mec est fou et s'en fout...

Deuxième projet de la soirée. Mauro Pawlowski en solitaire. Seul mais avec ses musiciens. Fume, c'est du belge! Et là encore, aucune concession de faite aux conventions commerciales. Et les mots qui manquent, de nouveau... Ce gars est un cauchemar pour les critiques! Si le format des morceaux est plus classique et en fait presque des chansons « normales », on est encore déboussolés. Il faut créer des néologismes, tenter des rapprochements hasardeux... Disco Mutante, Disco Industrielle, Noise pour Dance-Floor... Du Soulwax joué avec des instruments rouillés... Saturday Night Fever jouée par des satanistes... On pense à des productions DFA (le label indépendant créé par James Murphy, leader de LCD Soundsystem) à qui on n'aurait pas appris la politesse et les codes de la bienséance... Derrière sa belle gueule, son impeccable coiffure et son look de gendre idéal, on devine chez Mauro un océan de perversité. Le diable en habits du dimanche, en quelque sorte.

La messe noire se clôture avec Mauro And The Grooms. Des domestiques aux services du Mal. Des esprits corrompus (« Corruption », « Terrorist Flower ») qui nous emmènent aux fins fonds de l'enfer (« Driving To The Fire »), le monde réel ne se montrant pas plus accueillant (« Black Europa », « Fear Life »). Les constructions des chansons empruntent au Blues, mais un blues pétrolé, proche des perversions du Black Box Revelation (belges eux aussi) avec un son lourd, métal, voire indus. Proche du Soundgarden période Superunknown (on devine que Mauro Pawlowski a été traumatisé par le morceau « 4th Of July ») ou de Marilyn Manson. Un Marilyn Manson sans les artifices et l'aspect grand-guignolesque. Mauro chante comme si le diable l'habitait, plein de hargne, la voix chargée du désespoir de ceux qui ont tellement aimé le monde qu'ils en sont venus à le haïr pour ce qu'il n'est pas. Après le rappel, le terrifiant "I'm Somnambula". Un ange passe. Mais il est déchu.

Tout au long de la soirée, Mauro Pawlowski nous aura donc plongés dans son monde particulier, un monde troublant où derrière les ténèbres se cache une certaine idée de la beauté: la beauté du Diable. 

>> Cf la vidéo live 4x4 music de ce concertwww.4x4music.eu/playlists/watch/mauro-grooms-nieuw-zwart-trio-pawlowksi 
 

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