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Marilyn Manson & EsOterica au Zénith

Il ne fallait pas se rater ce soir. Des deux côtés.
Le photographe n’avait droit qu’à un seul morceau pour shooter. Crucifiction In Space, une galère monumentale. Un nuage de fumée, une seule source lumineuse. Pari manqué.
Sur scène, Marilyn Manson devait faire oublier les commentaires désobligeants de certains récents concerts et composer avec son départ d’Interscope. Pari réussi.

Le Zénith n’affiche pas complet. Malaise, alors que EsOterica foule les planches. Efficace, souvent mélodieux. Evidemment, la bassiste fait son petit effet sur la gente masculine. Ses poses façon Samara (The Ring) impressionnent. Tobias Keast, le chanteur, pieds nus, éructe et prend un plaisir manifeste sur scène. Le groupe chauffe la salle avec conviction. Mais le plus grand mérite du groupe reste d’avoir su faire rappliquer devant lui, les metalleux (sic) planqués au bar. Rien que pour ça, chapeau !

Le grand rideau, un classique chez Manson, est tendu. La fosse est bien compacte, les gradins plus épars. On dit le vieux bougre en fin de parcours, et on a parfois tendance à y croire. On se souvient principalement d’un Bercy désastreux sur la tournée Golden Age…Mais ce soir, Marilyn Manson sera maître et proposera un condensé de ce qu’il sait faire le mieux : jeter à la face du monde un concert enragé. Comme il fait bon le revoir en pleine possession de ses moyens.
Crucifiction In Space donc. Une veste toujours aussi sympathique (Hell etc). Des effets laser au bout des doigts. Une fumée envahissante. Twiggy est invisible, perdu dans les nuages. Mais la montée en puissance dans cette atmosphère poisseuse, prend. On sent déjà le Révérend excité sur cette première à Lille. Disposable Teens fonctionne toujours, malgré son côté ultra pop. Pretty As A Swastika revient à quelque chose de plus agressif, rappelant le côté brut d’Antichrist Superstar. Cet éminent album, aujourd’hui encore salué, ne sera pas –trop- oublié ce soir. Irresponsible Hate Anthem est lâché dans un fracas assourdissant, « lové » dans le drapeau français. Bestial. Le leader (seul à être clairement exposé sur scène) prend la guitare pour Dead To The World. Retour nostalgique sur la tournée du même nom. L’homme a vieilli, mais sait encore tenir une salle en haleine, sans forcer le trait de la provocation. C’est appréciable, il a parfois tendance à se mettre en pilote automatique. Ce soir, juste une paire de fesses. Et surtout un discours de prévention contre la drogue (à hurler de rire), bien vite ruiné par une chute grinçante. " I love drugs. Do drugs, kids!" ...Avant de s’enfiler quelques pilules et lancer The Dope Show.

Le show est souvent drôle, Manson communique beaucoup (assez rare pour le signaler) et reste ultra efficace. Quelques difficultés sur Rock N’ Roll Nigger (les passages rapides et hurlés), néanmoins. La voix rocailleuse (ou fatiguée) sur Coma White donne une autre dimension au titre. De même, Four Rusted Horses et son « everyone will come to my funeral, to make sure that I stay dead » résonnent différemment. A l’heure où le conflit avec Interscope a mené l’artiste à quitter la maison mère pour retrouver sa liberté, Manson déchire le morceau, comme si sa vie en dépendait. Il termine à genoux, sous la lumière blanche.

« Hold on to your dick, I got something for you ! » Une fin de set qui en met plein les oreilles. Rock Is Dead atomise la fosse, Sweet Dreams plonge l’assistance des années en arrière, et The Beautiful People reste une tuerie quelque soit l’époque où elle est jouée. Le titre qui déboîte l’épaule en fosse. Manson descend au contact, chope le portable d’un fan et hurle le refrain au bienheureux interlocuteur avant que serpentins et confettis ne mettent un terme au concert. Pas la peine d’espérer un rappel. Ce n’est pas le genre de la maison.

Noesis.
 

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