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Le Festival des Inrocks – Passion Pit, Florence & The Machine, Lissy Trullie, Two Door Cinema Club

Après une première journée mitigée à l'Aéronef, ce deuxième soir rassemble plus de curieux que ce que le programme laissait prévoir. Avec deux annulations (dont la très attendue La Roux) pour la même date, on est même assez surpris de voir tant de monde dès le premier groupe. Un combo de plus au patronyme improbable - Two Door Cinema Club - se dit-on, quand commence un set qui s'accroche fermement à l'héritage des Smiths (pour les mordus, c'est quelques jours plus tard, même lieu) et ne présage rien de follement passionnant. Les pauvres sont là en remplacement de La Roux, lourde tâche s'il en est, ont à peu près autant à voir avec elle qu'un lapin angora avec un bison, et on bâille d'avance devant un énième groupe de pop anglaise, aux membres certes Irlandais, fringués comme de parfaits clones de leurs congénères. Les apparences sont trompeuses, méfiez-vous du rejet primaire du slim bleu et de la mèche. C'est précisément là que la surprise arrive, sans qu'on ait tout à fait franchi la distance qui nous sépare du bar. Car loin d'être de petits popeux adolescents, les malins Two Door Cinema Club se révèlent beaucoup plus subtils que prévu, côté alternatif à la Friendly Fires plus que pop Sliimy si vous préférez. Si la voix n'est pas passionnante, leur electro dépote. Et si leurs singles rassembleurs ne constituent pas forcément leurs arguments les plus vendeurs, de belles perles se cachent sur leur futur premier album. L'accueil sera donc bon et leur candeur (qui passera avec l'âge de toute façon) leur confère une bonne humeur communicative qui fait sautiller jeunes et moins jeunes dans la fosse (le balcon n'est pas ouvert, c'est plein mais ça n'est pas Morrissey non plus).

C'est soirée roux/rousses ce soir puisqu'arrive sur scène la New Yorkaise Lissy Trullie, ex-mannequin de son état, ce qu'on oublie assez vite finalement pour se concentrer sur le folk punk de la demoiselle. Difficile d'entrer complètement dans son univers, une mèche blonde en guide de paravent comme pour nous séparer de ses complaintes qui la mettent déjà à nu. La démarche gracieuse, Lissy est l'incarnation même d'un New York à la fois passé et présent, entre clins d'oeil au punk new-yorkais et refrains accrocheurs.

Parenthèse douce avant l'explosion de la très attendue Florence And The Machine, au milieu d'un décor champêtre. Le public applaudit avant même que la rouquine n'ait esquissé un mouvement. Florence Welch est un personnage singulier. Elle présente son premier album mais on lui prêterait aisément une dizaine d'année de carrière tant la maîtrise de la scène est impressionnante. Difficile de croire que la demoiselle ait à peine dépassé la vingtaine. Entourée d'excellents musiciens, la voix part, magistrale, rappelant la maîtrise d'une Alison Goldfrapp (les tenues et mimiques rappelant la tournée Seventh Tree y sont peut-être aussi pour quelque chose). Jamais ne faillit même si Florence sort un peu de son personnage pour démarrer un dialogue avec le public, comme surprise de l'accueil certes triomphal (l'album n'est pas encore sorti en France). A chaque mot, en français ou en anglais son débordement de cris. Florence fait preuve d'une bonne maîtrise scénique, occupant l'espace, déjà malicieuse, ayant déjà compris les clés du partage avec son public. Sautillements, cris, on ferait tout pour elle, et elle en est la première surprise. Après une reprise de You Got The Love - peut-être le seul écueil musical et encore - et l'expression de sa reconnaissance, le tourbillon roux disparaît.

Ce ne sont peut-être tout à fait les mêmes qui vont s'agiter pour Passion Pit mais les Américains remportent un franc succès. Jouant une petite dizaine de leurs titres (de Eyes Candles à The Reeling, en passant par I've Got Your Number), les Passion Pit se révèlent aussi sympathiques que bricoleurs doués. Bémol sur le son, qui ne dépend pas d'eux mais qui constitue un véritable problème sur la voix encore plus que pour les groupes précédents. Certes ils ne sont pas les Kaiser Chiefs ou Archive et la programmation cette année nous laisse un peu sur notre faim, mais il est agréable de découvrir Chunk Of Change sur scène, à revoir dans de meilleures conditions de préférence.

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